Lignes N°70 : Ecosophie ou Barbarie

 

Lignes est une collection dirigée par Michel Surya

 

Article : Apprendre à vivre enfin    par Sophie Wahnich

 

« Désormais plus personne ne sait si la Seine continuera longtemps de couler et nous de demeurer. Loin de la demeure et de la maison on meurt dans un non-lieu sans véritable passé et peut-être de ce fait sans véritable rancune, sans espoir, sans bataille, sans faire d’histoire. Enfin qui le sait ? Rancune de vivre dépendant ? Rancune de vivre dans un mouroir ? Le roman de marie Laborde Si belles en ce mouroir parle de révolte à l’égard du passé (les maris pénibles, les mensonges des enfants qui ont osé couper un vieux marronnier adoré), du présent ( les personnels autoritaires et les règles carcérales), et même peut-être du futur ( la fille qui ne viendra). Il met en scène des personnes âgées pas si dépendantes qui s’inventent un monde où continuer à vivre par l’amitié, les mots posés sur un journal fictionnel, le jeu. En cela il s’agit bien d’un « roman » car mouroir ou Ehpad, le semblant n’enlève pas la tristesse, et c’est elle qui empêche de dé-mourir. La tristesse. On ne vit en moyenne que trois ans en Ehpad. Mais les moyennes que disent-elles ? Les chiffres ne sont jamais intelligibles seuls, même quand ce sont des prix ».