Une
encyclique : circulaire du pape. Lettre encyclique. Bulle ou lettre
solennelle adressée par le pape au clergé du monde catholique, ou
seulement aux évêques d'une même nation. Les décisions que
renferment les encycliques en matière de foi et de morale sont
irréformables, si le pape déclare les imposer à toute l'Eglise –
ceci, mécaniquement, du fait de l'infaillibilité papale. Souvent,
le Souverain Pontife se propose non point de trancher une question
dogmatique, mais seulement de donner des conseils. Comme les bulles,
les encycliques, sont généralement désignées par les premiers
mots du texte latin qui les compose, et la date où elles ont été
publiées. Parmi les encycliques les plus importantes du XIXème et
XXème siècle, le Larousse cite : Diu satis, 1800, où Pie VII
engage les évêques catholiques à maintenir l'unité de l'Eglise
menacée par les troubles politiques ; Mirari vos, 1832 où Grégoire
XVI combat l'indifférentisme ; Nostis et Nobiscum, 1849, où Pie IX
condamne les principes du Communisme et du Socialisme ; Quanto
conficiamur, 1863, où Pie IX affirme les droits du Saint-Siège sur
les domaines de Saint-Pierre ; Quanta Cura, 1864, où il condamne les
théories fondées sur le naturalisme (cette encyclique était
accompagnée d'un Syllabus) ; OEterni Patris, 1879, où Léon XIII
préconise l'enseignement de la philosophie de Saint Thomas ; Rerum
Novarum, 1891, sur la condition des ouvriers ; Providentissimus Deus,
1893, sur l'enseignement biblique ; Vehementer nos, 1906 et
Gravissimo officii, 1906, où Pie X condamne la séparation de
l'Eglise et de l'Etat en France ; Pascendi dominici gugis, 1907, où
il condamne les modernistes.
Les
encycliques, sont une mine de documents que les historiens, les
philosophes, les militants sérieux et toux ceux qu'intéresse le
problème religieux, ont intérêt à fouiller. Nous citerons parmi
ces dernières quelques extraits qui feront mieux voir toute
l'importance de la connaissance de ces actes des Pontifes romains que
les plus longs discours, et qui, d'autre part, permettront aux
antireligieux de s'armer pour leurs luttes prochaines, de traits
invincibles. Mirarivos, 15 août 1832, de Grégoire XVI : « ...Et
d'abord anathème, quiconque prétend améliorer et faire progresser
l'Eglise, directement inspirée par l'Esprit-Saint. Comme il est
constant, pour nous servir des paroles des Pères de Trente, que
l'Eglise a été instituée par Jésus-Christ et ses apôtres, et
qu'elle est enseignée par l'Esprit-Saint qui lui suggère
incessamment toute vérité, il est tout à fait absurde et injurieux
pour elle que l'on mette en avant une certaine restauration et
régénération comme nécessaires pour pourvoir à sa conservation
et à son accroissement ; comme si elle pouvait être sensée exposée
à la défaillance, à l'obscurcissement, ou à d'autres
inconvénients de cette nature. Le but des novateurs, en cela, est de
jeter les fondements d'une institution nouvelle et de faire ce que
Cyprien avait en horreur, que l'Eglise qui est divine, devienne toute
humaine...
Anathème
à la liberté de Conscience ; anathème à la liberté de la parole
ou de la plume. De la source infecte de l'indifférentisme découle
cette maxime absurde et erronée, ou plutôt ce délire, qu'il faut
assurer et garantir à qui que ce soit la liberté de conscience. On
prépare la voie à cette pernicieuse erreur par la liberté
d'opinions, pleine et sans bornes, qui se répand au loin pour le
malheur de la société religieuse et civile, quelques-uns répétant
avec une extrême imprudence qu'il en résulte quelque avantage pour
la religion. Mais, disait Saint-Augustin, qui peut mieux donner la
mort à l'âme que la liberté de l'erreur ? En effet, tout frein
étant ôté qui puisse retenir les hommes dans les sentiers de la
vérité, leur nature, inclinée au mal, tombe dans un précipice ;
et nous pouvons dire avec vérité que le puits de l'abime est
ouvert, ce puits d'où Saint-Jean vit monter une fumée qui
obscurcissait le soleil et sortir des sauterelles qui ravagèrent la
terre. De là le changement des esprits, une corruption plus profonde
de la jeunesse, le mépris des choses saintes et des lois les plus
respectables répandu parmi le peuple ; en un mot, le fléau le plus
mortel pour la vérité, puisque l'expérience a fait voir de toute
antiquité que les Etats qui ont brillé par leurs richesses, par
leur puissance, par leur gloire, ont péri par ce seul mal : la
liberté immodérée des opinions, la licence des discours et
l'annonce des nouveautés...
