samedi 20 octobre 2018

Le Dialogue c'est la Mort




Article issu de L'injure Sociale N°4 et 5      Janvier 1978


Les Politiques, gauchistes, magouilleurs, arnaqueurs, journaleux, aiment à montrer qu'ils méprisent la révolte, ils ont dépassé ce stade, à coup de science prolétarienne de pseudo-théorie (d’idéologie). C'est un lieu commun chez eux: "un révolutionnaire n'est plus un révolté"•
Nous n'avons pas été les premiers à l'observer mais, il faut le répéter, le dénominateur
commun des diverses idéologies gauchistes et ultra gauche, c'est leur christianisme sous jacent.
Pas seulement dans leur puritanisme sexuel, dans leur morale rouge et leur esprit de sacrifice, mais également dans leur culpabilisation profonde.
Dès les premiers moments de sa rencontre avec le militantisme, la révolte du militant est bradée et l'explication est donnée au monde de cette révolte, et le pardon est demandé au monde (car le militant croit qu'il passe pour un révolutionnaire). Cette explication, ce pardon, ce repentir s'exprime par son attitude de brave militant, souriant, présentable devant les masses, capable de parler dans les assemblées, à la télé, d'être comme tout le monde quoi!!
Être homme du concret du programme, du projet de la Société future, radieuse, du Socialisme, de la destruction de l'état dans les limites du convenable pour les hommes de bonne volonté! Nous ne dénonçons pas, ici, !'UTOPIE mais, au contraire, par projet, nous comprenons le pragmatisme gauchiste, son manque d'imagination et de folie. Ce pragmatisme qui inhibe la révolte.
C'est même comique de voir les pantins, à force d'être au service de la révolution future, et de la préparer quotidiennement, de les voir avaler volontairement, les pires humiliations quotidiennes. Darien notait déjà dans le"· VOLEUR", cette attitude des Socialistes et anarchistes de son époque, de s'en prendre aux abstractions. alors que l'ennemi était devant eux bien · vivant ! (ils savent parfois, inversement, personnaliser un mal). Leur compréhension du monde, leur raison, leur théorie, n'est qu'un alibi, un obstacle aux passions, un appel à la patience et à l'abnégation Nous n'en voulons pas ! Mais comment cette culpabilité va se manifester? par les moyens de ce monde C'est la démocratie, le dialogue le besoin d'échange dans la société où règne l'échange. Même si formellement la démocratie est rejetée comme système de gouvernement le dialogue continu, inconsciemment, il leur faut s'expliquer. Or c'est seulement, selon nous, quand toutes les possibilités d'échanges sont brisées , que l'homme est en rupture avec la Société, c'est quand le langage n'est plus le même, que la rupture est entamée. Cette Société le sait, qui, par la bouche de COHN Bendit réclame le dialogue, nul plus que lui, dans les événements récents n'a symbolisé la volonté du Capital de "LAISSER PARLER"•
Ce qui affolent les dénonçeurs de goulags les July et cie c'est cette absence de dialogue qu'ils croient percevoir chez BAADER ; la disparition du discours provoque chez eux une peur panique. Il va renaître maintenant le discours sur "LA VIOLENCE HORS DE L'HISTOIRE"• Ce titre était celui d'une revue gauchiste en Avril 1968. C'est ainsi que toute cette horde démocrates va nous demander des indices de notre représentativité, ils vont nous cerner avec leur morale, ils vont nous comptabiliser (les bras nus étaient-ils si nombreux en 1793). Ils vont tenter de vider le contenu de notre violence.Le lien plaisir-révolte est à peine rétabli qu'i1s protestent et proposent en échange leur violence-démocratique. Car les gauchistes n'ont jamais été violents. Quand ils se battent c'est pour la DEMOCRATIE, pour cet état neutre de libre acceptation de l'esclavage dans le discours ,
Ils ne peuvent admettre que la terreur sera une réponse implacable au terrorisme quotidien du Capital. Il est dur d'admettre que le· mouton exploité deviendra un homme qui fera payer les petites et les grandes humiliations quotidiennes. Et c'est pour cela qu'ils nous prêtent leur propre soif de pouvoir, leur propre hantise de l'État. (en nous assimilant aux cambodgiens, à Staline, voir les articles de Libération). Car ironie de l'histoire, ce sont les anciens léninistes qui, encore inféodés aux vieilles organisations du prolétariat soumis, (les syndicats par exemple) nous reprochent leur propre tentation. Nous ne voulons pas déléguer nos pouvoirs" ni représenter, nous ne sommes pas des militants-du-désespoir, le désespoir ne se refile pas comme une vignette de la fête de l'humanité. Nous n'avons aucune machine de guerre, aucune machine mangeuse d'homme à proposer. .(qui d'un point de vue "militaire" pour l'heure serait une trop belle cible). nous sommes simplement parmi les premiers irréconciliables, ceux qui ne veulent ni discours, ni dialogue : le dialogue c'est la mort. Tout mouvement qui naît aujourd'hui ne pourra partir que sur ces prédicats sous peine d'être mort avant d'avoir vécu. De l'ouvrier soumis à l'homme révolté il y a un grand voyage. Ce n'est plus le même homme qui jadis courrait vers la pointeuse., Aujourd'hui, l'histoire, c'est l'histoire de ces milliers de voyages. Dans chaque soumis sommeille un terroriste, la terreur s'imposera avec nous Difficile à imaginer pour ces gauchistes desséchés. le vieux l'avait pourtant bien dit :

"LE CAPITAL EST UNE HORREUR SANS FIN NOUS LUI PREPARONS UNE FIN PLEINE D'HORREUR"•

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