Discussion
sur l'autogestion
L’introduction
de « changer de cap » est signé de Georges Marchais. Dans le
passage concernant « Notre but : le socialisme » page 12, Marchais
précise :
«
Mais parlant de socialisme, il faut être clair. Il ne s’agit
pas, en effet, de présenter comme du socialisme de pseudo
réformes qui ne visent qu’à aménager le capitalisme, ou
bien de bavarder sur un prétendu « socialisme autogestionnaire
» tout en refusant de s’attaquer réellement à la
domination du grand capital financier.».
Juin
1972 : Le programme Commun de gouvernement du PCF et du PS est signé.
Dans le chapitre 1 de la deuxième partie à la page 111 «
L’extension des pouvoirs des
travailleurs », il y est noté : «
Lorsque les travailleurs de
l’entreprise en exprimeront la volonté et lorsque la structure de
l’entreprise en indiquera la
possibilité, l’intervention
des travailleurs dans et la direction de l’entreprise prendra des
formes nouvelles –que le Parti
socialiste inscrit dans la
perspective de l’autogestion et le Parti communiste français dans
le développement permanent de la
gestion démocratique- déterminée
par accord entre le pouvoir démocratique, la direction de
l’entreprise concernée et les syndicats.
» .
En
1973, dans son livre « Le Défi démocratique » G. Marchais écrit
page 182 : « Par exemple la conception que nous avons de la gestion
démocratique montre dès aujourd’hui que l’économie socialiste
en France connaîtra des formes d’autogestion
nouvelles
et originales. » En 1973, dans son livre « Le Défi démocratique
» G. Marchais écrit : « Si
l’autogestion veut dire démocratie dans l’entreprise, dans les
communes, dans la société, alors nous ne sommes pas contre. Mais si
cela signifie prétendre apporter des changements dans la gestion des
entreprises, sans les modifications structurelles nécessaires, sans
poser le problème de la propriété, alors l’autogestion n’a pas
de sens. »
-Paul
Laurent membre du secrétariat du PCF, déclare dans L’Humanité du
15 février 1974 : « Les
communistes ne craignent personne sur le terrain de la perspective
autogestionnaire. »
Georges
Marchais aborde une nouvelle fois le
sujet de l’autogestion. L’Unité pose la question suivante à
Marchais : « Pour
employer un mot qui fait encore problème au sein de la
gauche, le mot autogestion, des débats et des colloques sont
organisés sur ce thème. Le Parti communiste se déclare prêt à y
prendre part. Sur quelles bases ? » Georges Marchais fait
la réponse suivante :
«
Tout d’abord, je trouve curieux que les partisans de
l’autogestion, c’est-à-dire de la participation de tout
le peuple à la gestion des affaires, aient exclu de la discussion
sur ce problème le Parti communiste français, qui représente
plus de cinq millions d’électeurs. C’est une singulière façon
de s’affirmer pour l’autogestion. Cela dit, nous n’avons pas le
fétichisme des mots. Et à partir du moment où l’on admet qu’il
ne peut y avoir d’autogestion réelle sans l’exercice du pouvoir
politique par la classe ouvrière alliée aux autres couches
laborieuses, sans la propriété collective des grands moyens de
production et d’échange, sans une planification démocratique, à
partir du moment où ces principes fondamentaux sont
admis, de quoi s’agit-il ? De déterminer les formes de
gestion démocratique ? Les formes d’organisation de cette
gestion ? Nous sommes prêts à en discuter avec tout le
monde. Nous avons d’ailleurs publié des documents
sur cette question. Et nous aurions pu apporter dans la discussion
une expérience, puisque les municipalités communistes, sur la base
du contrat municipal adopté lors des dernières élections, ont
commencé à mettre en pratique des formes de participation directe
de la population à la gestion. »
Dans
l’introduction de ce chapitre page 373, Frank Georgi indique
l’existence de l’ouvrage de l’OCI « Les
marxistes contre l’autogestion » publié en
1974.
