dimanche 1 janvier 2023

Les moi et m'égo Par M.A.

 

Pour en finir avec le froid…    PARTIE I

 

 

Dimanche 18 décembre 2022

 

Je commence un journal parce que j’ai froid

Je commence un journal parce que j’ai froid sans qu’il n’y ait aucun espoir que celui-ci cesse de quelque façon que ce soit

Et ce n’est pas en courant ou en marchant dans le froid même couvert que celui-ci va s’arrêter puisqu’il vient de l’intérieur

C’est un froid qui est en moi c’est un froid qui est moi.

Pourquoi un journal alors pourquoi un journal

Parce qu’un journal est un chemin vers la fin  il est daté car il va prendre fin un jour un jour je dirais c’est la fin

Je le dirais parce que je parle plus que je n’écris je parle car je suis seule et la compagnie c’est la mienne unique enveloppante terrifiante je n’ai qu’une voix une seule qui ne cesse de m’appartenir elle n’appartient à personne d’autre

Donc je marche et je suis couverte parce que j’ai froid

Celui-ci va durer tant que durera ma vie il ne cessera qu’avec ma vie

Je ne suis plus une animale qui pense qui croit qui n’a pas envie de ne pas croire en la vie je suis humaine donc je crois que j’ai ce pouvoir de mettre un terme à cette souffrance

Depuis quand est-elle là  dans ma chair à me mordre

J’en ai été insensibilisée de par ma volonté humaine de la rendre sourde et parfois supportable

Mais mon humanité ma part humaine a mis à mort ma part animale

 Celle qui aurait fait que je me terrais pour me soigner que je me tairais pour ne pas gêner me cacher pour panser mes plaies  ne pas penser mes plaies

Penser mes plaies pour souffrir encore plus de ce froid

A la limite je ne suis déjà plus cette humaine qui marche dans le froid je suis au-delà de l’humanité j’ai dépassé des bornes infranchissables il y a quelques mois encore

Aujourd’hui j’écris mon journal pour en dater le début mais surtout la fin essentiellement la fin

Déterminer la possibilité d’une fin c’est encore espérer de vivre de pouvoir mettre un terme à ce journal sans mettre un terme à la vie à sa vie

Elle marche pour décider qu’elle ne pourra pas mourir

Mais elle en croise d’autres des compagnons de journaux des compagnons de la souffrance intérieure de ces froids infinis que puis-je faire pour eux pour nous quand je ne peux rien pour moi

Nous ne sommes pas ensemble nous sommes les solitudes qui se croisent ne se parlent pas sont dans la volonté de l’ultime anonymat dans la volonté forcenée de ne rien voir et surtout pas les semblables

Je ne suis qu’une pour ne pas être autre je ne suis pas eux car je ne pense être que moi


 

Pour en finir avec le froid…    PARTIE II

 

Dimanche 18 décembre 2022

 

Comme un dimanche maudit qui n’a jamais fait que commencer de s‘étirer et de se finir par cette « ballade » que je décris ci-dessus

Ce matin donc lorsque le froid m’a saisi et m’a jeté hors de mon petit confort chèrement préparé chèrement agencé

L’évidence était que ce jour ne serait jamais fini il puait déjà l’évidence de la journée sans fin

Je n’ai pas allumé je me suis vêtue des habits de la veille terne gris sans couleur

Juste cette parka qui est d’un rose sans avenir passé lavé délavé pleuré coulant

Je n’ai pas allumé et j’ai pris un café debout près du micro-onde

Micro-onde qui ne projette pas la chaleur et qui fonctionne même sans chaleur

Le micro-onde parfait objet de la société actuelle complice de névroses complice de vies tristes  au cours ininterrompu

J’ai posé le bol dans l’évier je vais passer la matinée à attendre cette partie d’après-midi  où je pourrais me prouver en marchant que la vie est encore dans le mouvement

Dans une fuite sans but sans paysage sans couleur

L’hiver est ma matière préférée grise humide froide inhumaine incertaine

Noel n’est juste que cette plainte que je ne veux plus entendre et qui monte jour après jour dans les « foyers »

La course à la larme à la famille soudée ressoudée

Où les absents qui n’ont rien demandés sont de nouveau convoqués sans espoir de pouvoir dire non

Il faut dans cette société que des lumières transpercent ce gris

Il faut que dans ce froid ces couleurs froides on aperçoive comme un phare une lumière une étoile

Comme si la société voulait nous faire croire à une suite heureuse  à une suite pour le moins


 

Pour en finir avec le froid…    PARTIE III

 

L’année suivante un jour de plus qui est passé et on dit une année change mais rien ne change qui ne doit pas changer

Ni la force

Ou ni le secours

La nécessité de mettre un terme à ce froid ce froid intérieur et mortel

Il ne suffirait d’un rien un petit rien

Elle est prête et elle se contenterait

Il y a le froid de ceux qu’elle croise

Elle n’est pas seule

Et puis une sensation qui vient à contre sens elle cherche elle explore et elle a ce sourire blafard que seuls les morts savent offrir à ceux qui restent à ceux qui luttent à ceux qui pleurent

Elle a ce sourire blafard de ceux qui ne savent pas qu’il existe peut-être quelque chose ailleurs loin d’ici dans un autre compartiment de la vie

Et ce froid intense qui en croise un autre et ce sont deux sourires qui se réchauffent et soudain jaillit le rire celui que nul ne peut contenir ce rire de deux personnes qui s’enivrent l’une de l’autre

Et ce froid qui à jamais malgré sa présence ambiante ne rentrera plus jamais dans son cœur dans leur cœur

Ils sont deux ils sont deux fléaux des morosités des sans-gênes de la douleur de la souffrance que l’on veut imposer

Ils sont la force de la solution la fin de la morosité

Rien jamais ne pourra les atteindre malgré le froid malgré l’effroi les froids

De ceux qui ne vivent pas de ceux qui ne savent pas vivre car ils avalent ils ingurgitent  du prémâché ils recrachent du consensuel

Ils créent de la grisaille à tour de bras de par leur seule volonté aphone desséchée incolore

Insipide

Et ces deux nouveaux rires fendent tout cela de manière indécente violente insupportable à jamais inhumaine dans ce siècle tragédie

 

Pour en finir avec le froid…pour en finir avec le froid…

M.A  01/01/23

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