Jacques
a dit : “faites une loi” et tous les beaux esprits de
l’UMP au PS de s’exécuter. Dès février, Ferry, girouette comme
jamais, qui avait dit ne pas souhaiter une loi contre les signes
religieux ostensibles en sera le maître d’œuvre, histoire de se
faire un prénom et de rejoindre Jules au Panthéon de la république
bourgeoise.
En
fait de laïcité, nous assistons à une belle tartufferie. La loi en
question serait motivée par la volonté de lutter contre la
discrimination entre les sexes et contre l’oppression des jeunes
filles musulmanes et il faudrait marcher ?
Nos
laïcs de circonstance, adversaires de toujours de la laïcité, ont
fière allure eux qui tolèrent parfaitement l’existence d’écoles
religieuses, véritables fabriques d’obscurantisme qu’ils
contribuent à financer sur des fonds publics.
Les
a-t-on entendus une seule fois protester contre les violences envers
les femmes non seulement à l’école, mais aussi au travail et dans
la rue ? Les jeunes filles musulmanes voilées en dehors de l’école
publique, où les mariages forcés avec retour au pays, cela ne les a
jamais empêchés de dormir.
Quand
on vous dit que ce sont des tartuffes.
Quant
à l’égalité entre les sexes, parlons-en. Côté machisme, l’État
sait faire aussi bien que le patronat. Même dans les administrations
où les femmes sont majoritaires (Éducation nationale, Finances),
plus on monte dans la hiérarchie, moins il y a de femmes. Elles ne
sont que 10 % dans l’encadrement supérieur. Quel que soit leur
corps administratif, elles font l’objet d’une notation moins
favorable et leur déroulement de carrière est plus long que celui
des hommes, etc.
On
l’a bien compris, la loi pour l’interdiction des signes religieux
ostensibles ne sera en rien une loi laïque. Elle vise d’abord à
instrumentaliser les peurs en constituant une promesse d’exclusion
pour celles et ceux qui voudront se rassurer et ne croient pas que le
dialogue permette d’allier le vivre ensemble et la fermeté sur les
principes de la laïcité.
Elle
sera une négation de la laïcité qui stipule que l’école
accueille tous les enfants quelle que soit leur origine ou leur
religion quand ils en ont une. Elle (re)mettra la religion au cœur
de l’école publique en développant l’enseignement du fait
religieux et de l’histoire des religions.
Elle
continuera à accepter la présence des religions catholique,
protestante et juive dans les écoles de Moselle et d’Alsace en
vertu d’un Concordat qu’il n’est pas question de dénoncer.
Elle
fera diversion en masquant une offensive aussi dangereuse pour la
laïcité et la liberté de conscience que celle des religions...
celle des entreprises. Des entreprises qui seront au cœur de la loi
sur l’école qui suivra le “grand débat" du même nom.
Chirac
n’a pas retenu l’interdiction des “ signes politiques
ostentatoires ”mais gageons que ce ne soit que partie remise.
Être
laïc, ce n’est pas défendre l’école et la société telles
qu’elles sont au nom d’une république de plus en plus
oppressive. Si l’école républicaine et laïque a permis de
généraliser l’instruction et de faire reculer l’analphabétisme
et l’obscurantisme religieux, elle sert aussi à reproduire les
inégalités et n’a pas pour objectif l’émancipation
individuelle et sociale dans la mesure où elle fonctionne comme un
moule dans lequel il faut se couler au mépris du développement de
l’esprit critique.
C’est
pourquoi, pour les libertaires, l’éducation doit conduire à
l’épanouissement de l’individu, à son autonomie, au
développement de son sens critique, pour parvenir à ces objectifs
il est nécessaire de rompre tant avec les religions, qu’avec le
capitalisme.
Ni
loi, ni religion
Ni
Dieu, ni maître, plus que jamais
Alternative
libertaire, le 20 décembre 2003
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