Nous
retrouvons ici le même problème que pour l'enfant. Dans la morale
commune, et encore plus dans le Code, la femme est considérée comme
un enfant mineur, en puissance d'autorité maritale, celle-ci
remplaçant l'autorité paternelle. Elle est élevée avec ce souci
d'en faire une épouse soumise, ne dispose, d'après le Code civil,
que de droits très restreints.
Tout
un mouvement, dit féministe, s'est créé en vue de l'émancipation
de la femme. Malheureusement, c'est surtout un mouvement politicien,
cherchant à faire accroire aux femmes qu'avec le droit de vote et le
droit d'éligibilité, elles seraient les égales des hommes. Comme
si l'expérience du vote masculin n'était pas concluante? Est-ce que
le suffrage universel a fait les ouvriers égaux de leurs patrons,
les locataires du propriétaire, etc., etc.? Là comme partout, la
politique tente de faire dévier le véritable mouvement
d'émancipation, en cherchant à l'embourber dans les marécages
parlementaires, tombeaux des plus généreuses idées. Le fait
d'obtenir des droits civiques ou légaux ne changera rien à l'état
d'asservissement réel et économique de la femme. L'histoire des
sociétés nous apprend que la sujétion de la femme à l'homme, au
point de vue social, est contemporain à l'origine de la propriété
individuelle, laquelle eut comme conséquence la formation de la
famille étroite et restreinte qui est encore la règle aujourd'hui.
L'infériorité juridique et politique de la femme tient donc au
régime économique lui-même, à la propriété personnelle qui,
pour se maintenir et se perpétuer par l'héritage, a besoin d'un
état familial groupé autour d'une tête, le chef de
famille, l'homme, le père, maître de toutes les personnes et de
tous, les biens familiaux. En accaparant terres et richesses, en
constituant un patrimoine personnel, s'il voulait éviter la
dispersion de ce patrimoine, l'homme devait imposer un statut à la
mère de ses enfants, statut de surveillance, de contrôle,
d'autorité, d'asservissement, qui devint plus tard le statut légal
de la famille, d'après la loi établie par la coalition des
propriétaires, nobles seigneurs autrefois, bourgeois aujourd'hui.
L'émancipation
réelle et complète de la femme ne pourra donc se faire qu'avec la
disparition du régime de la propriété individuelle et du régime
familial, sa conséquence directe. Seul, un contrat social nouveau,
mettant les biens en commun, supprimant, par conséquent, tout
héritage, assurant, d'autre part, l'existence des enfants avec ou
sans le concours des parents, pourra émanciper la femme en en
faisant l'égale, économiquement parlant, de l'homme. Esclave de la
propriété individuelle, transmise par la famille, esclave des
travaux du foyer que nécessite une mauvaise organisation sociale, la
femme s'émancipera avec la disparition de ces deux principales
causes de son asservissement. D'ailleurs, là encore, l'évolution
humaine va plus vite que celle des lois et des codes. Un peu partout,
la femme cherche à gagner sa vie par elle-même, à se libérer de
la sujétion du foyer. De plus en plus des professions indépendantes
sont envahies par les femmes. Travaillant, elles prennent l'habitude
sous la puissance de la nécessité, de discuter de leurs intérêts.
Après s'être séparées de l'homme, lui avoir fait concurrence sur
le marché du travail, elles le rejoignent peu à peu pour unir leurs
efforts aux siens dans le but de faire aboutir certaines
revendications. L'avenir, l'émancipation de la femme est là. Etre
libre, être l'égale de l'homme dans les relations économiques. La
société, considérant les soins et l'instruction première donnés
aux enfants comme un travail social et utile, devrait considérer la
mère comme une ouvrière, fabriquant l'avenir, créant et élevant
la génération future.
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