Anathème,
trois fois anathème quiconque parle aux peuples de droits à
revendiquer ; quelque soit le maître, malheur à qui ne veut pas
courber la tête devant lui ; anathème à tous ceux qui ébranlent
la fidélité et la soumission dues aux princes et qui allument
partout les flambeaux de la révolte. Il faudra empêcher avec soin
que les peuples ainsi trompés ne soient entraînés hors de la ligne
de leurs devoirs. Que tous considèrent que, suivant l'avis de
l'apôtre « il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu.
Ainsi, celui qui résiste à la puissance résiste à l'ordre de
Dieu, et ceux qui résistent s'attirent la condamnation à eux-mêmes
».
Ainsi,
les lois divines et humaines s'élèvent contre ceux qui s'efforcent
d'ébranler par des trames honteuses de révolte et de sédition la
fidélité aux princes et de les précipiter du trône... »
L'encyclique du 15 août 1832, visait tout particulièrement le
mouvement social-chrétien, créé par Lamennais. Les chefs du
mouvement s'inclinèrent devant le pape ; mais la publication du
livre de Lamennais « Paroles d'un croyant », provoqua l'encyclique
Singulari nos du 7 juillet 1834, où nous retrouvons les mêmes
propositions que dans celle de 1832 :
«
Nous avons été vraiment saisis d'horreur, vénérables frères, au
premier coup d'oeil jeté sur ce livre, et, émus de compassion sur
l'aveuglement de son auteur, nous avons compris à quels excès
emporte la science qui n'est pas de Dieu, mais selon l'esprit du
monde. En effet, au mépris de la foi, solennellement donnée par sa
déclaration, il a entrepris d'ébranler et de détruire la doctrine
catholique, soit sur la soumission due aux puissances, soit sur
l'obligation de détourner des peuples le pernicieux fléau de
l'indifférence, et de mettre un frein à la licence sans borne des
opinions et des discours, soit enfin sur la liberté absolue de
conscience, liberté tout à fait condamnable, et sur cette horrible
conspiration de sociétés composées, pour la ruine de l'Eglise et
de l'Etat, des partisans de tous les cultes faux et de toutes les
sectes. L'esprit a vraiment horreur de lire seulement les pages de ce
livre, où l'auteur s'efforce de briser tous les liens de fidélité
et de soumission envers les princes, et, lançant de toutes parts les
torches de la sédition et de la révolte, d'étendre partout la
destruction de l'ordre public, le mépris des magistrats, la
violation des lois, et d'arracher jusque dans leurs fondements tout
pouvoir religieux et tout pouvoir civil. Puis, dans une suite
d'assertions aussi injustes qu'inouïes, il représente, par un
prodige de calomnies, la puissance des princes comme contraire à la
loi divine... et il flétrit des mêmes notes d'infamie ceux qui
président aux choses divines aussi bien que les chefs des Etats, à
cause d'une alliance de crimes et de complots qu'il imagine avoir été
conclue entre eux contre les droits des peuples. N'étant pas encore
satisfait d'une si grande audace, il veut de plus faire établir par
la violence la liberté absolue d'opinions, de discours et de
conscience ; il appelle tous les biens et tous les succès sur les
soldats qui combattront pour la délivrer de la tyrannie, c'est le
mot qu'il emploie. Dans les transports de sa fureur, il provoque les
peuples à se réunir et à s'associer de toutes les parties du
monde... ...De notre propre mouvement, de notre science certaine et
de toute la plénitude de notre puissance apostolique, nous
réprouvons, condamnons et voulons qu'à perpétuité on tienne pour
réprouvé et condamné le livre qui a pour titre : « Paroles d'un
croyant » où, par un abus impie de la parole de Dieu, les peuples
sont criminellement poussés à rompre les liens de tout ordre
public, à renverser l'une et l'autre autorité, à exciter, à
nourrir, étendre et fortifier les séditions dans les empires, les
troubles et les rébellions ; livre renfermant par conséquent des
propositions fausses, calomnieuses, téméraires, conduisant à
l'anarchie, contraires à la parole de Dieu, impies, scandaleuses,
erronées, déjà condamnées par l'Eglise, spécialement dans les
Vaudois, les Wicklefites, les Hussites, et autres hérétiques de
cette espèce ».
