"Sur la porte d'à côté, une pancarte: Attention, suicide possible. A surveiller. Un camé. Il a dix-neuf ans. Comme seule cure de désintoxication, le juge d'instruction lui a offert une cellule de huit mètres carrés. Loin de ses paradis artificiels, il vit un cauchemar. Il a déjà tenté de se pendre; le manque de came; le manque d'amour et de compréhension. Un camé, c'est un enfant qui gueule au secours; on ne met pas les enfants en taule, ils ne comprendraient pas pourquoi. Cette fois, il ne s'est pas raté. Son corps, dans un dernier sursaut, dit adieu à la mangeuse d'hommes. Le julot vient de s'envoyer en l'air, à côté de lui l'autre crève. Ils ont peut-être joui en même temps, à la seule différence que la mort est une maitresse fidèle qui ne quitte pas ses amants. Dans peu de temps, à la ronde de minuit, le maton va pousser un "merde" réprobateur, puis courir avertir ses chefs. Il n'a pas la clef des cellules pendant la nuit, pour la sécurité. Combien de minutes seront perdues? Cette fois, c'est trop tard, comme tant d'autres fois. La sécurité passe avant la vie d'un détenu. Mais peut-on empêcher un homme de se tuer? Non. Alors le réglement restera le même. Demain, la cellule sera vide, impersonnelle, nulle trace du drame de la nuit. Elle aura recraché le ptit camé. La prison tue les faibles et, même si elle ne les détruit pas tous, elle les marque de son empreinte pour toujours."
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