qu'est ce que le sionisme?Qu’est-ce que le sionisme ?
Il existe toutes sortes de
définitions du sionisme et toutes sortes de sionistes : religieux, athées,
socialistes, de droite, de gauche, d’extrême droite, etc. Il ne me semble pas
utile d’entrer dans le détail de toutes les nuances ou des divergences qui les
séparent. Il suffit d’indiquer que le sionisme est une forme de nationalisme,
donc une idéologie qui repose sur une communauté d’intérêts imaginaire entre
des individus appartenant à des classes sociales différentes. Le sionisme tente
de mobiliser de façon totalement acritique le peuple juif (à l’échelle
internationale) et les citoyens juifs d’Israël derrière le gouvernement de
l’Etat qui s’est édifié au Moyen-Orient depuis 1948.
Existe-t-il
un peuple juif ?
Pour les deux lecteurs de
Socialist Worker, les Juifs seraient uniquement les pratiquants d’une religion,
au même titre que les catholiques, les protestants, les hindouistes ou les bouddhistes
et il n’existerait donc pas de peuple juif. Par conséquent les Juifs n’auraient
aucun « droit » à un Etat, du moins c’est ce que leur lettre sous-entend.
Effectivement, si l’on nie qu’il existe un peuple juif, et que ce peuple a
éventuellement droit à une terre quelque part sur la planète, il est bien plus
facile de « résoudre » le problème… sur le papier. Malheureusement pour nos
doctrinaires bornés, il existe bien un peuple juif, et aujourd’hui un peuple et
un Etat israéliens. On ne peut plus revenir en arrière.
Mais il faut approfondir un
peu le problème. Les marxistes défendent depuis toujours le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes comme une revendication démocratique qui pourrait
éventuellement débloquer certaines situations inextricables. C’est ainsi, par
exemple, que Trotsky envisagea un moment la possibilité que les Noirs
américains créent leur propre Etat, face au racisme indécrottable des Blancs.
Ou que, d’un autre côté, Marx s’opposa aux luttes de libération nationale de
certains peuples d’Europe centrale car elles ne lui semblaient pas aller dans
le « sens de l’Histoire ».
Aujourd’hui, on peut tirer le
bilan de ces positions : les révolutionnaires socialistes n’ont eu aucune
influence sur le développement des différentes luttes de libération nationale
et le XXe siècle a vu apparaître de multiples nouveaux États indépendants.
Apparemment ce processus de morcellement en États-nations n’est pas terminé, y
compris au sein de la vieille Europe où les mouvements autonomistes prospèrent,
de l’Ecosse au Pays Basque et à la Catalogne en passant par la Corse. Cette
volonté de repli sur soi, ce besoin d’identité locale, régionale ou nationale
s’est malheureusement avéré beaucoup plus fort que l’internationalisme
prolétarien, la solidarité de classe entre les exploités.
On peut le regretter, dénoncer
le nationalisme comme une impasse, mais comment fermer les yeux sur ce
phénomène et s’étonner que le peuple juif ait voulu, lui aussi, avoir son Etat
? Rien n’exclut un jour de penser que les Roms, minorité anti-étatique s’il en
est jusqu’à présent, réclament un jour, eux aussi, d’avoir un Etat-nation
quelque part sur la planète.
C’est donc dans ce cadre plus
général qu’il faut situer la force du nationalisme juif, l’intérêt renouvelé de
beaucoup de Juifs laïcs ou athées pour leur culture et leur religion, etc. A
cette situation générale est venue s’ajouter l’élimination de 6 millions de
Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. L’Holocauste n’a pu que convaincre
(définitivement ?) les Juifs qu’ils ne devaient compter que sur eux-mêmes et
que leur seul moyen de ne pas se faire massacrer encore une fois était de faire
bloc, d’appuyer la constitution d’un Etat disposant d’une puissance militaire
imposante et de conclure toutes les alliances militaires ou économiques
possibles, y compris avec les États les plus crapuleux.
Le
nationalisme des opprimés est-il moins nocif que le nationalisme des
oppresseurs ?
Ce qui se cache derrière le
soutien souvent acritique aux mouvements de libération nationale, c’est à la
fois l’idée que le nationalisme des vieilles nations serait plus nocif que
celui des jeunes nations, mais aussi que les luttes de libération nationale
pourraient accélérer l’avènement d’une révolution socialiste.
Cette analyse est totalement
erronée.
