Dans ces textes, on étudie le parcours de Georges Sorel et surtout, on cherche à comprendre comment on peut passer de l'étude du syndicalisme révolutionnaire, passé de Tocqueville à Renan, côtoyé Barrès et Maurras, chercher dans les textes de Marx des vérités pour les ouvriers et le monde prolétarien.
En fait, où est le chemin de la liberté pour le monde ouvrier? Comment va-t-il s'émanciper?
Georges Sorel , comme tous les penseurs, a erré sur différents chemins, s'est peut-être perdu à un moment, mais c'était un homme. Et comme chaque homme, il a des côtés sombres, de la lumière, mais si il était parfait, il aurait été un ange et un Dieu, et Dieu n'existe pas.
« A corporatisme
mussolinien, à sa tentative d'encadrement de la classe ouvrière
répond l'exaltation sorélienne de l'autonomie des organisations
prolétariennes. Sorel a clairement opposé le corporatisme -formule
anachronique – aux syndicats et coopérative contemporains. »
« Sorel exècre par dessus
tout la « démagogie » des hommes politiques qui
prétendent parler au nom de l'intérêt général et de la volonté
nationale, dissimulant ainsi les intérêts réels des groupes
sociaux et des clientèles électorales. »
« Il
faut prendre son parti de l'avachissement général du socialisme,
écrit-il en 1906 a Lagardelle, et chercher si
nous ne nous sommes pas gravement trompes quand nous avons eu
confiance dans le bon sens populaire. Nous avons trop suivi les
conceptions de Rousseau. L'homme n'a aucune conscience naturelle du
vrai, du juste, du beau... quand on va au fond de l’âme populaire,
on trouve le servilisme royaliste, le ritualisme catholique et la
niaiserie humanitaire qui ont été déposés par l’éducation et
qui ne peuvent disparaître que par un long travail de critique et de
renouvellement. »
« Le
Français restait persuadé que l’État avait la charge d'assumer
son bonheur; les économistes les plus orthodoxes ne se gênaient pas
pour frapper a la porte du Trésor public et pour solliciter des
concessions. »
« Mais
de l'Inquisition a la justice royale, et de la justice royale a la
justice révolutionnaire, il y avait eu constamment progrès de la
doctrine d’État « dans le sens de l'arbitraire des règles,
de l'extension de la force et de l'amplification de l’autorité »
« Il
ne serait pas non plus mauvais que tous ceux qui sont tentes de faire
de Sorel le théoricien de la violence fasciste méditent ces lignes
: car la violence fasciste est bien avant tout une violence contre
les personnes ; et des qu'elle le peut, elle se transforme en
violence d’État. »
« La
critique de Sorel contre la législation du travail et contre
l'intervention de l’État dans le milieu
syndical est d’ordre pédagogique. Sorel craint que la diffusion de
formes de négociation dans lesquelles l'interlocuteur des syndicats
n'est pas le patronat mais l’État puisse ôter a la culture
ouvrière sa propre spécificité. Il pense également que les
conflits sociaux, indispensables a l’affirmation de la liberté des
institutions prolétariennes et diriges par des ouvriers autonomes,
peuvent être remplaces par des ≪ troubles ≫ provoques par les
ouvriers pour convaincre l’État « de faire aboutir leurs
réclamations »
« On
peut repérer deux conceptions de la démocratie chez Sorel. Selon la
première, la démocratie coïncide avec les institutions
démocratiques, a savoir le parlement, l’éducation publique et la
professionnalisation de la politique, autant de formes que Sorel ne
cesse de fustiger, même dans sa période « démocrate ».
Selon la seconde conception, la démocratie est conçue comme un
mouvement spirituel et idéal, qui coïncide moins avec l'affirmation
progressive de l’égalité sociale – comme dans l’interprétation
de Jaures – qu'avec l'extension progressive de la liberté
individuelle et de la liberté des groupes sociaux. C'est cet esprit
de la démocratie que doit réaliser le socialisme, dont la tache
consiste aussi bien a affirmé les principes de la justice
redistributive et de l’égalité que la défense de la liberté
individuelle. »
« Selon
Sorel, la démagogie comme technique du gouvernement aurait ainsi
complètement étouffé l’ « idéal » de la
démocratie ; les institutions démocratiques seraient au service de
politiciens démagogiques. Les institutions démocratiques s'opposent
des lors aux institutions prolétariennes. Quant a l’idéal de la
démocratie, il est remplacé par la notion de mythe, et plus
précisément par le mythe de la grève générale. »
« Si
pour Tocqueville les mœurs démocratiques ne peuvent a la longue que
produire des institutions démocratiques, pour Sorel ces deux
instances sont en réalité en opposition. Le fonctionnement des
institutions démocratiques affaiblit la puissance autonome des
mouvements sociaux ; et la démocratie vise a imposer la paix sociale
pour garantir l'ordre établi. »
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