vendredi 27 janvier 2023

Déni de désir Par M.A.

Je ne savais pas pourquoi je l'accompagnais encore dans ses galères. Nous étions pourtant éloignés l'un de l'autre, nous marchions ensemble, partout, tout le temps. Nous étions loin l’un de l’autre sans cesser d’être proches. Nous nous étions perdus physiquement, depuis quelques mois déjà.  

 

C'était un drame silencieux, une longue complainte faite de retenues, d'élans brisés et de déceptions.  

 

Une danse incessante et lancinante.  

 

Une sourde surévaluation des sons, des distances et des impressions.  

 

Nous flottions dans une bulle dans laquelle toutes les odeurs pouvaient être de tendres mais de terribles blessures; c'étaient des essences pures meurtrissantes.  

 

A chaque exposition d'un petit bout de peau de l'un de nous, un incendie consumait l’autre.  Malheureusement, celui de l'un s'éteignait lorsque celui de l'autre commençait. Nous étions singulièrement désynchronisés. 

 

Nous n'en pleurions même pas, nous n’en rions pas non plus. Nous vivions dans l’indifférence de l’histoire, nous étions l’indifférence vécue d’un couple désynchronisé. De l’extérieur, pouvait-on s’en apercevoir, le percevoir, le recevoir comme une invitation à s’insérer ?  

 

Nous avions même trouvé des excuses qui nous défaussaient de toute cette sinistre farce.  

 

Peut-être ne voulions-nous pas nous quitter sans nous avoir prouvé mutuellement que nous nous appartenions encore, sans vérifier jusqu’à l’extrême limité de ce que nous pensions devoir vivre ensemble désynchroniser. 

 

Nous ne voulions pas en plus, avoir des regrets, des remords. Ajouter à de l’indifférence, à la désynchronisation. 

 

Lundi Février 2013:  Nous étions à Lille.  

 

Une école d'art. 

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