« Pas un train ou un métro
sur les rails, pas une lettre ou un télégramme qui passe, pas une
voiture ou pas une tonne de charbon qui sort, et partout, de la plus
petite à la plus grande entreprise, à la suite des facultés, les
usines, les bureaux, les écoles, toutes les cellules de la vie
sociale et économiques occupées. On verra même, indice de la
profondeur du mouvement, des footballeurs occuper le siège de leur
Fédération, des cadres occupés le siège d'une fédération
patronale et des instituteurs celui de leur syndicat. Seuls ont été
ignorés les organes de la vie politique , témoin ce jour où
40000étudiants passent devant l'assemblée nationale , où les
députés sont en séance, sans même lui accorder un cri hostile.
Les syndicats, les partis, tous les organes d'encadrement des
travailleurs sont débordés, vidés de tout pouvoir réel. »
« Une classe dominante qui
sent la situation lui échapper n'use pas de grenades lacrymogènes :
en mai-juin 68, il n'y a pas eu de situation véritablement
révolutionnaire. »
Un comité de grève :
«Ce ne sont pas les syndicats
qui ont démarré la grève. Ce sont des gens qui voulaient
violemment quelque chose. Les syndicats ont pris ensuite la grève en
mais et ils ont proposé les revendications habituelles. Ils ont
cassé un mécanisme et cela explique le fossé qui sépare le comité
de grève des employés en grève. »
« Cet exemple n'a pas été
perdu par les masses ouvrières. Elles en ont été profondément
frappées. Elles ont vu apparaître tout autre chose que la routine
des luttes syndicales pour des améliorations quasi automatiques du
niveau de vie. Sans doute, celles-ci ne sont pas sans intérêt dans
le pays du marché commun où, excepté l'Italie, les salaires sont
lezs plus bas , mais, confusément, les masses ont mis en avant
d'autres types de revendications qui, timidement, mettent en cause la
forme même de la société. Là aussi le rôle des jeunes a été
particulièrement important . Pas encore englués dans le système de
vie moderne , se sentant une solidarité avec les autres jeunes des
couches sociales voisines, n'ayant pas pas connu la guerre ni les
« victoires de 1936 », étant, parmi les travailleurs,
les plus menacés par le chômage, ils se sont sentis moins enclins à
obéir aveuglément aux mots d'ordre syndicaux, comme s'y sont
habitués leurs aînés et ont souvent rejoint les étudiants dans
leurs combats de rue et dans leurs désirs d'autodétermination, de
responsabilité individuelle. »
« Il n'est pas question de
décréter leur inanité de façon volontariste, mais un processus
est en cours où les divergences naîtront de l'affrontement
théoriques et pratiques à la réalité plutôt que des querelles de
mots entre chapelle ».
« Un certain nombre de
principes inspirent nos actions :
-la reconnaissance de la
pluralité et de la diversité dans le courant révolutionnaire.
-la révocabilité des
responsables et le pouvoir effectif des collectivités.
-la circulation permanentes des
idées et la lutte contre l'accaparement de l'information et du
savoir
-la lutte contre la
hiérarchisation.
-l'abolition dans la pratique de
la division du travail ( abattre les cloisons entre la travail manuel
et le travail intellectuel)
le refus de la mystification des
motions de censure, référendum, coalitions électorales, tables
rondes, délégation de pouvoir
-refus du dialogue avec le
patronat
-destruction du mythe de l'état
, arbitre au service de l'intérêt général.
-la gestion par les travailleurs
eux-mêmes de leurs entreprises, forme d'action qui ne peut être
pour l'instant spontanée mais que nous devons prôner comme une des
possibilités révolutionnaires. »
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