jeudi 18 octobre 2018

Tribune anarchiste communiste N°3 juillet 1970




Il résulte d'un débat animé par BARJONET et publié dans le N° 2 de la revue "Que Faire ?" que m~me si un certain nombre de mouvements de masse sont déclenchés·hors des appareils, la C.G.T. d'une manière générale les récupère dans la plus grande partie des cas quitte à se gauchir sur le moment Seule, la C.F.D.T. commence à compter dans certaines entreprises. Il faut conclure presqu'automatiquement que C.G.T. signifie : appareil du P.c. La tactique est toujours, en effet, de cantonner les revendications au niveau corporatiste. Les travailleurs se rendent compte que le P.C. freine les luttes. Ils admettent par contre fort ,bien que la C.G.T. soit la courroie de transmission du P.C.F. Tout dépend donc encore des positions de l'appareil réformiste du P.c.F.

Roger Garaudy écrit dans •Le Grand Tournant du Socialisme « on ne peut rien faire de valable en France sans le Parti Communiste. On ne peut rien faire de valable si ce Parti ne se transforme pas lui-même profondément »
Emmanuel Terray dans Que Faire" traduit cette proposition par : "Il est impossible de faire la Révolution avec le P.C.F. Il est également impossible de la faire sans lui. » Et d'ajouter que cette formule résume l'une des principales contradictions auxquelles se heurte le mouvement révolutionnaire"•

Nous savons - et nous y reviendrons dans le cours de ce texte- que toute·organisation ou parti qui a choisi d'agir dans le cadre du régime, quels que soient ses buts, joue un rôle dans l'échiquier de la politique de la bourgeoisie qui opère à tout moment une récupération.· Mais cela est un problème général et de fond.

la Charte d'Alger affirmait : (1964)
Le caractère du parti d'avant-garde n'est pas un état qui, une fois obtenu, ne se perd plus. Il exige un perpétuel effort sous peine de dégénérescence. L'aptitude à tirer à un moment donné de l'histoire une analyse juste concernant le combat du peuple et à lui ouvrir les perspectives de son développement ne constituent pas un brevet définitif de pureté révolutionnaire et d'efficacité politique. Un parti d'avant-garde doit sans cesse saisir la signification de ce qui na!t et se développe pour en tirer les enseignements politiques nécessaires. Il faut donc éviter de construire un appareil qui, exprimant au départ l'aspiration des masses se mette ensuite vivre d'une vie indépendante.

Les camarades yougoslaves disent que nul, (syndicat ou parti) n'a le droit de se substituer aux masses.

Mais cela pose un autre problème : Comment un parti de type bolchevique classique peut-il se modifier profondément au point de répondre aux exigences de la Révolution en France dans le sens de l'auto-organisation des masses ?
Subsidiairement, la même question pourrait-être posé ~ la Ligue Communiste (trotskyste) qui revendique aussi l'auto-organisation des masses sur le type •soviet• et qui pratique en son sein un centralisme outrancier.

Par contre, pour TERUEL, il n'y a pas eu en URSS, de "destruction des bases sociales conquises en Octobre 1917, ni de changement de classe dirigeante". Entendez par là que la propriété privée des moyens de production n'est pas rétablie en URSS et que la classe ouvrière serait toujours la classe dirigeant,, la bureaucratie. ayant seulement usurpé le pouvoir. De ce fait, la bureaucratie n'étant qu'une caste, il suffira l la classe ouvrière des pays de l'Est de reconquérir le pouvoir POLITIQUE 1 C.Q.F.D. !


Bakounine affirmait cette évidence dès 1876 et ARCHINOV écrivait dès 1924 •LEtat, construit, tout d'abord, soi disant pour la défense de la Révolution, finit infailliblement par être gonflé des nécessités spécifiques propres à lui seul, devient lui même le but, produit des castes privilégiées sur lesquelles il s'appuie, soumet les masses par force à ses nécessités et à celles des castes privilégiées et rétablit par conséquent le fondement de l'Autorité et de l'Etat capitalistes: l’assujettissement forcé, l'exploitation habituelle des masses.

Comme le rappelle.la Déclaration des 81 partis communistes et ouvriers de 1960, la différence fondamentale entre communistes et réformistes ne réside pas dans le fait que les réformistes seraient les seul$ à être pour des réformes, ce qui n'est pas du tout le cas. Cette différence réside dans le fait que, . . . les réformes ·réalisées dans le cadre du capitalisme constituent un but en soi - ce qui les conduit à renoncer à la lutte pour l'abolition du capitalisme - tandis que les communistes luttent résolument pour les réformes immédiates pouvant être obtenues dans le cadre de la société capitaliste, mais cela sans jamais renoncer l la lutte pour le but final, le Socialisme.

Ainsi, Jean GRAVE écrivait en 1910 : "Le parti socialiste révolutionnaire, lorsqu'il débuta après la Commune, se lança dans la lutte électorale sous prétexte de propagande à faire, se croyant sauvegardé par les considérant révolutionnaires de son programme où il était dit que la lutte électorale n'était qu'un moyen d'agitation, la révolution restant le seul moyen. d'émancipation du prolétariat. On sait. ce qu'il est advenu. Pris dans la lutte électorale, les considérant révolutionnaires se sont égarés en cours de route .. il n'est resté de révolutionnaire que l'étiquette, la conquête du pouvoir politique est devenue le vrai credo et l'on fait espérer aux travailleurs leur affranchissement par des lois protectrices et les élus socialistes collaborent aux mesures de répression que les ministères bourgeois prennent contre leurs électeurs.

"Comité pour la Grève du Vote" qui fonctionna au cours de l'année 1969. Il semble pourtant que certains marxistes révolutionnaires font encore une différence entre la participation à une élection et l’électoralisme, reprenant la thèse de l'agitation à l'occasion des campagnes électorales. Cette tactique est employée sans aucun succès car elle n'est pas comprise des masses à qui il est difficile d'expliquer en même temps que les élections ne servent à rien et qu'on s'y présente;ou qu'on se présente pour siéger dans une assemblée à qui on dénie toute valeur. Le débat n'est pas clos sur cette question.•

Pourtant, pour nous anarchistes, la violence de même que la non violence ne sont pas un principe. C'est la résistance de la bourgeoisie qui conditionne la violence ou la non violence de l'acte révolutionnaire.

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