La Poste
: la barbarie froide
Encore un
suicide après une réorganisation d’un centre courrier. A La Poste
tout le monde sait pourquoi, après chaque restructuration, des
facteurs et factrices démissionnent, sombrent dans la dépression,
et parfois pire. C’est cela qui est insupportable, inacceptable.
Les agents de Sarlat et Siorac ont montré leur refus de cette
situation, en faisant usage de leur droit de retrait. La direction
s’enferre, elle, dans le déni.
Une
charge de travail qui explose
A Sud PTT,
après chaque restructuration menée à la schlague, nous avons peur,
peur pour nos collègues qui sont quelquefois nos ami·e·s. Après
chaque réorganisation nous les voyons sombrer, pleurer, péter les
plombs devant le courrier qui s’accumule, que l’on ne peut plus
sortir devant ces tournées devenues infaisables. Quand les rires,
les vannes, se sont tus dans un centre, nous savons qu’une
restructuration est passée par là, que des tournées ont été
supprimées, que la charge de travail a explosé.
Tout le
monde sait
Les causes
de cette souffrance au travail pourraient être obscures, elles ne le
sont pas, tout le monde sait ! Tout le monde sait que les outils
informatiques utilisés pour dimensionner les tournées ne sont pas
bons, qu’ils minorent les temps de préparation et de distribution
des tournées. Ces outils, nous les avons démontés point par point,
grâce aux facteurs, aux représentant.e.s du personnel aux CHSCT,
aux cabinets d’expertise missionnés par eux. La Poste utilise des
outils qui ne reposent sur aucune étude scientifique. Devant les
tribunaux, elle a « avoué » avoir perdu les données qui lui ont
permis de construire l’outil “ METOD “, qui lui sert à
dimensionner les tournées. “ GEOROUTE “, c’est du même
tonneau. Par exemple les temps de déplacements modélisés par cet
outil, pour des factrices et des facteurs en zone montagneuse, se
traduisent par des moyennes de près de 100 km par heure entre deux
points de distribution ! Le rythme des réorganisations est lui aussi
intenable : tous les 2 ans, de nouvelles tournées sont supprimées.
Les facteurs n’ont pas le temps de s’adapter à leur nouveau
quartier qu’ils le voient déjà disparaître.
Quand le
déni devient criminel
La question
qui s’impose, à nous toutes et tous, c’est comment cela est-il
possible, comment le déni généralisé des directions du Courrier
permet le développement de cette barbarie froide des chiffres ?
Ces chiffres, ces outils informatiques, blessent, détruisent et
quelquefois tuent. Comment ce déni permet-il à des responsables,
des directeurs de centre de mettre une distance entre ce qu’ils
font et ce qui se passe ? L’exception (il y en a) aujourd’hui,
c’est un directeur qui reconnaît que quelque chose ne va pas.
Comment toute une chaîne hiérarchique peut-elle se masquer la
réalité du naufrage que vivent la plupart des centres, après être
passés sous les fourches caudines des outils informatiques de La
Poste ?
La baisse
de trafic : la fake news des dirigeants
La fable de
la baisse de trafic, ânonnée par tous les dirigeants (Walh en tête)
de La Poste a sûrement cette fonction. Comme toute fable elle est
fausse, le seul trafic qui baisse c’est le courrier simple, tous
les autres « produits » de La Poste explosent, les objets
spéciaux (recommandés par exemple), les paquets. Aujourd’hui La
Poste devrait dans certains endroits créer des tournées, non pas en
supprimer. Mais le rouleau compresseur avance. Dans des centres
courriers durement touchés par une précédente réorganisation, les
comptages reprennent et sont les signes que dans quelques mois le
couperet va retomber. Qui survivra, qui sombrera et disparaîtra du
bureau ?
Ne pas
baisser les yeux, ne pas les laisser faire
A Sud PTT
nous avons mené, parfois avec d’autres organisations syndicales,
de nombreux combats contre cette politique qui écrase tout sur son
passage. Pendant ce temps, d’autres, sirotant leur café avec les
directions, signent de grands accords nationaux pour masquer la
catastrophe en cours. Ce n’est pas la peine de les nommer en ces
temps d’élections. Ils s’en vantent à longueur de tracts et la
direction affiche complaisamment des « infos » les mettant en
valeur. Pour nous il est hors de question de jouer les auxiliaires
des responsables de cette barbarie froide. Au contraire, il faut leur
opposer notre force collective.
Réaction
collective du personnel
Après le
suicide de leur collègue, dans les jours suivant la mise en place de
la dernière réorganisation, les agents de Sarlat et de Siorac ont
décidé de faire usage de leur droit de retrait. Cela fait des
années qu’ils et elles subissent un management par la peur, fait
d’intimidations et de pressions. Paula, la factrice ayant mis fin à
ses jours, a reçu des SMS de la part des cadres, y compris pendant
son arrêt maladie. C’est après un contrôle médical demandé par
La Poste qu’elle a commis l’irréparable. Cette situation a
légitimement conduit ses collègues de travail à demander le départ
du directeur d’établissement et de deux autres cadres, la
responsabilité des ces trois personnes dans le climat régnant au
sein de l’établissement étant clairement établie. Nous exprimons
notre entier soutien à nos collègues de Sarlat et de Siorac. La
situation catastrophique dans cet établissement doit immédiatement
cesser.
Mépris
de La Poste
Loin, bien
loin de prendre ses responsabilités comme le demandent les
postier·e·s de Sarlat et Siorac, La Poste ajoute le mépris au
déni. La direction territoriale ose sans rougir affirmer qu’elle
soutient pleinement les trois cadres mis en cause. Ces derniers ont
d’ailleurs été mis en congés, alors que lorsqu’il s’agit de
simples agents, La Poste a la main leste pour dégainer les mises à
pied conservatoires ! La fédération Sud PTT a interpellé la
direction du Courrier. Nous exigeons que des mesures soient prises
sans délai, notamment à l’encontre du DE et des deux autres
cadres. Mais ce n’est pas seulement quelques individus, aussi
nocifs soient-ils, qui sont en cause. C’est bien tout un système,
qui non seulement détériore sans cesse le travail, mais broie des
vies.
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