Aucun mouvement de libération
nationale victorieux dans les pays du tiers monde n’a débouché sur une
révolution sociale. Quant à la domination coloniale ou impérialiste, elle a été
remplacée par des dictatures implacables sur la classe ouvrière et les classes exploitées,
de la Chine à l’Algérie en passant par Cuba. Cela ne signifie pas pour autant
qu’il ne fallait pas s’opposer aux guerres coloniales, mais cela fixe les
limites du soutien que l’on peut apporter aux luttes de libération nationale et
surtout aux organisations qui en prennent la tête, et aux illusions que font
naître ces mouvements. En clair : soutenir le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes oui, porter les valises des futurs exploiteurs, non !
A moins que, à l’instar des
tiers-mondistes indécrottables du Monde diplomatique, on veuille encenser des
politiciens comme Nasser, Ben Bella, Torrijos, Chavez, Castro ou Noriega, en
les parant de vertus socialistes ou anti-impérialistes que ceux-ci n’ont jamais
eues.
Le
sionisme est-il colonialiste ?
Oui. Israël est une colonie de
peuplement dont l’évolution ressemble à celle des Etats-Unis, de l’Australie,
voire, par certains côtés de l’Afrique du Sud. Cette dernière comparaison est
cependant dangereuse car la situation des Palestiniens en Israël n’a, pour le
moment, aucun rapport avec celle des Africains noirs en Afrique du Sud avant la
fin de l’apartheid et qu’elle criminalise dangereusement non seulement le
gouvernement mais tous les citoyens israéliens. Israël s’est construit sur
l’expropriation violente des terres et des biens du peuple palestinien et ce
processus ne s’est jamais arrêté.
Le
sionisme est-il impérialiste ?
Si l’on entend par là que
l’Etat d’Israël a des visées expansionnistes, oui. Mais que dire alors de
l’invasion du Koweit par l’Irak, du Liban par la Syrie, pour ne prendre que
deux exemples dans la région ? Si l’on utilise le mot « impérialiste » dans le
sens d’expansionniste, cela est vrai d’un nombre impressionnant d’États sur
terre que les gauchistes ne passent pas leur temps à dénoncer à longueur de
temps comme ils le font avec Israël.
Mais les gauchistes emploient
ce mot dans un autre sens également : ils considèrent qu’Israël serait un «
valet de l’impérialisme américain ». Tout mouvement qui se réclame d’une
idéologie nationale peut être amené à s’allier avec une ou plusieurs puissances
dites impérialistes. C’est ce qu’ont fait le FNL algérien, le FLN vietnamien,
tous les mouvements de guérilla d’Amérique latine et d’Afrique, l’Etat cubain,
etc., avec l’impérialisme russe. C’est ce qu’ont fait les résistants afghans en
acceptant l’aide américaine. Les gouvernements israéliens ont, eux, choisi
l’impérialisme américain après avoir été directement aidés par les Soviétiques,
au moment crucial de la création de l’Etat d’Israël, en 1948. Donc oui, l’Etat
israélien a de fortes affinités avec les grandes puissantes impérialistes, mais
cela ne fait pas de lui un impérialisme au sens économique et financier du
terme. Ou en tout cas, il faudrait le démontrer, chiffres à l’appui, et ne pas
se contenter d’invectives.
Le
sionisme est-il raciste ?
Toute idéologie nationaliste
peut, à un moment ou un autre, employer des arguments racistes. Et tout Etat
national utilise à un moment ou un autre l’arme de la xénophobie ou du racisme.
Le nationalisme, l’Etat et le racisme marchent parfois ensemble, parfois
séparément mais il n’existe aucune incompatibilité majeure entre les trois.
C’est d’ailleurs pourquoi les révolutionnaires sont favorables à la disparition
des nations, des frontières et des États.
Donc, oui le sionisme a une
dimension raciste potentielle, mais comme n’importe quelle autre idéologie
nationale et nationaliste, y compris celle des Palestiniens, et pas davantage
qu’une autre. Signalons d’ailleurs qu’au sein même d’Israël il existe de puissants
préjugés racistes entre les Juifs eux[1]mêmes,
préjugés dénoncés depuis des dizaines d’années par les Juifs orientaux ou
éthiopiens, et sources de discriminations réelles en Israël.