Cette
fois, Lamennais releva le défi et rompit avec Rome. Le successeur de
Grégoire XVI, le pape Pie IX, continua la série des fulminations
contre : la liberté de conscience, de parole, d'écrit, etc...
Quelques-unes de ses encycliques méritent de passer à la postérité
pour y être en témoignage du fanatisme constant de l'Eglise
catholique : Dans l'Encyclique Qui pluribus du 9 novembre 1846, Pie
IX dénonce la
conspiration
ourdie contre la religion catholique et la société civile. Il
montre l'Eglise et l'ordre social attaqués au nom du progrès. Il
invite les gouvernements à sévir contre la Révolution. Il condamne
les sociétés bibliques qui répandent la Sainte Ecriture, en langue
vulgaire. Contre l'esprit du siècle, contre les philosophes :
«
Nul d'entre vous n'ignore, vénérables frères, que, dans ce siècle
déplorable, une guerre furieuse et redoutable est déclarée au
catholicisme. Unis entre eux par un pacte criminel, les ennemis de
notre religion repoussent les saintes doctrines, ils ferment
l'oreille à la voix de la vérité, ils produisent au grand jour les
opinions les plus funestes et font tous leurs efforts pour les
répandre et les faire triompher dans le public... Ces implacables
ennemis du nom chrétien, emportés par une aveugle-fureur d'impiété,
en sont venus à un degré inouï d'audace, ouvrant leur bouche aux
blasphèmes contre Dieu, ils ne rougissent pas d'enseigner hautement
et publiquement que les augustes mystères de notre religion sont des
erreurs et des inventions humaines, que la doctrine de l'Eglise
catholique est opposée au bien et aux intérêts de la société ;
ils ne craignent pas même de renier le Christ et de renier Dieu.
Pour mieux tromper les peuples, pour entraîner avec eux dans
l'erreur les esprits inexpérimentés ils feignent de connaître
seuls les voies du bonheur; ils s'arrogent le titre de philosophes...
»
Enfin,
Pie IX, termine ainsi :
«
Appliquez-vous à inculper aux peuples l'obéissance, la soumission
due aux princes et aux puissances ; enseignez-leur, selon l'avis de
l'apôtre, qu'il n'est point de pouvoir qui ne vienne de Dieu, et
qu'en résistant au pouvoir on résiste à l'ordre établi par Dieu,
en provoquant sa condamnation, et que, par conséquent, nul ne peut
violer sans crime le précepte d'obéir à l'autorité, à moins
qu'elle ne lui commande des choses contraires aux lois de Dieu et de
l'Eglise ». L'Encyclique du 17 mars 1856, adressée aux évêques
d'Antioche, peut se résumer ainsi : Anathème à l'indifférentisme
et au rationalisme. « Les hommes dédaignent avec fierté la foi,
dont il est écrit qu'en manquer serait un motif de condamnation. La
foi repose, non sur la raison, mais sur l'autorité ; malheur à qui
ne s'en rapporte pas pleinement à Dieu sur Dieu, sur ce qu'il nous
propose de croire et de savoir de lui. Le rôle de la raison est
d'obéir ; elle n'est pas maîtresse, mais servante de la foi ».
