ALLEMAGNE
On lit dans
la Gazette de Cologne :
Les
divergences d’opinions entre les membres de la Commune n’empêchent
pas le parti de la révolution d’être assez fort pour tenir tête
à l’armée de Versailles. Les officiers ont beau raconter, chaque
jour, à leurs soldats que le moment approche où l’on aura mis les
insurgés à la raison, le gouvernement de Versailles n’en est pas
moins inquiet sur l’issue de la guerre civile.
Thiers peut
sans doute compter sur les anciens sergents de ville, les gendarmes,
les artilleurs et les chasseurs d’Afrique ; mais il n’est rien
moins que sûr des régiments de ligne et des troupes formées de
volontaires et de soldats mariés. Ces hommes ont hâte de retourner
chez eux, de revoir leurs familles, et en outre, ils sont fortement
travaillés par les agents secrets de l’Internationale. Hier, on a
surpris trois de ces apôtres au moment où, dans une rue de
Versailles, ils tâchaient d’entraîner des militaires ; ils
parvinrent d’abord à s’enfuir, mais finirent par être pris et
livrés à la police. Parmi les soldats eux-mêmes se trouvent des
membres de l’Internationale, qui excitent leurs camarades à lever
la crosse en l’air, et s’efforcent de leur persuader que tirer
sur les Parisiens, c’est commettre un crime contre la République.
Thiers a
envoyé plusieurs officiers dans les départements, avec la mission
d’étudier l’esprit des troupes de ligne dans les garnisons, et
celui des mobiles qui rentrent dans leurs foyers. Ils ont ordre
d’envoyer à Versailles ceux des régiments qui leur paraîtraient
sûrs et de faire retenir, au contraire, les autres dans les
provinces éloignées du siège du gouvernement. On a pris toutes
sortes de mesures pour empêcher les soldats d’entretenir des
relations avec les ouvriers.
A Sèvres se
trouvent quelques milliers de Bretons qui n’ont aucun commerce ni
avec Versailles ni avec Paris, et dont on ne cesse d’exciter la
fureur contre les Parisiens. On ne se fait aucun scrupule de leur
dire, pour les irriter, que les Allemands sont d’accord avec les
insurgés et se réjouissent des embarras du gouvernement
versaillais. De pareils expédients montrent combien peu de confiance
on a
Journal
officiel de la Commune de Paris du 20 mars au 24 mai 1871. (1871) 647
dans
l’esprit de l’armée. Ce qui est certain, c’est que Versailles
aurait beaucoup plus tôt attaqué Paris, si l’on avait pu espérer
que les troupes se battraient.
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