Cependant, souligner
constamment les tendances racistes du sionisme, tout en faisant l’impasse sur
les tendances racistes des nationalistes palestiniens est extrêmement
dangereux. L’utilisation systématique de cet argument est relativement
nouvelle, comme l’a montré la conférence internationale de Durban sur le
racisme où Israël fut condamné comme un Etat raciste par la majorité des
présents. Ceux qui veulent absolument démontrer que le sionisme est une
idéologie raciste jouent sur l’indignation morale qu’a suscitée l’Holocauste et
essaient de la retourner contre Israël. Ce procédé est crapuleux car il
aboutit, par touches successives, à faire un parallèle entre sionisme et
nazisme. Et c’est justement ce que faisait Socialist Worker en comparant les
Palestiniens de Jenine aux Juifs du ghetto de Varsovie et Socialisme en juxtaposant
des photos de soldats nazis et israéliens. De telles comparaisons ne sont pas
du tout innocentes, car elles constituent une des armes favorites des
négationnistes et des antisémites qui veulent à tout prix montrer que les Juifs
sont aussi racistes que les autres, voire davantage.
Enfin, à force d’être
banalisée, l’accusation de racisme devient une espèce de tarte à la crème qui
lui enlève tout sérieux aux yeux de la majorité de la population, renforçant le
nouveau credo des réactionnaires qui prêchent, sur le ton du bon sens, que tout
le monde est raciste et que l’on ne pourrait rien y faire.
Un
Etat ou deux États ?
Les lecteurs de Socialist
Worker prônent la création d’un Etat qui regrouperait Juifs et Palestiniens.
Leur position est incohérente. On ne peut pas à la fois prétendre que les Juifs
ne seraient que les pratiquants d’une « religion », qu’ils occupent un
territoire « étranger », que leur Etat est « raciste », « colonialiste » et
fait le jeu de « l’impérialisme » et en même temps croire que les Juifs
pourraient demain vivre sur le même territoire que les Palestiniens. Les
lecteurs de Socialist Worker n’emploient même pas le terme d’Etat binational,
ce qui est logique, puisqu’ils nient, du moins dans leurs lettres, qu’il existe
un peuple juif et donc une nation juive.
Si les Juifs d’Israël sont les
« pieds noirs » de la Palestine, ou bien une simple bande de religieux
fanatiques ou illuminés, alors il faut en tirer la conclusion : ils doivent
retourner dans les métropoles « impérialistes » d’où ils sont partis, comme
c’est arrivé aux centaines de milliers de Français qui vivaient en Algérie ou
aux Portugais qui habitaient l’Angola, le Mozambique ou la Guinée-Bissau.
Rappelons que ce fut le credo de l’OLP pendant des dizaines d’années (cf. les
déclarations de Choukeiry qui voulait « jeter les Juifs à la mer »), que son
timide changement de position n’est que très récent (1988), et que c’est
toujours la position des organisations terroristes comme le Hamas et le Djihad
islamique qui posent des bombes en Israël.
Nos deux lecteurs le savent
bien mais évitent soigneusement de poser le problème. Et pour rendre la
situation encore plus inextricable, ils se réfugient derrière une résolution de
l’ONU qui, si elle énonce un droit parfaitement juste, est inapplicable. On
voit mal comment les 4 millions de Palestiniens de la Diaspora pourraient
récupérer les terres et les maisons dont ils ont été expropriés ainsi que les
emplois dont ils ont été privés. Où iraient les expropriateurs, c’est-à-dire
les Israéliens ? Autant le versement d’une indemnisation semble raisonnable,
autant le « droit au retour » est une aberration pour les Palestiniens — mais
aussi pour les Juifs du monde entier.
Les Juifs ont constitué un
Etat en s’appuyant sur la force, comme tous les peuples qui ont cherché à avoir
un territoire à eux. La légende sioniste veut qu’ils soient arrivés dans une
région inhabitée mais aujourd’hui même une partie des historiens israéliens ont
démonté ce grossier mensonge. Les compromis auxquels il faudra bien arriver un
jour seront forcément douloureux et injustes pour les deux parties. C’est
pourquoi j’avais écrit à Socialist Worker que les Israéliens « n’occupaient pas
un pays étranger » et que la situation était « plus complexe » qu’une
occupation coloniale classique d’un lointain territoire. Les frontières de
l’Etat d’Israël sont par nature extensibles puisqu’au départ ni cet Etat ni
l’Etat de Palestine n’avaient d’existence reconnue et par conséquent de
frontières claires.
