vendredi 17 février 2023

L'entretien infini de Maurice Blanchot

 "L’homme, bien protégé entre les quatre murs de son existence familiale, laisse venir à lui le monde sans péril, certain de n’être en rien changé par ce qu’il voit et entend. La « dépolitisation » est liée à ce mouvement. Et l’homme de gouvernement qui craint la rue, parce que l’homme de la rue est toujours sur le point de devenir l’homme politique, se réjouit de n’être plus qu’un entrepreneur de spectacle, habile à endormir en nous le citoyen pour ne tenir éveillé, dans la demi-ombre d’une demi-somnolence, que l’infatigable voyeur d’images".

« la vie est une anarchie de clair-obscur… Rien ne s’y réalise jamais complètement et rien n’avance jusqu’à ses dernières possibilités… Tout s’interpénètre sans pudeur en un mélange impur, tout est détruit et brisé, rien ne fleurit jusqu’à la vie réelle… On ne peut la décrire que par des négations… » 

"L’ennui, c’est le quotidien devenu manifeste : par conséquent, ayant perdu son trait essentiel – constitutif – d’être inaperçu. Le quotidien nous renvoie donc toujours à cette part d’existence inapparente et cependant non cachée, insignifiante parce que toujours en deçà de ce qui la signifie, silencieuse, mais d’un silence qui s’est déjà dissipé, lorsque nous nous taisons pour l’entendre et que nous écoutons mieux en bavardant, dans cette parole non parlante qui est le doux bruissement humain en nous, autour de nous."


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