Préface à l'édition de 1888 : « En
1847, le socialisme signifiait un mouvement bourgeois, le communisme,
un mouvement ouvrier. »
« Le
prolétariat passe par différentes phases d'évolution. Sa lutte
contre la bourgeoisie commence avec son existence même ».
« Quand au
lumpen-prolétariat, ce produit passif de la pourriture des couches
inférieures de la vieille société, il peut se trouver çà et là,
entraîne dans le mouvement par une révolution prolétarienne ;
cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre
à la réaction. »
« Le
prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se
soulever, se redresser sans faire sauter toute la super structure des
couches qui constituent la société officielle ».
«L'ouvrier
moderne au contraire, loin de s'élever avec le progrès de
l'industrie, descend toujours plus bas, au-dessous même des
conditions de vie de sa propre classe. Le travailleur devient un
pauvre, et le paupérisme s'accroît plus rapidement encore que la
population et la richesse. Il est donc manifeste que la bourgeoisie
est incapable de remplir plus longtemps son rôle de classe
dirigeante et d'imposer à la société, comme loi régulatrice, les
conditions d'existence de sa classe. »
« Le
prix moyen du travail salarié, c'est le minimum du salaire,
c'est-à-dire la somme des moyens de subsistance
nécessaires pour maintenir en vie l'ouvrier en tant qu'ouvrier. Par
conséquent, ce que l'ouvrier s'approprie par son labeur est tout
juste suffisant pour reproduire sa vie ramenée à sa plus simple
expression. Nous ne voulons en aucune façon abolir cette
appropriation personnelle des produits du travail, indispensable à
la reproduction de la vie du lendemain, cette appropriation ne
laissant aucun profit net qui confère un pouvoir sur le travail
d'autrui. »
« Vous
êtes saisis d'horreur parce que nous voulons abolir la propriété
privée. Mais, dans votre société, la
propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses
membres. C'est précisément parce qu'elle n'existe pas pour ces neuf
dixièmes qu'elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de
vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut exister qu'à la
condition que l'immense majorité soit frustrée de toute propriété.
Dès
que le travail ne peut plus être converti en capital, en argent, en
rente foncière, bref en pouvoir social capable
d'être monopolisé, c'est- à-dire dès que la propriété
individuelle ne peut plus se transformer en propriété bourgeoise,
vous déclarez que l'individu est supprimé. Vous avouez donc que,
lorsque vous parlez de l'individu, vous n'entendez parler que du
bourgeois, du propriétaire bourgeois. Et cet individu-là,
certes,
doit être supprimé. »
« Nos
bourgeois, non contents d'avoir à leur disposition les femmes et les
filles des prolétaires, sans parler de la
prostitution officielle, trouvent un plaisir singulier à se cocufier
mutuellement. »
« Rien
n'est plus facile que de donner une teinture de socialisme à
l'ascétisme chrétien. Le christianisme ne s'est-il pas élevé lui
aussi contre la propriété privée, le mariage, l'Etat ? Et à leur
place n'a-t- il pas prêché la charité et la mendicité, le célibat
et la mortification de la chair, la vie monastique et l’Église ?
Le socialisme chrétien n'est que l'eau bénite avec laquelle le
prêtre consacre le dépit de l'aristocratie. »
«Une
autre forme de socialisme, moins systématique, mais plus pratique,
essaya de dégoûter les ouvriers de tout mouvement révolutionnaire,
en leur démontrant que ce n'était pas telle ou telle transformation
politique, mais seulement une transformation des conditions de la vie
matérielle, des rapports économiques, qui pouvait leur profiter.
