vendredi 11 janvier 2019

No Pasaran Hors série Antipatriarcat Année 2002

Titre de l'article: "Changer les hommes"

"Nous l'avons prouvé, avec Jean-Paul Filiod dans plusieurs recherches, notamment sur le propre et le rangé. Nous avons montré que la chaussette qui traîne chez un couple, mais aussi l'absence d'espace appropriable pour l'homme "ordinaire" dans la maison, sont les signes étonnants mais tangibles des rapports sociaux de sexe actuels. Il nous a été assez aisé de montrer qu'en ce qui concerne le propre et le rangé, les hommes et les femmes suivent deux logiques, deux symboliques différentes. Les femmes, par souci d'être reconnues comme de bonnes épouses et de bonnes mères, par pression de l'entourage et des normes, nettoient avant que ce ne soit (trop) sale. On assimile les femmes, leur intérieur psychique, à la propreté ( ou au rangement, ce qui revient ici au même) de l'espace domestique. Quand c'est sale chez elles, c'est sale en elles en quelque sorte. Pour les hommes, en tout cas ceux qui effectuent le travail domestique, ils nettoient quand ils voient que c'est sale. Chacun-e ayant sa limite. Les femmes sont préventives et les hommes sont curatifs. Du moins dans les constructions sociales habituelles liées à la domination. Ceci explique que certaines femmes montrent parfois le désordre de leur intérieur pour signifier qu'elles ne sont pas, elles, des femmes soumises."

"Pour l'instant on vit dans un monde où du fait de la domination masculine, les hommes et les femmes ne parlent pas toujours la même langue. Cela signifie que les hommes doivent apprendre à écouter les femmes. Je pense que c'est l'ensemble du social qui est découpé par une asymétrie et qu'il est important, s'i l'on veut veut travailler ensemble, de le prendre en compte. C'est ce que j'ai appelé le paradigme asymétrique. La lutte contre le sexisme a comme objectif de supprimer les hiérarchies créées par notre système de genre qui institue la domination masculine. Lutter contre les divisions nécessite de prendre en compte plusieurs choses. Il faut savoir qu'il existe des définitions multiples des faits sociaux, c'est-à-dire que non seulement hommes et femmes ne parlent pas la même langue, mais il existe aussi des différences hiérarchiques inter-générationnelles, inter-ethniques et post-coloniales, autrement dit, nous vivons dans un système social dans lequel exerce un certain nombre de dominations. Cela veut donc dire que l'on doit favoriser l'expression et la prise en compte des paroles, des révoltes, des analyses des personnes qui sont dominées."

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