Action qui
consiste à refuser de prendre toute nourriture. La grève de la faim
est l'ultime moyen de protestation employé généralement par les
prisonniers d'État pour mettre fin à un cas d'arbitraire dont ils
sont victimes ou pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur un
objet digne d'intérêt.
C'est
surtout avant la guerre, dans les prisons russes, et plus
particulièrement aux heures tragiques qui succédèrent à la
révolution de 1905 que les révolutionnaires détenus dans les
geôles tsaristes employèrent ce moyen pour attirer l'attention du
monde civilisé sur la cruauté du régime pénitentiaire qui leur
était infligé. Depuis, tous les pays ont eu leurs grévistes de la
faim, car tous les pays traversent, à certaines époques, des
périodes de réaction durant lesquelles les prisonniers politiques
ont de nombreuses raisons de protester.
Un cas de
grève de la faim qui mérite d'être particulièrement signalé, est
celui du maire de Cork, Mac Swiney, qui se laissa mourir de faim pour
protester contre la tyrannie britannique qui s'exerçait en Irlande
et contre l'emprisonnement et l'exécution de milliers d'Irlandais.
Le sacrifice
de cet homme courageux et généreux, les pétitions signées en sa
faveur par des milliers et des milliers d'individus appartenant il
toutes les classes sociales, la réprobation unanime de tout le monde
civilisé contre le despotisme exercé en Irlande par l'Angleterre
n'apitoyèrent pas les dirigeants de la perfide Albion, qui
laissèrent s'éteindre, après deux mois de souffrances, ce héros
de la cause irlandaise. Le sacrifice du maire de Cork ne fut pas
inutile. Si le peuple irlandais n'a pas encore conquis son entière
liberté, son régime s'est cependant amélioré, et c'est, dans une
certaine mesure, au sacrifice d'individualités comme celles de Mac
Swiney qu'il le doit.
En France,
pays démocratique par excellence, la grève de la faim fut employée
à plusieurs reprise ; pour faire respecter des droits acquis par les
usages et les coutumes. C'est à cette action que les « détenus
politiques » doivent le bénéfice d'un régime spécial plus
supportable que celui du droit commun qui fut supprimé durant la
guerre et rétabli à la suite de la grève de la faim faite par un
petit nombre d'anarchistes détenus à la prison de la Santé.
Bien que la
grève de la faim n'ait que rarement une issue fatale pour celui qui
la fait, elle nécessite un véritable courage et une réelle
volonté. Les affres de la faim sont terribles, surtout lorsque, sans
obligation, on se refuse à toute nourriture. D'autre part, ce n'est
pas sans déclencher une révolution dans l'organisme que l'on reste
plusieurs jours sans manger et ceux qui se livrèrent à cette
protestation restèrent parfois toute leur vie sans pouvoir
définitivement se rétablir.
Conséquemment,
la grève de la faim ne doit être faite que lorsqu'il n'y a aucun
autre moyen d'aboutir à un résultat ; mais celui qui la commence
doit bien réfléchir auparavant, et sans fléchir aller jusqu'au
bout de sa protestation.
N'est-il pas
terrible de songer qu'au vingtième siècle des hommes soient
contraints de se mutiler pour obtenir ce qui leur est dû légalement,
et cela dans la France républicaine ? Eh non, il ne faut pas s'en
étonné, quelle que soit la forme de gouvernement qui dirige la
chose publique, tant que le capital subsistera, il y aura des
parlementaires, des magistrats et des prisons et derrière les murs
de ces prisons des hommes qui feront la grève de la faim pour
s'élever contre l'injustice des lois et la tyrannie des puissants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire