dimanche 11 mars 2018

L'Europe des dix pays absents partie 2 de Sydney Hook



Il cite Lénine :

« La direction de l'usine généralement fondée sur le principe de la responsabilité d'un seul doit exercer son autorité de « façon indépendante » afin de fixer et de répartir les salaires, les rations, les vêtements de travail et toutes les autres fournitures sur la base et dans les limites des conventions collectives conclues avec le syndicat. La direction doit bénéficier d'une liberté absolue de manœuvre, exercer un contrôle strict des succès obtenus en matière d'augmentation de production, de l'accroissement des profits, recruter avec soin les membres du personnel administratif parmi les individus les plus qualifiés et les plus capables etc... »

Puis il continue

« Dans ces conditions, toute ingérence directe des syndicats dans la direction des usines doit être considéré comme réellement nuisible et ne peut être permise ».

Puis Lénine précise le rôle des syndicats :

« Etant une école du communisme sur le plan général, les syndicats doivent être, sur le plan particulier, une école à laquelle toute la masse ouvrière et finalement tous ceux qui travaillent, apprendront l'art de gérer l'industrie ( et peu à peu aussi l'agriculture) socialiste. Les syndicats doivent familiariser les travailleurs avec tous les aspects de la vie économique et tous les détails de la gestion industrielle – depuis l'achat de matières premières, à la vente de produit – et leur donner une idée de plus en plus concrète du plan d'ensemble, de l'économie socialiste élaborée par l'état, et de l'intérêt pratique qu'ont les ouvriers et les paysans à l'application de ce plan ».

Sydney Hook cite Edvard Kardelj :

« Les êtres humains ne devraient pas, dans un système socialiste, devenir les esclaves de l'appareil étatique quel que soit l'intérêt supérieur invoqué ».

Edvard Kardelj est un journaliste, économiste et homme politique Yougoslave, né le 27 janvier 1910 et mort le 10 février 1979.
Membre du parti communiste à l'âge de seize ans, Kardelj fonde et dirige le Front de libération branche slovène des Partisans qui lutte contre l'occupant nazi durant la seconde guerre mondiale. Après la fin du conflit, il devient un responsable important de la Yougoslavie communiste ; il occupe le poste de ministre des affaires étrangères de 1948 à 1953. Il est le principal théoricien du modèle autogestionnaire yougoslave – volte idéologique du titisme » - et joue un rôle majeur dans la rédaction de la constitution de 1974.
Après sa mort, en 1979, l'université de Ljubljana est rebaptisée « université Edvard Kardelj de Ljubljana en son honneur. Elle conserve ce nom jusqu'à l'indépendance de la Slovénie en 1990.

Ça recoupe ce que les Anarchistes ont toujours senti c'est quoi que l'on dise et qui que ce soit aux commandes, une dictature reste une dictature. Et qu'elle soit prolétarienne n'arrange rien.

Lorsque nous lisons « Le syndicalisme en Europe de l'est » nous comprenons, à la lumière de ce que nous venons de lire, que Lénine ne voulait construire qu'un parti très fort dont toutes les composantes devaient se rallier au programme et à toutes les institutions que le parti avait mis en place.

Donc il n'était plus question du « pouvoir absolu des soviets », il fallait que le pouvoir dérive des soviets à un autre organisme qui allait devoir obéir au parti bolchévique. Les communistes ont donc investi les syndicats. Il n'était donc plus question pour les syndicats de défendre les ouvriers mais simplement de faire appliquer ce que le parti avait décidé : augmentation des cadences, interdiction de grèves, etc...

Nous comprenons aussi que Staline, gros paysan, n'a rien inventé. Il n'a juste eu à se servir de ce que Lénine et Trotsky avaient construits. Il est resté dans l'ombre de ces deux hommes assez longtemps pour mettre ses amis les uns derrière les autres. Et après la mort de Lénine, il ne fallait plus que de se débarrasser de Trotsky.

Pour en revenir à la dictature du parti, la fin des soviets était quelque chose que les soldats, les âmes de la révolution d'octobre, était inacceptable : les marins de Kronsdatd. Ils l'ont payé de leur vie, sans aucune aide, car pouvait-on imaginer que le parti des travailleurs, ceux qui les avait libéré du joug des Tsars, ne leur enlève ce rêve fabuleux.

Ce fut un massacre qu Emma Goldmann, venue les soutenir, a rapporté de son voyage à Léningrad.

