vendredi 16 mars 2018

L'Europe des dix pays absents


 ouvrage de 1958

Article de Czeslaw Milosz (1911 – 2004 )

Poète, romancier, essayiste, traducteur polonais prix nobel de littérature 1980

« Pablo Neruda, prix Staline, a défendu, il y a quelques années à ses admirateurs hongrois de traduire de l'espagnol ses poèmes de la première période, c'est à dire, écrit avant 1936. Il les considérait comme trop marqués par la mélancolie, trop tristes, indignes d'être lus dans un pays qui connaissait la joie de vivre dans la grande époque stalinienne. »

(Anecdote issue de la guerre d'Espagne. Au moment où les troupes franquistes prenaient le pouvoir dans l'Espagne et au moment où les républicains et les anarchistes tentaient de quitter le pays qui tombaient aux mains des fascistes, les communistes faisaient en sorte de refuser l'accès aux bateaux aux anarchistes les condamnant de fait à la vindicte fasciste. Pablo Neruda fit parti de ces « sélectionneurs » communistes.)

« Mais combien de communistes sincères trouverait-on parmi les bureaucrates, les écrivains, les artistes, les étudiants des pays de l'est ? Une telle question ne doit pas être posée car elle est absurde : autant demander combien parmi les indiens du Mexique qui dansent le site du serpent ailé, sont sincères. La nouveauté du totalitarisme est exactement cela : il nous montre la dialectique des relations humaines. »

« Quarante ans après la révolution le système soviétique est un capitalisme d'état qui n'approche du communisme qu'à travers ses slogans officiels. »

« Le Marxisme vivant, on le chercherait en vain en Russie mais il n'existe pas non plus chez les socialistes occidentaux. »

« Ce qui fait son apparition maintenant c'est l'anarchiste par instinct un rebelle sans cause, sceptique quant à n'importe quel système social, un homme qui éprouve de la haine pour le mécanisme de la vie collective et dirait volontiers que la vie a d'autre sens que celui de l'impossibilité de la vivre. »




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