L'Encyclique
Quanta Cura, 8 décembre 1864, a eu un retentissement immense ; c'est
le défi le plus complet qu'ait jeté l'Eglise au progrès, à
l'esprit de liberté, à la culture moderne... Cette encyclique est
suivie d'un syllabus, ou résumé, contenant l'énoncé de
80
articles qualifiés « Erreurs principales de notre temps » et qui
sont condamnés par Pie IX. Voici quelques extraits de cette
encyclique fameuse, promulguée selon toutes les conditions de «
l'Ex-Cathedra » : « Il vous est parfaitement connu, vénérables
frères, qu'aujourd'hui il ne manque pas d'hommes qui appliquent à
la société civile l'impie et absurde principe du « naturalisme »,
comme ils l'appellent ; ils osent enseigner que la perfection des
gouvernements et le progrès civil exigent absolument que la société
humaine soit constituée et gouvernée sans plus tenir compte de la
religion que si elle n'existait pas, ou, du moins, sans faire aucune
différence entre la vraie religion et les fausses. De plus,
contrairement à la doctrine de l'Ecriture, ils ne craignent pas
d'affirmer que le meilleur des gouvernements est celui où l'on ne
reconnait pas au pouvoir l'obligation de réprimer, par la sanction
des peines, les violateurs de la religion catholique, si ce n'est
lorsque la tranquillité publique le demande. En conséquence de
cette idée absolument fausse du gouvernement social, ils n'hésitent
pas à favoriser cette opinion erronée... que la liberté de
conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme, qu'il
doit être proclamé dans tout Etat bien constitué, et que les
citoyens ont droit à la pleine liberté de manifester hautement et
publiquement leurs opinions, quelles qu'elles soient, par la parole,
par l'impression ou autrement, sans que l'autorité ecclésiastique
ou civile puisse limiter ce droit. Or, en soutenant ces affirmations
téméraires, ils ne pensent pas, ils ne considèrent pas qu'ils
prêchent une liberté de perdition, et que, s'il est toujours permis
aux opinions humaines d'entrer en conflit, il ne manquera jamais
d'hommes qui oseront résister à la vérité et mettre leur
confiance dans le verbiage de la sagesse humaine, vanité extrêmement
nuisible, que la foi et la sagesse chrétiennes doivent soigneusement
éviter, conformément à l'enseignement de N. S. J.- C . « ... Mais
qui ne voit, qui ne sent très bien qu'une société soustraite aux
lois de la religion et de la vraie justice ne peut avoir d'autre but
que d'amasser, d'accumuler des richesses, et, dans tous ses actes,
d'autre loi que l'indomptable désir de satisfaire ses passions et de
se procurer des jouissances? » Malgré les anathèmes et les
excommunications contre le socialisme, et contre les revendications
des peuples, socialisme et syndicalisme font leur chemin, aussi les
papes doivent relâcher le mors. Léon XIII adresse l'encyclique «
Rerum Novarum », 15 mai 1891, sur les conditions des ouvriers. Il
traite des associations professionnelles, admet les syndicats :
mixtes ou composés d'ouvriers seulement. Cette encyclique est la
charte des syndicats chrétiens et a de ce fait une grande
importance. Elle commence par justifier les inégalités sociales les
déclarant nécessaires :
«
Le premier principe à mettre en avant, c'est que l'homme doit
accepter cette nécessité de sa nature qui rend impossible, dans la
société civile, l'élévation de tous au même niveau... La vie
sociale requiert un organisme très varié et des fonctions fort
diverses ; et ce qui porte précisément les hommes à se partager
ces fonctions, c'est surtout la différence de leurs conditions
respectives.
«
Pour ce qui regarde le travail en particulier, l'homme, dans l'état
même d'innocence, n'était pas destiné à vivre dans l'oisiveté.