Notez que, par transformation des conditions de la vie matérielle,
ce socialisme n'entend aucunement l'abolition du régime de
production bourgeois, laquelle n'est possible que par la révolution,
mais uniquement la réalisation de réformes administratives sur la
base même de la production bourgeoise, réformes qui, par
conséquent, ne changent rien aux rapports du Capital et du Salariat
et ne font, tout au plus, que diminuer pour la bourgeoisie les frais
de sa domination et alléger le budget de l’État. »
« Une
partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux anomalies
sociales, afin de consolider la société bourgeoise. Dans cette
catégorie, se rangent les économistes, les philanthropes, les
humanitaires, les gens qui s'occupent d'améliorer le sort de la
classe ouvrière, d'organiser la bienfaisance, de protéger les
animaux, de fonder des sociétés de tempérance, bref, les
réformateurs en chambre de tout acabit. Et l'on est allé jusqu'à
élaborer ce socialisme bourgeois en systèmes complets. »
« Rien
n'est plus facile que de donner une teinture de socialisme à
l'ascétisme chrétien. Le christianisme ne s'est-il pas élevé lui
aussi contre la propriété privée, le mariage, l’État ? Et à
leur place n'a-t- il pas prêché la charité et la mendicité, le
célibat et la mortification de la chair, la vie monastique et
l’Église ? Le socialisme chrétien n'est que l'eau bénite avec
laquelle le prêtre consacre le dépit de l'aristocratie. »
« Ce
socialisme analysa avec beaucoup de sagacité les contradictions
inhérentes au régime de la production moderne. Il mit à nu les
hypocrites apologies des économistes. Il démontra d'une façon
irréfutable les effets meurtriers du machinisme et de la division du
travail, la concentration des capitaux et de la propriété foncière,
la surproduction, les crises, la fatale décadence des petits
bourgeois et des paysans, la misère du prolétariat, l'anarchie dans
la production, la criante disproportion dans la distribution des
richesses, la guerre d'extermination industrielle des nations entre
elles, la dissolution des vieilles mœurs, des vieilles relations
familiales, des vieilles nationalités. »
« Une
partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux anomalies
sociales, afin de consolider la société bourgeoise. Dans cette
catégorie, se rangent les économistes, les philanthropes, les
humanitaires, les gens qui s'occupent d'améliorer le sort de la
classe ouvrière, d'organiser la bienfaisance, de protéger les
animaux, de fonder des sociétés de tempérance, bref, les
réformateurs en chambre de tout acabit. Et l'on est allé jusqu'à
élaborer ce socialisme bourgeois en systèmes complets. »
« Les
premières tentatives directes du prolétariat pour faire prévaloir
ses propres intérêts de classe, faites en un temps d'effervescence
générale, dans la période du renversement de la société féodale,
échouèrent nécessairement, tant du fait de l'état embryonnaire du
prolétariat lui-même que du fait de l'absence des conditions
matérielles de son émancipation, conditions qui ne peuvent être
que le résultat de l'époque bourgeoise. La littérature
révolutionnaire qui accompagnait ces premiers mouvements du
prolétariat a forcément un contenu réactionnaire. Elle préconise
un ascétisme universel et un égalitarisme grossier. »
C'est
pourquoi, si, à beaucoup d'égards, les auteurs de ces systèmes
étaient des révolutionnaires, les sectes que forment leurs
disciples sont toujours réactionnaires, car ces disciples
s'obstinent à maintenir les vieilles conceptions de leurs maîtres
en face de l'évolution historique du prolétariat. Ils cherchent
donc, et en cela ils sont logiques, à émousser la lutte des classes
et à concilier les antagonismes. Ils continuent à rêver la
réalisation expérimentale de leurs utopies sociales -.établissement
de phalanstères isolés, création de home- colonies, fondation
d'une petite Icarie , édition in-douze de la Nouvelle Jérusalem,.-
et, pour la construction de tous ces châteaux en Espagne, ils se
voient forcés de faire appel au coeur et à la caisse des
philanthropes bourgeois. Petit à petit, ils tombent dans la
catégorie des socialistes réactionnaires ou conservateurs dépeints
plus haut et ne s'en distinguent plus que par un pédantisme plus
systématique et une foi superstitieuse et fanatique dans
l'efficacité miraculeuse de leur science sociale. »
Prolétaires
de tous les pays, unissez-vous
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