Il
y a deux sortes de Bourses : les Bourses des valeurs et les Bourses
de
Commerce.
1°
BOURSE DES VALEURS. - La Bourse des valeurs est le lieu où s’opèrent
les négociations, les transactions les spéculations qui déterminent
les cours des changes des marchandises, des assurances, du fret, des
transports, des effets publics ou privés.
La
Bourse des valeurs est placée sous le contrôle des Agents de
Change, réunis en Compagnie. La Compagnie des Agents de Change
désigne un Syndic qui la représente et est responsable de la bonne
tenue de la Bourse. Seuls, les Agents de change ont le droit de
négocier les achats et ventes sur le marché officiel ou parquet.
Pendant la durée de la Bourse, chaque jour, sauf les jours fériés,
les Agents de change se tiennent au Parquet, d’où ils dominent la
Bourse. Le cercle absolument fermé qu’ils forment ainsi entre eux
s’appelle la corbeille. C’est le marché officiel. Dans
d’autres locaux de la Bourse, se tient le marché libre, où
opèrent les coulissiers, banquiers, remisiers, intermédiaires et
changeurs. Les valeurs qui se négocient à la Bourse sont ou
non inscrites à la Cote Officielle ou Bulletin des Cours,
dans des conditions variables, selon qu’il s’agit de valeurs
nationales ou étrangères. L’inscription à la Cote est très
importante. Seules, ou à peu près, les valeurs classées, solides y
figurent. Une valeur non inscrite est généralement considérée
comme un titre peu sérieux, peu solide, sur lequel il est bon de
réfléchir avant de l’acheter (ce qui, bien entendu, ne signifie
pas que les valeurs cotées soient sérieuses, solides ou de tout
repos). Les opérations qui s’effectuent en Bourse sont de deux
sortes : le terme et le comptant.
Les
opérations à terme constituent le marché fermé. Celles qui se
font à primes sont traitées au marché à primes.
Opérations
à terme ou au comptant. - C’est-à-dire que ces opérations
ont lieu avec ou sans stipulation de délai, suivant qu’il s’agit
de terme ou de comptant, tant pour le payement que pour la remise des
titres.
Opérations
à terme. - Dans les opérations à terme, l’une des parties
conserve le droit de se dégager du marché conclu, en payant un prix
convenu, appelé prime. Dans les marchés fermés, la perte peut être
sans limite. L’acheteur évite cette perte possible en renonçant à
l’opération engagée. Sous réserve de versement d’un dédit
appelé « prime ». - Ce droit n’appartient qu’à l’acheteur
seul. - Le vendeur ne peut limiter sa perte, à moins de se faire
lui-même acheteur de « primes » d’une valeur égale. Une prime
est d’autant plus élevée que la date de réalisation du contrat
est moins rapprochée.
Les
opérations à terme ne sont réalisées qu’à une date ultérieure
fixée par les parties et à l’avance. La réalisation prend le nom
de liquidation. Aux dates fixées pour les échéances, vendeurs et
acheteurs doivent remplir leurs obligations réciproques ou convenir
d’accord d’un nouveau délai de réalisation. Ce nouveau délai,
qui fait l’objet d’une convention qui proroge l’ancienne prend
le nom de report. Il prend le nom de déport si l’opération est
payée par le vendeur. Si, au contraire, c’est l’acheteur qui
sollicite le délai, il conserve le nom de report.
Report
et déport donnent lieu à des opérations assez compliquées. Le
report se produit lorsque les acheteurs ne pouvant payer les titres
achetés sont plus nombreux que les vendeurs ne pouvant livrer les
titres vendus. Le second cas, le déport, est l’inverse du
précédent. De cette façon, acheteurs et vendeurs se font ce qu’on
appelle « la contrepartie » pour le plus grand nombre de
transactions engagées. Il ne reste alors qu’un solde à la charge
du vendeur ou de l’acheteur pour la réalisation duquel les
intermédiaires s’adressent à des tiers qui s’occupent de ce
genre de placement particulier. Cette opération constitue une espèce
de prêt sur titres.
Les
autres opérations de Bourse sont le cours (titres et monnaies), la
vente à découvert, la spéculation, l’arbitrage, l’agio,
l’agiotage, le change, le pair, vente et achat des devises.
Cours.
- La constatation officielle du cours s’opère au moyen de
l’établissement d’un Bulletin officiel de la Bourse, qui prend
le nota de cote, quand il s’agit de fonds publics (ou de prix
courant lorsqu’il s’agit de marchandises :Bourses de Commerce).
Les
cours varient selon que les opérations sont faites au comptant ou à
terme.
Le
premier cours n’est rendu public qu’après la fermeture de la
Bourse. En fait, il est toujours connu pour permettre la spéculation.
Le dernier cours, qui est plutôt conventionnel, est déterminé par
la Chambre des Agents de change.
On
obtient le cours moyen - qui sert pour les opérations qui se feront
jusqu’au premier cours du lendemain - en totalisant le premier et
le dernier cours et en divisant la somme par deux.
Il
y a aussi le cours de compensation qui est fictif. Il sert de base de
règlement entre acheteurs et vendeurs qui continuent leur opération
d’une liquidation sur l’autre en se faisant reporter. Il clôt le
compte de Liquidation écoulé et fixe le point de départ de la
nouvelle liquidation.
