Cantique des cantiques
"Dans son cul fabuleux, j'oublie la mort, la vieillesse qui vient, le monde tout autour, la vie à gagner, la connerie de tout ça. Dans ce cul énorme qui me happe et m'engloutit, dans ce cul mon enfer, j'oublie l'enfer.
Pour un instant. Un tout petit instant. Quel instant! Le sait-elle, qu'elle est avant tout un cul, qu'elle n'est qu'un cul, le reste je m'en fous, donnez-moi ce cul et je me sauve avec, je cours, je le renifle en courant, je m'y plonge têtes et oreilles, je me dissous dans la délectable puanteur, mâché par les muscles puissants, qu'inondent les sucs des glandes carnivores. Terrible remugle de tribus cheminantes, fauves en rut, ammonique, litière, tripaille, menstrues, femme, femme, femme! Le sait-elle, seulement, la conne?
Sait-elle qu'elle est plus femme que toutes les femmes, c'est-à-dire cul, c'est-à-dire fente, plus fendue qu'une mendiante, plus puante qu'une reine, sait-elle qu'elle se donne comme aucune ne se donne, toujours prête, toujours béante, toujours ruisselante, sait-elle que devant elle le désir jamais ne s'assouvit, qu'il renait et renait, la queue n'en peut plus la tête attends, sait-elle que si putain n'était pas un métier maudit elle devrait être putain, putain et rien d'autre, je ne le dis pas en mauvaise part, ceci est un chant d'adoration."
"Qui donc baise pour la baise? Je veux dire pour frotter son truc dans un machin, et cracher sa purée, et pousser son cri? Qui? Pourtant, c'est ainsi qu'on en parle. Entre hommes. Dans le peuple. Peut-être ailleurs est-ce différent. J'en doute. Cette sacrée virilité, n'est-ce pas.
"Au départ", le grand désir, la faim, c'est le contact. Des doigts, de la peau, joue contre ventre, main dans cuisses, ventre contre ventre, joue contre joue, odeurs, chaleurs, élasticités, intimités...Intimités. Recherche éperdue de l'intime, voilà. Chiot se poussant de la truffe dans le tendre ventre de sa mère. "Ne faire plus qu'un", ce n'est pas la pénétration, c'est l'avant-pénétration. La plongée aux entrailles te tombe dessus en ouragan, tu humais palpais dégustais yeux fermés, que ça dure toujours, toujours, et tu as glissé va savoir comment dans le fourreau avide, le processus irréversible, est enclenché, tu ne peux qu'en moduler la vitesse jusqu'à l'explosion finale. Ce n'est pas le spasme qu'on avait en tête, c'est pourtant le spasme qu'on récolte. Je ne dis pas "dommage!", ce serait un peu poussé, j'ai quand même vaguement le sentiment d'être couillonné."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire