Lignes N°65: Etats de l'exception
L’état d’exception salutaire
et l’avenir du politique par Boyan
Manchev
« La toute première
phrase du livre de Reinach introduit une équation conceptuelle qui a des
implications significatives non seulement pour la philosophie du droit mais
aussi pour la pratique politique de la modernité : « Les mesures d’exception sont, dans le
droit public, l’équivalent des actes de légitime défense dans le droit privé. »
Cette formule significative met en évidence une prémisse structurelle cruciale,
à savoir : l’état d’exception n’est pas actif mais réactif ; il est
le résultat d’une situation de crise. Autrement dit, même s’il apparait comme
un acte paradigmatique d’action juridiquement active – c’est à dire comme une
décision ( par exemple, gouvernement par décret- une forme courante dans l’histoire
politique post-révolutionnaire de la France, en particulier après la guerre
franco-prussienne et la Commune de Paris -, l’époque où Reinach a grandi), il
se présente comme une forme réactive de protection du fondement légitime de l’Etat
de droit, comme le salut du peuple selon les termes de Cicéron. Cette équation
peut être comprise comme une conséquence directe de l’axiome exprimé » par
le sous-titre du livre (qui est omis, accidentellement ou non, dans les
références bibliographiques des lecteurs de Reinach comme Schmitt et Benjamin) :
l’état d’exception est essentiellement lié au salut public. Salus populi suprema lex esto. »
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