Avec
ce mot on indique cette phase de l'évolution religieuse au cours de
laquelle les phénomènes naturels sont expliqués comme étant
l'effet de la lutte continuelle des esprits : les uns bons, les
autres mauvais, dont on imagine que le monde est peuplé. Le
démonisme est antérieur au polythéisme, puisqu'en lui les esprits
n'ont pas de nom, pas de forme humaine pas d'histoire personnelle, et
sont simplement adorés dans les arbres, dans les nuages, dans le
vent, etc. Quand ils acquièrent un nom, une forme humaine, et une
histoire personnelle, le démonisme se transforme en polythéisme et
en mythologie. Le démonisme est, donc, un aspect de l'animisme. Le
concept du démon est propre du dualisme religieux. Dualiste est la
religion de Zoroastre (religion de la Perse antique) qui attribue
tous les événements du monde à la lutte de deux puissances
contraires, primitives, éternelles, indépendantes l'une de l'autre.
D'après cette religion, à Ormuzd, auteur du bien, s'opposait
Ahriman, auteur du mal. Le Satan de la Bible est l'Ahriman juif. Dans
le christianisme persiste la conception du démon, commune à toutes
les religions orientales. Ainsi nous voyons Saint-Michel, la lance à
la main, terrassant le dragon, correspondre au très ancien Indra des
Indiens qui a à ses pieds le démon Vritra. Dans le monothéisme,
c'est-à-dire dans la croyance en un Dieu unique, la conception de la
divine puissance infinie, ne réussissant pas à se concilier avec
les contradictions de l'univers, s'est unie, illogiquement, avec ce
dualisme, qu'elle aurait dû éliminer, d'où il résulte que le
monothéisme est, dans ce cas, une forme du polythéisme ; Dieu et
l'anti-Dieu, c'est-à-dire Satan.
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