Vu la situation actuelle, et
l’idéologie nationaliste qui mobilise les deux peuples concernés, il semble
impossible de concevoir que Palestiniens et Israéliens puissent vivre dans un
même Etat. Il faudra donc bien deux États et non un seul.
L’Etat
d’Israël fabrique-t-il de l’antisémitisme ?
Non, cette accusation est
absurde. Ou bien seulement dans le sens où tous les États fabriquent de
l’hostilité contre leurs ressortissants lorsque leurs armées commettent des
actes criminels. L’intervention armée des Etats-Unis en Serbie, en Afghanistan,
en Irak ou en Somalie fabrique de l’anti-américanisme : de nombreuses
personnes, de toutes tendances politiques, méprisent globalement les
Américains. Mais aussi on pourrait dire aussi que Chirac, en ce moment, suscite
des réactions anti-françaises en Côte d’Ivoire ou que Mitterrand en a
provoquées auparavant en Afrique et au Moyen-Orient.
C’est donc aux
révolutionnaires de répéter inlassablement que l’on ne peut amalgamer les
citoyens d’un Etat avec la politique de leur gouvernement et de faire connaître
le combat des Israéliens qui s’opposent à leur gouvernement et luttent pour la
paix, quitte à risquer la prison dans leur pays et à être considérés comme des
traîtres par leurs compatriotes.
Et c’est aux révolutionnaires
d’expliquer les différences entre Israéliens (citoyens d’Israël), Juifs
(membres du peuple juif) et juifs (pratiquants du judaïsme). Les crétins
antisémites sont en fait mobilisés par leurs pulsions racistes et non par les
actes criminels de l’armée israélienne. Ce n’est pas l’Etat israélien qui
fabrique l’antisémitisme, ce sont les antisémites eux-mêmes. La lutte contre
l’antisémitisme a besoin d’explications sérieuses sur les origines du racisme
pas de raisonnements tordus, à l’allure d’excuses.
L’Etat
d’Israël va-t-il « nous » entraîner dans la guerre, voire dans une guerre
mondiale ?
Cette façon de poser la
question révèle peut-être une des vraies raisons pour lesquelles le conflit
israélo-palestinien suscite tellement de passions en France alors qu’il s’agit
quand même d’un conflit mineur, du moins par rapport à d’autres conflits
beaucoup plus meurtriers sur la planète. Beaucoup de gens ont l’impression que,
à cause d’Israël (en clair à cause des Juifs) le monde occidental serait de
nouveau au bord de l’explosion, ou en tout cas menacé par le terrorisme. Et le
milliardaire Ben Laden les renforce dans cette illusion en faisant croire qu’il
s’intéresse au sort des Palestiniens. On touche là au problème de l’origine
profonde des guerres. Même si l’Etat d’Israël n’était pas né en 1948, il y aurait
quand même des rivalités très fortes entre les grandes puissances impérialistes
pour se tailler des zones d’influence et des marchés au Proche et au
Moyen-Orient, pour s’emparer des gisements de pétrole ou au moins pour
contrôler son prix à l’échelle internationale. Et les États nationaux locaux
joueraient des divergences d’intérêts entre les grandes puissances
impérialistes pour essayer de tirer leur épingle du jeu. Il existe des conflits
d’intérêts très réels entre l’Europe et les États-Unis : le pétrole
moyen-oriental, s’il est vital pour la première, ne l’est pas pour les seconds.
On peut dire que l’existence d’Israël et sa dépendance économique totale
vis-à-vis des Etats-Unis compliquent un peu plus la situation, mais ils ne sont
absolument pas à l’origine des tensions fondamentales entre les puissances
impérialistes, entre les États nationaux du monde musulman, et entre les pays
riches et les pays pauvres. En clair, ceux qui prennent Israël comme bouc
émissaire, qui croient que sans cet Etat le monde occidental vivrait en paix,
oublient les deux guerres mondiales, la guerre froide et toutes les guerres
coloniales depuis un siècle.
Le
rassemblement des Juifs dans un Etat séparé constitue-t-il une démission devant
l’antisémitisme ?