«
La “théorie” de “l'autogestion”
a été formulée et introduite au sein du mouvement ouvrier par les
agents de cette institution réactionnaire, grande
puissance spirituelle, mais très attachée aux biens de ce monde :
l'Eglise. » (…) « En tant que “théorie”,
“l'autogestion” est un bricolage idéologique qui ramasse toute
une série de vieilleries pré-marxistes, pour étayer cette
nouvelle forme de la doctrine sociale de l'Eglise, dont la logique
conduit au corporatisme. En vérité, “l'autogestion” est
une rouerie politique, une machine de guerre construite pour mettre
en cause l'indépendance de classe du prolétariat et tenter de
détruire le mouvement ouvrier. Il s'agit de détourner la classe
ouvrière de l'accomplissement de ses tâches historiques qui
consistent à s'emparer du pouvoir politique, à se constituer en
classe dominante, organisée et centralisée au moyen des conseils
ouvriers, des soviets, à instaurer la dictature du prolétariat ».
Toujours dans ce livre de l’OCI, au chapitre « Intérêt et
limite des coopératives ouvrières. » l’analyse suivante, qui
ne manque pas d’intérêt : « Pour mieux mettre en lumière le
contenu de “ l'autogestion ”, les rédacteurs de cet
ensemble de textes et d'articles ont insisté sur le véritable sens
et la véritable importance des coopératives ouvrières.
L'expérience des coopératives ouvrières prouve que les prolétaires
peuvent très facilement se passer des patrons et gérer leurs
propres affaires. Mais les coopératives n'émancipent pas la classe
ouvrière des rapports de production capitaliste. Elles sont soumises
aux lois du marché, à l'ensemble des lois du mode de production
capitaliste. Elles ne peuvent être le point de départ d'un nouveau
mode de production. Inévitablement, à l'intérieur de l'entreprise
coopérative resurgissent les vieux rapports, les anciennes
différenciations et, plus ou moins rapidement, ils transforment la
coopérative en une entreprise capitaliste comme les autres, à moins
qu'elle ne disparaisse purement et simplement. Si exceptions il y a,
elles se rapportent aux coopératives contrôlées par les syndicats
ou les partis ouvriers. Celles-ci aussi sont obligées de se
soumettre aux lois du marché, mais elles parviennent à se maintenir
comme coopératives authentiques parce qu'elles sont soumises en
contrepartie à une volonté politique qui émane des organisations
de classe du prolétariat. Cette volonté politique s'oppose au
mouvement spontané qui tend à transformer les coopératives en
sociétés capitalistes n'ayant d'autre but que la production de la
plus-value et la réalisation du profit. Il n'en est ainsi que parce
que la gestion coopérative est alors subordonnée aux objectifs
politiques généraux et fondamentaux du mouvement ouvrier. A y
regarder de près, l'exemple des coopératives confirme que le
prolétariat ne peut s'insérer à l'intérieur du mode de production
capitaliste et y faire son trou. Seule la lutte politique et
finalement la prise du pouvoir politique lui permet de marcher vers
son émancipation. »
Quand
« la Gueule Ouverte » se pose des bonnes questions sur
l’autogestion !
La
GO, de par son imprégnation des idées de la deuxième gauche est
favorable à l’autogestion, à la CFDT et au PSU (avec certaines
nuances au sein du comité de rédaction). Le n°252 de la GO du 14
mars 1979, annonce un entretien avec Patrick Viveret et Pierre
Rosanvallon sous le titre : « Espaces d’autogestion ».
L’entretien avec Viveret et Rosanvallon est publié en deux
parties. L’une est intitulée « Ruptures et transitions »
-pages 10-11-, l’autre : « Autosuffisance et protectionnisme
» -pages 11-12-. La première question posée au nom de la
GO est très intéressante elle indique une certaine clairvoyance et
une évolution vis-à-vis de l’autogestion et des deux auteurs
interviewés :
«
GO : Est-ce que l’autogestion n’est pas un concept
ambigu ? Dans un système qui reste marchand, et dans un
contexte de compétition économique et international,
l’autogestion d’unités de production autonomes risque de ne rien
changer à la logique de la marchandise. Est-ce qu’une
décentralisation des initiatives et des décisions ne permettra pas
au capitalisme de mieux fonctionner ? Il en va de même
pour les îlots d’expérimentation sociale qui peuvent très bien
entrer dans la stratégie actuelle du capitalisme. Chez
quelqu’un comme Rocard, dont vous êtes proches, est-ce
qu’on ne peut pas dire qu’il n’y a même plus d’ambiguité
dans la mesure où il reconnaît l’impossibilité d’une rupture.
Nous ne pensons pas la rupture uniquement à travers la
question de l’importance et du nombre des nationalisations,
mais plutôt vis à vis d’un mode de développement, vis à
vis du nucléaire civil et militaire, et plus globalement vis à vis
de la compétitivité. »
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