Vente
à découvert. - Vente de valeurs qu’on ne possède pas au
moment de la vente et qu’on espère acquérir pour la date de
livraison. Souvent ces opérations, non réalisées, donnent lieu à
contestations et procès.
Spéculation
et arbitrage. - La spéculation est une opération qui a pour but
de faire monter ou baisser exagérément le cours des valeurs ou des
marchandises pour s’en débarrasser ou les acquérir avec profit.
L’arbitrage est une opération par laquelle un banquier ou un
commerçant cherche à utiliser les écarts de prix sur une même
marchandise ou une même valeur sur des marchés différents.
L’arbitrage peut également s’appliquer aux effets de commerce,
aux monnaies et métaux précieux, aux diamants, etc...
Supposons
que le papier, par exemple, soit bon marché à Paris et qu’il ne
soit que bon marché relatif à Berlin ou à Amsterdam : le banquier
pourra acheter des effets de commerce sur Berlin ou Amsterdam et il
achète sur ces places du papier qu’il revendra à Paris, il fera
baisser le papier sur l’une des deux places. Les arbitrages
prennent encore la forme d’opérations à terme sur marchandises.
Pour les céréales, café, coton, etc., le commerce y recourt chaque
jour.
Agio.
Agiotage. - L’agio est la différence qui existe entre la
valeur nominale et la valeur réelle des monnaies. C’est aussi le
bénéfice qui résulte de l’échange des valeurs. On donne le nom
d’agio à la spéculation sur les effets publics.
L’agiotage.
- Contrairement à la spéculation, qui est considérée comme
une opération régulière, l’agiotage est un pari où les joueurs
trichent s’ils le peuvent. On traite généralement à terme avec
l’espoir de ne pas prendre livraison des valeurs ou marchandises
achetées ou avec l’intention de ne pas vendre ce qu’on a rendu
et qu’on ne possède souvent pas.
Change.
- Le change dépend au mouvement des affaires entre les
principales places de commerce, c’est-à-dire de l’offre et de la
demande du papier. Les variations des cours du change donnent
naissance à l’arbitrage. Pour se rendre compte de la valeur du
change public chaque jour, il faut connaître le pair, qui indique la
valeur des étalons monétaires de chaque pays, par rapport à la
valeur de l’étalon du pays où on se trouve.
Il
y a deux sortes de change : le change manuel ou local, qui se fait de
la main à la main, sur une même place, à la même heure, et le
change tiré, qui s’opère par lettre de change.
En
dehors des Agents de change qui opèrent au marché officiel, fermé,
il y a les coulissiers, changeurs, qui effectuent des opérations sur
le marché libre. Ils emploient eux-mêmes des courtiers et remisiers
qui servent d’intermédiaires entre eux et les clients.
2°
BOURSES DE COMMERCE. - Les Bourses de Commerce sont le lieu où se
traitent : la vente des matières métalliques, la vente des
marchandises de toutes sortes, les assurances maritimes, les effets
publics.
Ces
opérations peuvent être classées en deux grandes catégories : les
négociations sur les marchandises et les négociations sur effets
publics. II convient donc de distinguer entre les Bourses de
marchandises et les Bourses d’effets publics.
Dans
les Bourses de marchandises, les intermédiaires qui servent à la
conclusion des marchés sont des courtiers. Ils jouent un rôle
analogue à celui des Agents de change. Ils n’agissent toutefois
pas pour le compte des clients, ils se bornent à prêter leur
entremise, à mettre en relations acheteurs et vendeurs. Les
résultats des opérations faites dans ces Bourses, le caractère des
demandes et des offres, déterminent le cours des marchandises.
*
* *
De
même que la Bourse des valeurs permet toutes sortes de transactions
plus ou moins licites, la Bourse de Commerce permet des opérations
de spéculation qui ont souvent de redoutables conséquences
économiques. Ce sont ces organismes qui, pour l’achat à terme,
permettent aux spéculateurs de stocker et de réaliser sur le dos du
public des bénéfices scandaleux. Tantôt, ils provoquent la
raréfaction, tantôt ils jettent sur le marché des quantités
énormes de marchandise, ce qui provoque des crises de prix dont le
consommateur fait tous les frais.
A
plusieurs reprises, notamment à Paris, le gouvernement ordonna la
fermeture de la Bourse de Commerce, véritable officine d’agiotage
au lieu d’être un régulateur des cours sur des bases raisonnables
correspondant aux disponibilités et aux besoins en marchandises.
La
Bourse des valeurs et la Bourse de Commerce sont à la vérité entre
les mains des banquiers. Ce sont eux qui dirigent ici et là,
ouvertement ou non, les opérations non pas dans l’intérêt
public, mais dans leur intérêt propre, ce qui est tout différent,
comme chacun sait.
Si
les Coopératives de production et de consommation étaient plus
nombreuses et pouvaient jouer leur rôle, les Bourses de Commerce
auraient vécu.
Banques
et Bourses sont les piliers du régime actuel. C’est là que réside
la véritable puissance. Pour les atteindre, les faire disparaître,
il faut s’en prendre au régime lui même.
Ce
ne sera fait qu’après la prise des moyens de production et
d’échange par les travailleurs.
Pierre
Besnard
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