Non. Pendant quelques dizaines
d’années, des centaines de milliers d’ouvriers et d’intellectuels juifs ont cru
au socialisme, voire à la révolution sociale. Aussi bien en Europe qu’en
Amérique du Nord et en Amérique latine, le mouvement ouvrier a compté de très
nombreux militants et théoriciens juifs, athées et révolutionnaires, aussi bien
dans les mouvements anarchistes que marxistes. Mais vu la passivité ou
l’inefficacité du mouvement ouvrier international devant les persécutions et
les massacres des Juifs notamment avant et pendant la Seconde Guerre mondiale,
on peut comprendre que la majorité des Juifs tirent un constat d’échec des
tentatives d’une forte minorité d’entre eux de résoudre la prétendue « question
juive » par une révolution socialiste. Le moins qu’on puisse dire est que
l’Union soviétique, considérée comme un exemple par l’immense majorité des gens
de gauche sur la planète pendant des décennies, n’a pu que servir de
repoussoir, vu l’importance de l’antisémitisme dans ce pays et la façon dont
les staliniens l’ont utilisé, y compris dans les démocraties populaires.
Ce que les gauchistes
demandent aux Juifs c’est de leur faire confiance les yeux fermés, de croire
que les petits groupuscules révolutionnaires, si jamais leurs idées
s’emparaient des masses, ne commettraient pas les mêmes crimes et rendraient,
pourquoi pas, l’humanité meilleure. C’est beaucoup demander, non ? Surtout
lorsqu’on sait qu’une (petite) partie des négationnistes français vient des
rangs de l’extrême gauche. Cette même extrême gauche n’hésite pas à défiler
avec des groupes qui brandissent les drapeaux du Hamas et qui crient « Mort aux
Juifs » dans les rues de Paris. Encore récemment, le samedi 12 octobre, un
appel à manifester en « solidarité avec les Palestiniens », appel signé par des
dizaines d’organisations d’extrême gauche et de gauche dénonçait justement la
politique israélienne actuelle mais sans mentionner une seule fois les
attentats terroristes qui ont fait des centaines de victimes en Israël. De
plus, qui peut affirmer sérieusement que l’antisémitisme disparaîtrait dans un
monde socialiste, si jamais celui-ci voit le jour ?
Enfin, il est faux de
prétendre que l’Etat israélien ne combat pas l’antisémitisme. Au contraire, il
ne fait que cela depuis 50 ans. Il mobilise toutes les énergies contre
l’antisémitisme à l’échelle internationale. Que cette propagande ne fasse pas
disparaître l’antisémitisme, c’est une évidence (mais quelle propagande le
pourrait ?) ; qu’elle ait imposé des limites à son expression publique dans les
pays démocratiques occidentaux est difficilement contestable.
Entre
les Palestiniens et le colonialisme (ou l’impérialisme), qui doit-on soutenir ?
Vu la façon dont la question
est posée, les Palestiniens, bien sûr, mais tout dépend de ce que l’on entend
par là. Le peuple palestinien ou l’OLP ?
En fait, cette façon de poser
les problèmes n’est que la reprise d’un vieil argument que les staliniens et la
bourgeoisie internationale utilisaient déjà pendant la guerre froide. « Qui
n’est pas avec nous est contre nous. » Il est curieux que ce genre de
raisonnement soit repris par les sympathisants d’un courant politique qui est
justement né du refus de choisir entre l’impérialisme américain et
l’impérialisme russe. Socialist Worker est le journal de l’International
Socialist Organisation dont les ancêtres se sont battus dans les années 1940,
1950 et 1960 à la fois contre les staliniens et contre la bourgeoisie
américaine. Aujourd’hui et demain, comme hier, il n’y a aucune raison de
choisir entre Sharon et Arafat, entre la corde et le peloton d’exécution. Si un
jour une solution se dessine entre Israéliens et Palestiniens, elle se fera
contre les nationalistes des deux côtés, sionistes, membres de l’OLP ou des
mouvements intégristes. Alors autant annoncer dès maintenant la couleur — si
c’est ce que l’on pense mais que l’on n’ose pas dire pour des raisons
tactiques.
L’Autorité
palestinienne est tout autant l’ennemi du peuple palestinien que les partis de
droite et de gauche israéliens actuels sont les ennemis du peuple juif. (Y.C.)
LECTURE UTILE
La lettre de Mouvement
communiste (N° 5, novembre 2002) s’intitule « Palestine, deux États contre le
prolétariat » et en douze pages très denses propose une analyse politique
solide, axée notamment sur le « rôle central de la dimension économique du
conflit ».
Pour l’obtenir, vous pouvez la
trouver à Paris aux librairies Le Point du jour (58 rue Gay-Lussac, 75 005
Paris) ou La Brèche (27, rue Taine, 75012 Paris) ou bien écrire sans autre
mention à BP 1666, Centre Monnaie, Bruxelles.
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