Oubli,
sacrifice, abnégation. « On trouve l'intérêt presque partout, le
désintéressement presque nulle part » (Boiste). Le
désintéressement est la qualité de l'homme probe et sincère qui
n'accomplit pas une action pour en tirer un bénéfice particulier et
qui n'envisage que le but de cette action. Malheureusement le
désintéressement est de plus en plus rare et les hommes sont
tiraillés par de basses questions d'intérêts ; ils se déchirent
et se tuent pour de l'argent et ce qu'il y a de plus terrible, c'est
que certains d'entre eux, les plus forts et les plus puissants,
entraînent dans leurs disputes sanglantes des populations innocentes
et étrangères à leurs intérêts. Il n'y pas seulement le
désintéressement d'argent, qui doit être considéré comme une
qualité ; il y a aussi le désintéressement politique et social qui
peut être considéré comme une faute. Il existe un nombre
incalculable de gens qui ignorent totalement ce qui se passe à
travers le monde et qui sont tout étonnés le jour où ils sont
entraînés dans une catastrophe. Ils se désintéressent totalement
de toute question qui semble ne pas exercer d'influence immédiate
sur leur vie quotidienne sans comprendre qu'ils ne peuvent pas être
étrangers à l'action politique, économique et sociale de la
collectivité. Ce désintéressement-là est de l'égoïsme, car
celui qui s'en réclame n'aspire qu'à ne pas être troublé dans son
existence monotone, et, par sa passivité, il permet aux aventuriers
de toutes catégories d'exercer leur pouvoir au détriment de la
grande masse des asservis. S'il est bon et beau d'être désintéressé
au point de vue financier, il n'est pas moins utile et nécessaire
d'être intéressé au point de vue social et de rechercher les
causes de toutes choses. L'anarchiste doit apprendre pour savoir et
connaître et pour associer à l'abnégation de soi l'intérêt pour
tout ce qui touche ses semblables.
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