Mais ce que la volonté eût embrassé librement comme un exercice
agréable, est devenu, après le péché, une nécessité imposée
comme une expiation et accompagnée de souffrances. « La terre est
maudite à cause de toi. C'est par un travail pénible que tu en
tireras ta nourriture tous les jours de ta vie ».
De
même toutes les autres calamités qui ont fondu sur l'homme n'auront
pas ici-bas de fin ni de trêve, parce que les funestes fruits du
péché sont amers, âpres, acerbes, et qu'ils accompagnent
nécessairement l'homme jusqu'à son dernier soupir. Oui, la douleur
et la souffrance sont l'apanage de l'humanité, et les hommes auront
beau tout essayer, tout tenter pour les bannir, ils n'y réussiront
jamais, quelques ressources qu'ils déploient et quelques forces
qu'ils mettent en jeu. S'il en est qui promettent au pauvre une vie
exempte de souffrances et de peines, toute adonnée au repos et à de
perpétuelles jouissances, ceux-là certainement trompent le peuple
et lui dressent des embûches d'où sortiront pour l'avenir de plus
terribles calamités que celles du présent. Il vaut mieux voir les
choses telles qu'elles sont et, comme nous l'avons dit, chercher
ailleurs un remède capable de soulager nos maux ».
Le
remède ? Le voici tel que le donne ce Pontife : 1° Devoirs des
ouvriers. - Il doit fournir intégralement et fidèlement tout le
travail auquel il s'est engagé par contrat libre et conforme à
l'équité... Il ne doit point léser son patron, ni dans ses biens,
ni dans sa personne. Ses revendications mêmes doivent être exemptes
de violences et ne jamais revêtir la forme de séditions. Il doit
fuir les hommes pervers qui, dans des discours artificieux, lui
suggèrent des espérances exagérées et lui font de grandes
promesses qui n'aboutissent qu'à de stériles regrets et à la ruine
des fortunes.
2°
Devoirs des patrons. - Etre charitables - rien de plus. Et comment
feraient-ils la charité s'ils n'étaient riches ? Aussi le
Saint-Père a-t-il soin de spécifier : « Nul assurément n'est tenu
de soulager le prochain en prenant sur son nécessaire ou sur celui
de sa famille, ni même de rien retrancher de ce que les convenances
ou la bienséance imposent à sa personne. Nul en effet ne doit vivre
contrairement aux convenances (Saint-Thomas) ».
Voici
comment l'Eglise résout la question sociale :
L'inégalité
est nécessaire. - Le pauvre doit être fier de sa pauvreté.
-L'ouvrier doit travailler. - Nul ne doit se révolter. - Le riche
sera charitable autant qu'il aura plus qu'il ne peut dépenser : en
bonne chère, grande vie, riches costumes, palais, etc...
Et
le bon Dieu nous tient les mains, Pendant qu'on fouille dans nos
poches. Mais les temps sont révolus où la Sainte Inquisition
brûlait le philosophe. Avec l'Empire est mort son espoir de brûler
encore le livre. On lâche du lest : En 1893 Léon XIII se rallie à
la République. Mais quelle profonde duperie! Le Pontife ne peut
détruire quoi que ce soit de ce qu'ont fait ses prédécesseurs –
infaillibles comme lui. Il se rallie à la République pour mieux
l'étouffer. Que ceux qui conserveraient quelques doutes étudient
l'enseignement des encycliques. Que les hommes de science ne
désertent pas l'arène où se joue l'avenir de la liberté de
conscience. Nul effort ne se perd dans le temps. Le mouvement «
moderniste de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, est
un encouragement inouï à ne pas désespérer.
Les
méthodes expérimentales et rationnelles ont soulevé au sein même
de l'Eglise catholique une tempête qui ne s'éteindra qu'avec la fin
du catholicisme. Nous sommes sur la bonne voie.. Le pape Pie X publia
l'encyclique Pascendi Domini Grégis, 8 septembre 1907, contre les «
modernistes », dans laquelle nous relevons ces passages, dignes
d'une sérieuse attention :
«
Quant aux idées profanes, il suffira de rappeler ce qu'en a dit fort
sagement notre prédécesseur : Appliquez-vous avec ardeur à l'étude
des sciences naturelles : les géniales découvertes, les
applications hardies et utiles faites de, nos jours sur ce terrain,
qui provoquent à juste titre les applaudissements des contemporains,
seront aussi à la postérité un sujet d'admiration et de louanges.
