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Dire : c’est la même chose qu’aimer l’argent
ou aimer Dieu à ce point, ce n’est
rien dire contre l’argent ni contre Dieu en tant que tels, mais beaucoup contre
les formes que le besoin et l’amour se cherchent toujours et partout et pour
leur consolation ; laquelle, à la fin, ne serait pas à ce point nécessaire si Dieu et l’argent ne s’étaient pas
eux-mêmes promis comme consolation, de quelque amour et quelque besoin que ce
soit.
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Consolation que le communisme (entre autres
révolutionnaires) a paru pouvoir satisfaire, le temps court – tout au plus
quelques petites dizaines d’années- entre le moment où l’on n’a plus douté de
la mort de Dieu, et celui où l’on s’est convaincu que la naissance de l’argent (pour
tous, en toute hypothèse) était de nature à le remplacer avantageusement.
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Dire que l’argent est essentiellement puritain ;
c’est nécessairement dire, pour peu qu’on poursuive un instant l’hypothèse de
la réciprocité constitutive de ces deux passions : s’il n’y a que Dieu à
ne pas pouvoir être échangé contre l’argent (fondement des religions), il n’y a
que l’argent à pouvoir prétendre à l’état de totalité alternative jadis dévolue
à Dieu (fondement du capitalisme). De là que leur guerre ne puisse en effet qu’être
de religion.
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Guerre de religion, et comme telle générale :
c’est-à-dire aussi peu faite que possible pour épargner surtout les juifs, dont c’est toute guerre d’essence religieuse qui
a toujours voulu d’abord la fin, en tant qu’elle les présume
consubstantiellement liés à Dieu et à l’argent. Et les juifs sont en effet
parmi ceux qu’on aura d’instinct, c’est-à-dire les premiers, tués à Paris (à
Toulouse, à Bruxelles). Tueries qu’on n’aura pas entendu les révolutionnaires
ou les « insurrectionnalistes » prendre si peu que ce soit en
considération, encore moins déplorer, leur préférant d’autres victimes,
susceptibles celles-là de consolider leurs alliances stratégiques ou de
principe (ainsi que le veut l’irénisme auquel leur situation défensive les
réduit). Et leur permettant d’accuser d’abord
les conséquences il est vrai liberticides et discriminatrices de l’antiterrorisme : « Ce que je vois dans le 11 janvier, c’est d’abord une manœuvre gouvernementale obscène pour s’approprier un choc, pour s’approprier
un &tat d’extrême vulnérabilité générale et la tentative, réussie à ce
jour, de retourner en instrument de domination de la population un évènement
terrible », aura dit l’un d’entre eux.
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Irénisme que motive le besoin de maintenir en l’état,
à un moment critique précis, dans la crainte, qui plus est, que celui-ci se
répète et se perpétue, ce qui est en réalité traversé par des conflictualités
lourdes et durables.
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On a beaucoup craint, en France, avec raison,
les « amalgames ». Amalgames qu’on a, par le même mouvement, aussitôt
qualifiées d’ »islamophobes » (en tout cas, qu’inspirerait une
islamophobie qui ne s’avouerait pas). Confusion supplémentaire dont on s’étonne,
pour peu qu’on prenne ce qu’il reste du révolutionnarisme au sérieux : le
XXI siècle n’est en effet pas moins fondé à être « islamophobe », que
le XVIII° à avoir été « christianophobe ». Entre autres superbes
asymptotes de la christianophobie, du XVIII° au XX° siècle : d’Holbach,
Sade, Feuerbach, Engels, Marx, Rimbaud, Nietzsche, Freud, le surréalisme,
Artaud, Bataille, etc.
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Islamophobe ne dit rien contre personne et tout
contre une servitude de plus, et immémoriale. De quoi cherche-t-on à accuser le
seul matérialisme conséquent (athée) ? de passer pour n’aimer pas une
minorité, quand c’est tout ce qui la maintient à l’état mineur qu’il faut, pour
elle, ne pas aimer.
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