Pour conclure, dans la CGT française, contaminé par les idées communistes, largement influencée par les décisions du Komintern, en a un peu de cette façon de vouloir que ce soit l'organe dirigeant qui prend les décisions. Tout le pouvoir aujourd'hui est concentré à Montreuil, au siège de la confédération, puis des fédérations. Tout le reste n'est que courroie de transmission. On apprend aux syndiqués à ne pas penser par eux mêmes, à obéir.

La suite de cette organisation pyramidale est la défaite successive de tous les mouvements sociaux puisque c'est la confédération qui segmentes les mouvements. Que pense la CGT : il est inadmissible de perdre un mouvement unitaire de longue haleine, nous jouons les victoires corporatistes.

Mais, dans tout cela, au final et pour le monde ouvrier , les défaites collectives sont plus destructives et démobilisantes que ces petites victoires.

Władysław Gomułka né le 6 février 1905 à Krosno en Galicie, mort le 1 septembre 1982 à Varsovie est un homme d'état polonais. Il dirigea la République populaire de Pologne de 1956 à 1970
Ouvrier à 14 ans, il adhère en 1921 au Parti socialiste polonais qu'il quitte en 1926 pour le Parti communiste polonais clandestin où il s'occupe de syndicalisme. Il est élève à l'École internationale Lénine à Moscou. En prison de 1932 à 1934, puis de nouveau en 1936, pour atteinte à la sûreté de l'État, il s'évade en septembre 1939, participe à la résistance polonaise, puis, en novembre 1943, il est secrétaire général du Parti Ouvrier Polonais (POP) clandestin1. En 1945, vice-président du Conseil des ministres et ministre des «territoires recouvrés» (sur l'Allemagne vaincue), il définit «une voie polonaise vers le socialisme», rejetant la collectivisation des terres. En 1947, il est élu secrétaire général du Parti ouvrier unifié polonais (POUP) par le comité central. Écarté pour «déviationnisme et nationalisme» il est démis de toutes ses fonctions, exclu du POUP en 1948, et arrêté en 1951. Il est libéré en 1954, et réhabilité à la suite de la proclamation de la «coexistence pacifique» et des «voies nationales vers le socialisme» par Khrouchtchev lors du Xxe congrès du PCUS.
En octobre 1956, il est élu premier secrétaire du comité central. Il mène par la suite un putsch en douceur avec l’appui de l’armée et de la majorité du parti polonais. L’URSS mobilise alors l’Armée rouge pour marcher sur Varsovie, mais recule en novembre après avoir reçu l’assurance que le gouvernement Gomułka ne serait ni anticommuniste ni anti-soviétique2. L'«Octobre polonais» a eu lieu quelques semaines avant les évènements de 1956 en Hongrie qui ont commencé par les manifestations de soutien aux Polonais à Budapest, place du général Josef Bem (un général polonais, commandant des légions polonaises en Hongrie (pl) en 1848). Il libéralise partiellement son administration et procède à la dé-collectivisation des terres; il s’entend également avec l’épiscopat pour permettre l'instruction religieuse aux enfants, la liberté du culte et la libération du cardinal-primat Stefan Wyszyński. L’avortement est légalisé et devient accessible gratuitement3.
Voulant concilier l'indépendance avec l'amitié soviétique, il perd des appuis, et la crise politique de 1968 au cours de laquelle il expulse les Juifs du Parti ouvrier unifié polonais lui est fatale. Il est remplacé par Edward Gierek, en décembre 1970, après les émeutes consécutives à l'augmentation des prix. Il meurt à Varsovie, le 1er septembre 1982. Son épouse Zofia est décédée en 1986 à 84 ans.


« Gomulka hésite à donner plus de pouvoir aux conseils ouvriers et aux conseils du peuple, car il craint par dessus tout que ceux-ci n'échappent à l'influence du parti communiste dont la position privilégiée est absolument nécessaire, à son avis, à l'établissement du socialisme. Comme si il avait conscience que tous les éléments qui mènent la Pologne au socialisme pourraient l’entraîner si on leur permettait de se développer hors de l'influence du Kremlin, et comme pour rassurer l'inquiétude des Russes, il attaque ceux qu'il appelle des « révisionnistes » et qui sont en réalité des socialistes démocrates de formation occidentale, plus violemment encore que les dogmatistes et les conservateurs du régime stalinien. »

Aucun commentaire: