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Boyan Manchev, connectant et doublant Bataille et Baudrillard à la fois, le dit admirablement:
"un virus de puissance létale et de vitesse de propagation exponentielle est arrivé. Un virus: une forme de vie à la fois "primitive" et étrangement "hypermoderne" qui reflète les structures d'expansion technoéconomique actuelle, en les utilisant comme son véhicule...C'est pour cela que le premier effet du virus a été tellement spectaculaire, et "immatériel", de nos jours a été pétrifié devant l'image de son Double; son accès de panique est causé par la terreur devant son propre abîme."
Penser, ce que Manchev est l'un des rares à faire quoi qu'il en soit, c'est, en cette occasion effectivement événementielle, penser la viralité comme le pendant exactement de la pandémie capitaliste, mais échangeant leurs exposants. Pendant pétrifiant. Pétrification de Pan lui-même, pétrification de Niobé aussi bien: l'hypercapitalisme possiblement figé en statue de sel.
S'il en résulte quelque chose, ce ne sera certes pas une révolution - en même temps, qui sait si le mot "révolution" dit rien encore qui prédise ce qui peut arriver, encore moins qui le doit. Il y a si longtemps qu'on n'attend plus que rien n'arrive qu'on sait encore moins quel nom il conviendra de donner à ce qui arrivera -si quoi que ce soit arrive encore. Tout le temps qu'on a donné un nom à ce qu'on voulait qu'il arrivât - "communisme" fut ce nom réflexe, le plus souvent- on a empêché qu'arrivat quoi que ce soit qui n'eut pas de nom. Or rien n'arrive réellement qui ait un nom, tout ce qui a déjà un nom tout au plus "vient"-il , mais n'arrive pas. C'est le tort de Badiou de donner à ce dont il appelle la venue un nom connu (communisme), nom par lequel il prive la venue attendue de son caractère, selon lui, d'évènement. Ce qui arrive, par définition, diffère de ce qui vient, qui ne vient que parce qu'il est déjà venu. Par définition, n'a pas de nom connu.
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