11. Mais laissons de cote c ette premiere explication. Je crois Savoir ou qu’il vaut mieux dire que ce malheur vient de leur mauvaise fa¸con d’aborder les sciences; car si l’on considere la facon dont nous sommes instruits, il n’est pas ´etonnant que ni les ´ecoliers ni les maıtres ne deviennent pas plus intelligents, bien qu’ils deviennent plus savants. En verite, le souci de nos peres pour notre ´education et les depenses qu’ils y consacrent ne visent qu’`a nous remplir la tete de science, mais sans qu’il soit question de jugement ni de vertu. Dites de quelqu’un: « Oh qu’il est savant! » et d’un autre: « Oh le brave homme! ». La foule ne manquera pas de diriger son regard et son respect vers le premier. Il faudrait ajouter ici: « Oh la grosse tete! ». Nous demandons volontiers de quelqu’un: « Sait-il du grec ou du latin? ´Ecrit-il en vers ou en prose? » Mais qu’il soit devenu meilleur ou mieux avise, c’est la l’essentiel, et c’est ce qu’on laisse de cote. Il eut fallu s’enquerir du mieux savant, et non du plus savant.
12. Nous ne cherchons qu’`a remplir la memoire, et laissons l’intelligence et la conscience vides. De meme que les oiseaux vont parfois chercher du grain, et le portent en leur bec sans meme y toucher, pour en donner la becquee `a leurs petits, ainsi nos pedants vont grappillant leur science dans les livres, et ne la prennent que du bout des levres, pour la regurgiter et la livrer au vent.
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