« Une
philosophie authentique, une philosophie en actes, est un effort pour
situer dans la totalité de son monde et proposer des solutions lui
permettant de s'y affirmer.Pour développer une philosophie
libertaire actuelle, nous devons tenir compte de la somme
d'expérience et de réflexion exprimée dans la pensée
contemporaine. Le vase clos c'est le ressassement stérile d'un passé
appauvri, la mort par asphyxie ».
« L'homme
travailleur, organisateur de la rationalité de son monde , se heurte
inévitablement à une limite qui est la mort. Dans le monde organisé
en vue de l'existence humaine, la mort apparaît comme l'absolu
scandale. L'irruption soudaine de la violence incontrôlable dans le
monde de l'ordre. L'existence du cadavre témoignant de la mort,
l'horreur qu'inspire la mort est vécue comme l'horreur du cadavre,
signe de la mort ; cette qualité de signe de la mort faisant du
cadavre un objet fondamentalement différent de tout autre objet et
les cérémonies entourant le cadavre ont pour but la conjuration de
la violence présente signifiée par la mort ».
« La
transgression s'organise sous forme d'un rituel dont les occasions
sont codifiées et les limites parfaitement définies. La
transgression garde un aspect ambigu : elle lève l'interdit
tout en le conservant, que l'interdit porte en lui la
transgression ».
« Sur
le plan sexuel, la classe capitaliste est obligée de renforcer
l'interdit. Toute énergie humaine doit servir le capital. La
répression atteint des sommets jamais approchés auparavant. La
capitalisme crée des idéologies, chrétiennes, ou athées, sous le
nom de puritanisme en hommage à la plus fanatique d'entre elles. Le
plaisir devient le seul péché vraiment capital. Mais la nécessité
de la production d'enfants s'insère dans la dialectique générale
interdit-transgression. Le pêché sera permis et même recommandé à
condition qu'il ait pour but la reproduction ( j'exposerai, dans un
article ultérieur comment chez l'homme sexualité et reproduction ne
sont pas absolument liées. Ici, considérons cette idée comme
acquise).
La
politique de répression sexuelle se double d'une politique nataliste
et tout acte sexuel qui n'a pas pour but la reproduction ( usage de
contraceptifs, homosexualité) est violemment réprimé ( dans
certains états américains le coit extra vaginal , même entre
époux, est puni de prison, en France, il peut être un cas de
divorce) ».
« L'Etat
au service du capital assure, par ses lois et son appareil policier,
judiciaire et pénitentiaire, la répression, quand les tabous
intrajectés par l'éducation dans l' âme des individus ne suffisent
pas à contenir leurs pulsions ».
« Pour
neutraliser les revendications des victimes le système intègre
leurs organisations : partis intégrés dans le jeu stupide
électoral, intégration des syndicats dans l'entreprise etc... »
« La
répression reste confiée à l'état qui monopolise l'éducation des
enfants et les moyens d'action idéologique sur les masses :
radio, tv, presse et le système répressif décrit plus haut ».
« Je
crois que cette digression était nécessaire pour mieux nous faire
comprendre ce qui va suivre. Ceci nous montre donc, contre toute
attente, que la raison rn' est pas un fait entièrement acquis, Elle
est une lutte de tous les jours contre cette partie obscure de
nous-mêmes, et l'homme a tendance à
abandonner cette lutte, et est prêt à retomber dans
1'inconscient". Citons ici une pensée de Shaw : ""Je
n'hésite pas à croire que de nombreux individus se sentent
relativement mieux dans un état de contrainte que dans un état de
responsabilité personnelle (G. B. Shaw : « Man and Superman").
Vous
vous demandez peut-être : quel rapport avec le sujet qui nous
préoccupe ?
Il
est assez simple : l'homme qui glisse vers 1'inconscient
abandonne ses responsabilités aux autres. Laissons parler Jung :
« Sur la voie de l'inconscient on croit que la tâche à
résoudre peut être en toute tranquillité abandonnée "aux
autres" et, en fin de compte, à l'Etat
anonyme. Mais qui sont donc ces autres? A tout le moins, ils
devraient manifestement être des surhommes, puisqu'on prétend leur
faire accomplir ce dont chacun, dans son for intérieur, se croit
incapable. En fait, il s'agit de personnes pareilles à tout un
chacun, qui, pensent et sentent comme nous, mais qui , à tout le
mieux, sont passées maîtresses dans l'art d'abandonner une tâche
difficile aux autres, Et, en fin de compte, qu'est ce que l'Etat ? Il
est fait de la somme de toutes les nullités qui le composent. Si on
pouvait le personnifier, il serait représenter par un individu ou,
plutôt, par un monstre qui , du point de vue moral et spirituel se
situeraient bien au-dessous du niveau des individus qui le composent,
car l'Etat représente, à sa suprême puissance, la psychologie de
la masse. »
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