Lignes est une collection dirigée par Michel Surya
Article : La prolifération fasciste une perspective
métacritique de Boyan Manchev
« Il y a quelques
jours, lors d’une discussion à Strasbourg avec des amis du comité de rédaction
de Lignes autour des questions que
Michel Surya nous avait posées, nous avons évoqué l’article 35 de la
constitution du 24 juin 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est,
pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le
plus indispensable des devoirs’ ». Or l’insurrection n’est pas par
définition émancipatoire : la structure insurrectionnelle n’est pas
nécessairement juste. Il est grand temps de dépasser l’état immature du
romantisme révolutionnaire et d’opposer la tendance à concevoir l’insurrection
en tant que structure vide, la structure vide de l’évènement (messianique,
eschatologique). Il n’y a pas de politique sans substance, et la substance
historique est toujours complexe, elle relève d’un champ de forces où la
dynamique des partages et des déchirures excède toute hypostase de la logique
de la négativité, et de sa figure majeure – l’évènement de la Sortie.
Qu’est-ce qu’une
insurrection juste ? Qu’est-ce qu’une insurrection fasciste ? Or la tâche
critique n’est pas d’identifier toute insurrection comme juste mais de pouvoir
trancher entre l’insurrection émancipatoire et l’insurrection réactionnaire, ou
fasciste, pour pouvoir agir sur leurs conditions de possibilité. Posons donc
que la première tâche de la critique est non pas de donner réponse à une
question préalable, mais de reformuler les conditions de son articulation, pour
pouvoir donner ainsi lieu enfin à une autre question – à une question tout autre- qui n’aurait pas tant la
force d’une réponse que d’un acte, d’un acte juste. »
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