Mais les études sacrées n'en doivent pas souffrir ». Sur quoi le
même pape donne tout aussitôt le grave avertissement que voici : «
Si l'on recherche avec soin la cause de ces erreurs, on la trouvera
surtout en ceci : que plus s'est accrue l'ardeur pour les sciences
naturelles, plus les hautes sciences, les sciences sévères sont
allées en déclinant ; il en est qui languissent dans l'oubli ;
certaines autres sont traitées faiblement et à la légère, et, ce
qui est indigne, déchues de leur antique splendeur, on les infecte
encore de doctrines perverses et d'opinions dont la monstruosité
épouvante. Sur cette loi nous ordonnons que l'on règle, dans les
séminaires, l'étude des sciences naturelles.
...Il
faut procéder avec la même vigilance et sévérité à l'examen et
au choix des candidats aux Saints Ordres. Loin, bien loin du
sacerdoce l'esprit de nouveauté! Dieu hait les superbes et les
opiniâtres. Que le doctorat en théologie et en droit canonique ne
soit plus conféré désormais à quiconque n'aura pas suivi le cours
régulier de philosophie scolastique ; conféré, qu'il soit tenu
pour nul et de nulle valeur. Les prescriptions faites par la Sacrée
Congrégation des Evêques et Réguliers, dans un décret de 1896,
aux clercs séculiers et réguliers d'Italie, concernant la
fréquentation des Universités, nous en décrétons l'extension
désormais à toutes les nations. Défense est faite aux clercs et
aux prêtres qui ont pris quelques inscriptions dans une Université
ou Institut Catholique de suivre, pour les matières qui y sont
professées, les cours des Universités civiles. Si cela a été
permis quelque part, nous l'interdisons pour l'avenir. Que les
évêques... »
Enfin,
l'Encyclique Quas Primas sur la Royauté du Christ, du 23 décembre
1922, de Pie XI, vient bien à point pour rappeler au monde que
l'Eglise catholique est toujours : avec les princes, contre les
peuples. « C'est à notre tour de pourvoir aux nécessités des
temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a
corrompu la société humaine. Nous le faisons en prescrivant à
l'univers catholique le culte du Christ-Roi... La peste de notre
époque, c'est le laïcisme, ainsi qu'on l'appelle, avec ses erreurs
et ses entreprises criminelles...
En
imprimant à l'autorité des princes et des chefs d'Etat un certain
caractère sacré, la dignité royale de Notre Seigneur ennoblit du
même coup les devoirs et la soumission des citoyens... Si les
princes et les gouvernants légitimement choisis étaient persuadés
qu'ils commandent bien moins en leur propre nom qu'aux lieu et place
du Divin-Roi, il est évident qu'ils useraient de leur autorité avec
toute la vertu et la sagesse possibles... Alors on verrait l'ordre et
la tranquillité s'épanouir et se consolider ; toute cause de
révolte se trouverait écartée ; dans le prince et les autres
dignitaires de l'Etat, le citoyen reconnaîtrait des hommes comme les
autres, ses égaux par la nature humaine, même s'ils étaient par
quelque côté des incapables ou des indignes ; il ne refuserait
point pour autant de leur obéir quand il observerait qu'en leurs
personnes s'offrent à lui l'image et l'autorité du Christ Dieu et
homme ».
Et
pour qu'on n'y oublie pas les Jésuites :
«
Nous prescrivons également que chaque année, en ce même jour, on
renouvelle la consécration du genre humain au Sacré-Coeur de
Jésus... » La religion est le ciment qui relie toutes les forces
d'oppression, dressées contre les forces de libération ; elle est
l'Autorité que nous voulons abattre. Que la lutte soit sans merci.
-
A. LAPEYRE.
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