lundi 15 octobre 2018

Lignes N°57 Puritanismes: le néo-féminisme et la domination

Présentation Michel Surya

"Cet énoncé, donc : "re-puritanisation". Mais c'est masquer que toutes les sociétés aujourd'hui, capitaliste ou non, sont essentiellement puritaines déjà, chacune selon son ordre. C'est l'évidence s'agissant des sociétés à vocation religieuse, a fortiori fondamentaliste. Mais le fondamentalisme capitaliste est puritain aussi, en son essence, en l'essence de sa marchandise ( je l'ai écrit déjà, d'une façon qui m'a été reprochée, parce que j'aurais établi une équivalence mal fondée; je le maintiens cependant, quoique je n'y mêle aucune équivalence - d'ailleurs, Benjamin et Weber l'avaient eux-même dit, sans qu'on s'en offensât ni qu'on s'en offence - Serge Margel y revient ici).
la chose est donc plus complexe, et ce puritanisme-là, qu'on dira " nouveau " pour le différencier des traditionnels, soutient ( ou se soutient d') autre chose.
Posons donc, pour insister que l'une des opérations idéologiques les plus remarquables de la domination aura été d'avoir convaincu de la disparition des classes, et, par le fait, de la fin de leur conflictualité immémoriale. Si cette affirmation est acceptable ( et il n'est pas douteux qu'elle a été acceptée), il en résulte, les sociétés ne restant par nature pas longtemps sans conflictualité, que d'autres doivent occuper la place ainsi laissée vacante. C'est ce qu'on a aussitôt vu. C'est ainsi qu'on a vu que le prolétariat et la bourgeoisie,identités "politiques", ayant disparu, les identités "naturelles" allaient vite être invitées à réapparaître: des origines, des "races", des religions, des nations, des régions même, etc. reparaître aussi les identités d'essence administrative, séparant entre les "avec" et les "sans" papiers ( d'identité), les résidents et les migrants, les migrants eux-mêmes entre eux pour finir ( "politiques" ou "économiques"). Finie donc la guerre des classes, vive ( ou revive) les guerre des identités.

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