« La faim
est la honte des hontes pour une société. » (E. BERGERAT.)
La faim est
un besoin de nourriture qui se manifeste généralement par l'envie
que l'on éprouve de manger ; c'est la misère et la privation de
nourriture qu'elle impose, la souffrance qui en résulte.
« Il n'y a
pas de nécessité plus impérieuse que la faim. » (HOMÈRE.)
Lorsque, par
des titillations dans la région de l'estomac, l'être éprouve le
besoin de manger, c'est-à-dire lorsqu'il a faim, il ressent un
certain charme que crée ce désir ; mais celui-ci peut devenir
bientôt douloureux, être plus ou moins aigu et occasionner, alors,
un affaiblissement général, lorsque ce besoin n'est pas satisfait à
temps ; dès que l'individu a ingéré quelques aliments, tout cesse
et redevient normal.
Ce sont les
tissus du corps devenus pauvres en matières nutritives qui
provoquent le système nerveux, qui, en éprouvant le contre-coup,
traduit généralement ce phénomène par une sensation que l'on a
appelée la faim.
La faim peut
varier d'intensité suivant l'âge, le sexe, le tempérament, le
climat, etc., etc...
L'on doit se
garder de confondre le mot faim avec celui d'appétit, qui semblent
l'un et l'autre désigner à première vue une même sensation qui
nous porte à manger.
La faim
semble indiquer un besoin que l'on éprouve, par suite, d'une longue
abstinence ou de toute autre cause, tandis que l'appétit semble être
plus en rapport avec le goût, le plaisir que l'on va éprouver en
songeant aux aliments qu'on se propose de prendre.
Ces deux
sensations qui paraissent se trouver réunies dans la plupart des cas
peuvent exister l'une sans l'autre.
La faim est
plus vorace ; l'appétit, plus patient et plus délicat.
La faim
indique donc un besoin physiologique plus ou moins urgent, tandis que
l'appétit reste Une impression périphérique sensuelle que provoque
ordinairement la vue, l'odorat ou parfois même le souvenir des mets
savoureux.
Certains
physiologistes attribuent la faim au froncement de l'estomac, à la
pression ou au frottement de sa tunique interne, à la lassitude de
ses fibres musculaires contractées durant de trop longues heures, à
la compression de ses nerfs, au tiraillement du diaphragme ou à
l'action des sucs gastriques sur les parois qui les contiennent.
Ce sont des
hypothèses ; rien n'a encore permis de conclure des lésions
multiples que revêtent les êtres qui meurent de faim, ou plutôt
d'inanition.
Généralement,
la faim se manifeste chez l'individu lorsque la perte de poids du
corps atteint 500 à 600 gr. environ, poids dans lequel il ne faut
pas comprendre l'urine et les excréments expulsés par les voies
naturelles.
Contrairement
à ce qu'on pourrait supposer, la faim n'est pas localisée au seul
organe : l'estomac ; c'est une sensation générale. C'est ainsi que
certains poisons du système nerveux (opium, nicotine, liqueurs)
peuvent la diminuer, de même que les infections ou les fièvres la
supprimer.
Dans
certains cas de diabète, par exemple, la faim peut devenir tout au
contraire exagérée (boulimie).
Deux ou
trois fois en vingt-quatre heures, la faim se fait sentir chez
l'adulte en bonne santé ; chez les enfants, les adolescents et les
convalescents, elle peut se montrer plus souvent ; chez les
vieillards et les individus sédentaires et surmenés, beaucoup
moins.
Certains
animaux qui absorbent des aliments peu réparateurs, tels les lapins,
mangent constamment.
Si, par
l'absorption de matières alimentaires, on peut calmer la faim, il ne
faut pas en conclure que le résultat cherché est obtenu, car on ne
fournit pas toujours aux tissus les aliments nutritifs nécessaires à
leur entretien et à leur réparation.
L'appareil
digestif des jeunes enfants, si délicat parfois, ne peut pas
toujours incorporer les aliments que nous leur donnons ; le résultat
que nous désirons n'est donc pas atteint ; de même que les
individus qui souffrent de faim chronique, tout en absorbant tout ce
qu'ils trouvent, finissent cependant par mourir quand même.
Ces
phénomènes, dits fréquemment d'inanition, se déroulent plus ou
moins rapidement. Lorsque la faim est poussée à l'extrême, elle
amène parfois la mort ; prolongée longuement, elle ralentit la
respiration, la circulation, et occasionne des dérangements parfois
très graves des facultés intellectuelles.
Quant aux
perversions de la faim, bien distinctes des perversions de l'appétit,
elles rendent les sensations douloureuses, déterminent un trouble
cérébral profond qu'on dénomme faim angoissante ou phobique.
Sous le nom
de faim canine on désigne les diverses altérations maladives de la
faim : polyphagie, boulimie, cynorexie, anorexie, dysorexie, qui, le
plus souvent, sont liées à des affections nerveuses des organes
digestifs.
On n'arrête
pas le murmure
Du peuple
quand il dit : j'ai faim.
Car c'est le
cri de la nature :
Il faut du
pain !
P. DUPONT
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