On désigne
sous ce terme l'extérieur d'un édifice vu sous l'un de ses quatre
aspects : la façade du nord, la façade du midi, etc. On dit aussi,
pour désigner une façade : façade sur la rue, façade sur la cour
; façade de la salle des fêtes, façade des bureaux, des écuries,
et ainsi de suite. ― Employé seul, le mot façade désigne surtout
la façade principale, celle qui sert de frontispice à l'édifice et
sur laquelle s'ouvre l'entrée d'honneur. ― Les façades empruntent
encore leur désignation aux motifs d'architecture. Ainsi, on
distingue : la façade ionique, la façade corinthienne, etc...
Quand on
bâtît un édifice, on a soin, habituellement, de faire la façade
principale aussi belle que possible. Cette façade joue, donc, entre
autres, un rôle décoratif, avec ses socles, balcons, marquises et
autres ornements appelés à charmer l'œil.
Naturellement,
les pièces, les objets et les choses les plus laides et répugnantes
peuvent se trouver ou se passer derrière la plus belle des façades.
C'est pour
cette raison qu'au sens figuré « façade » signifie l'extérieur
attrayant, l'apparence belle et charmante d'une chose dont
l'intérieur est, au contraire, vilain, et dont la façade n'est, par
conséquent, qu'un trompe-l'œil.
Quand il
s'agit d'un édifice, chacun comprend qu'il serait naïf de se fier à
la façade, de ne supposer que de belles choses derrière une belle
apparence. Mais lorsqu'Il s'agit des choses de la vie, les naïfs ne
manquent pas qui croient qu'un paradis doit se trouver nécessairement
derrière toute façade qui nous charme. Pourtant, l'apparence de
n'importe quelle chose peut être trompeuse. Souvent même, on fait
une belle façade décorative exprès pour tromper les naïfs et les
attirer. La nature même procède de la sorte. Telles certaines
fleurs de rare beauté ou d'un parfum exquis, qui, à l'aide de cette
façade trompeuse, attirent les insectes pour les dévorer. Tels
certains animaux qui fascinent et attrapent leurs victimes avec des
moyens analogues.
La vie
humaine, la vie sociale surtout, abonde d'exemples de ce genre. «
Liberté, Égalité, Fraternité », cette belle maxime gravée sur
les édifices officiels en France, même sur les façades des
prisons, n'est qu'une « façade trompeuse » au double sens : direct
et figuré. Bien naïf serait qui s'y fierait. Et cependant, des
millions de prolétaires dans tous les pays du monde se laissent
toujours tromper par toutes sortes de « façades sociales » que les
dominateurs et exploiteurs de toute espèce dressent devant eux pour
les fasciner et les égarer. Telle, par exemple, la belle façade de
la démocratie bourgeoise ou socialiste, qui trompe encore tant de «
bonnes brebis » avec son parlement, ses élections, ses
municipalités, sa fête nationale, ses cinémas et ses bistros...
Telle aussi la façade magnifique de la « République Socialiste »
russe, avec son « pouvoir ouvrier », sa « dictature du prolétariat
», ses « soviets », ses drapeaux écarlates, son « Internationale
», son « Armée Rouge », ses mots d'ordre et ses fanfares...
Usines et écoles exemplaires, théâtres, clubs, meetings et
manifestations savamment préparées et organisées, toutes ces
choses et d'autres encore, font partie de la même « façade rouge »
qui continue de tromper plus d'un naïf ne sachant pas voir
l'imposture éhontée, la faillite totale et les horreurs qui se
cachent derrière.
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