lundi 13 février 2023

Lignes N° 48 : Les attentats, la pensée

 Lignes est une collection dirigée par Michel Surya

Article :  La prolifération fasciste une perspective métacritique  de Boyan Manchev

 

« Il y a quelques jours, lors d’une discussion à Strasbourg avec des amis du comité de rédaction de Lignes autour des questions que Michel Surya nous avait posées, nous avons évoqué l’article 35 de la constitution du 24 juin 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs’ ». Or l’insurrection n’est pas par définition émancipatoire : la structure insurrectionnelle n’est pas nécessairement juste. Il est grand temps de dépasser l’état immature du romantisme révolutionnaire et d’opposer la tendance à concevoir l’insurrection en tant que structure vide, la structure vide de l’évènement (messianique, eschatologique). Il n’y a pas de politique sans substance, et la substance historique est toujours complexe, elle relève d’un champ de forces où la dynamique des partages et des déchirures excède toute hypostase de la logique de la négativité, et de sa figure majeure – l’évènement de la Sortie.

Qu’est-ce qu’une insurrection juste ? Qu’est-ce qu’une insurrection fasciste ? Or la tâche critique n’est pas d’identifier toute insurrection comme juste mais de pouvoir trancher entre l’insurrection émancipatoire et l’insurrection réactionnaire, ou fasciste, pour pouvoir agir sur leurs conditions de possibilité. Posons donc que la première tâche de la critique est non pas de donner réponse à une question préalable, mais de reformuler les conditions de son articulation, pour pouvoir donner ainsi lieu enfin à une autre question – à une question tout autre- qui n’aurait pas tant la force d’une réponse que d’un acte, d’un acte juste. »

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