samedi 6 octobre 2018

DECHRISTIANISATION Encyclopedie Anarchiste de Sébastien Faure




Faire cesser d’être chrétien ; enlever la qualité de chrétien. On pourrait penser qu'en notre siècle de science et de progrès le Christianisme n'est plus un danger. Ce serait une erreur car l'Eglise est encore puissante et c'est un devoir que de s'attacher à en amoindrir les effets. La déchristianisation est donc une oeuvre qu'il faut poursuivre.
Le christianisme repose sur une erreur ; il est possible qu'à une certaine période de l'histoire il ait eu son utilité, mais de nos jours il est périmé et ne répond à aucun besoin social, sinon à celui de la bourgeoisie qui l'utilise pour asservir le peuple et le maintenir en esclavage. « Nous nions le christianisme, comme nous nions les théories générales scientifiques du passé, comme nous nions la politique du passé, comme nous nions le régime des républiques d'Aristote ou de la monarchie de Louis XIV... Persuadé que la religion de l'Avenir ne sera pas la synthèse chrétienne, nous croyons que le respect superstitieux qui s'attache encore à la religion du passé est un des plus
grands obstacles aux progrès de tout genre que la Société doit faire » (Pierre Leroux).
En effet, le Christianisme, par son idéologie, par ses pratiques, perpétue ou cherche à perpétuer un état de chose qui n'est plus en rapport avec les aspirations du peuple ; d'autre part, il s'est sensiblement éloigné de la doctrine de Jésus et « celui » qui prêcha sur la montagne se refuserait à servir de base à la comédie qui se joue depuis des siècles autour de son nom. La déchristianisation est donc une œuvre d'utilité et de salubrité sociales. Pourtant il faut être juste et « rendre à César ce qui appartient à César ». Le christianisme n'est pas seul à corrompre la neutralité collective. Toutes les
religions ont une part égale de responsabilité dans le désordre moral et intellectuel des humains, Juifs, protestants, etc., etc., sont également les victimes des exploitants de la crédulité populaire, et déchristianiser les uns, sans libérer les autres du dogme qui pèse sur eux et les écrase serait un travail inachevé. Il faut combattre toutes les religions quelles qu'elles soient ; il faut ouvrir à la lumière tous les cerveaux plongés depuis si longtemps dans l'obscurité, sans omettre les religions modernes, les religions terrestres que sont le nationalisme et le parlementarisme.

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