Devant la
porte d’entrée de la prison de la Roquette, il existait dans
l’intervalle compris entre les deux trottoirs, quatre dalles de
pierre oblongues formant les extrémités d’un carré long, au
milieu duquel se trouvait une cinquième pierre, plus large que les
autres. C’est sur ses pierres que s’appuyait l’échafaud, et,
pour cette raison, le bois de justice était appelé en argot
l’abbaye de CinqPierres, dénomination qui avait succédé à celle
d’abbaye de Monte-à-Regret, usitée pour la potence avant qu’elle
cédât le pas au modeste instrument de supplice.
La
destruction de la guillotine devait naturellement entraîner celle de
l’abbaye de Cinq-Pierres devenue inutile.
Cette
opération s’est accomplie hier avec une certaine solennité en
présence des gardes nationaux du poste et d’une foule de curieux,
parmi lesquels on remarquait en grand nombre ces gamins cyniques qui
se pressaient en ce même endroit les jours de sanglantes exécutions,
comme s’ils eussent voulu apprendre à ne plus craindre de recevoir
la mort que de la donner.
Quand le
pourvoi d’un condamné à la peine capitale était rejeté, ces
gamins se rendaient chaque nuit dans la petite rue de la
Folie-Régnault, où ils n’ignoraient pas que l’échafaud était
remisé. Si, à travers les fissures, ils voyaient briller dans la
remise une faible lumière, ils savaient e que cela signifiait et ils
se disaient :
Journal
officiel de la Commune de Paris du 20 mars au 24 mai 1871. (1871) 662
— Demain
matin, nous irons voir la tronche.
La langue
verte a plusieurs expressions pour désigner la tête humaine. La
Sorbonne est la tête qui pense, qui médite, la tronche est la tête
détachée du corps par le couperet de la guillotine.
Est-il
possible de rendre d’une manière plus expressive deux idées plus
dissemblables ?
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