L'enfant
de trois à sept ans s'intéresse surtout au monde extérieur dont il
s'efforce d'acquérir une connaissance concrète plus étendue. « Il
devra, pour cela, faire un usage toujours plus large de ses fonctions
d'acquisition : attention, mémoire, association, et de ses tendances
éducatives : curiosité, observation, imitation » (Dr Vermeylen).
La curiosité de l'enfant qui se manifeste bien avant trois ans est
d'abord instinctive et s'attache presque exclusivement aux objets ou
aux personnes qui lui sont utiles pour la satisfaction de ses besoins
primordiaux. Très tôt la curiosité devient affective, elle
s'attache à ce qui produit de la peur, des impressions nouvelles.
Enfin dans la seconde enfance la curiosité devient spéculative,
l'enfant est curieux pour savoir.
La
curiosité de l'enfant se manifeste alors de deux façons : le
collectionnement, les questions. L'enfant ramasse tous les objets
qu'il trouve et en bourre ses poches ; ceci est parfois désastreux
pour ces dernières mais est fort utile au développement mental, car
en rassemblant beaucoup d'objets comme il le fait, l'enfant s'exerce
à observer ce qui les distingue et plus tard en quoi ils se
ressemblent.
L'enfant
questionne surtout pour savoir « à quoi ça sert » et pour
connaître l'origine des choses.
La
curiosité enfantine, loin d'être un défaut et de devoir être
réprimée est une tendance des plus utiles à l'acquisition du
savoir.
Cependant
il ne faut pas croire que nous devons agir de la même façon envers
les questions d'enfants. Il est des questions qui ne sont point de
vraies questions, l'enfant éprouvant le besoin de parler, parle pour
le plaisir de parler et des questions se mêlent ainsi à son langage
; il est inutile alors évidemment de fournir des réponses qui
n'intéressent l'enfant que comme motif d'un nouveau bavardage. Il
est d'autres questions que des enfants posent pour attirer sur eux
l'attention des grandes personnes ; certains enfants se servent ainsi
parfois de cet artifice pour montrer qu'ils savent ou même pour
tenter de prendre les adultes en défaut. En ce cas, le plus sage est
soit de se refuser à répondre, soit d'obliger le petit questionneur
à fournir lui-même une réponse.
Mais
il est également des questions provoquées par une curiosité vraie
et alors il faut s'efforcer de satisfaire cette curiosité en tenant
compte de la mobilité des intérêts enfantins, qui rend les longues
explications mauvaises, et du développement de l'enfant qui ne lui
permet pas de tout comprendre. Parmi ces questions légitimes, il en
est auxquelles l'enfant pourrait lui même donner une réponse s'il
voulait s'en donner la peine. Il faut alors stimuler l'enfant dans la
recherche de la réponse, soit en le faisant réfléchir, soit en le
faisant observer, soit même à un âge plus avancé en lui indiquant
un livre où il trouvera l'explication nécessaire. Dans le but de
stimuler la curiosité enfantine, l'éducateur doit parfois se faire
questionneur à son tour. En d'autres cas l'enfant n'a pas atteint le
développement suffisant pour que l'adulte puisse satisfaire sa
curiosité. Nombre de gens s'en tirent par un mensonge ou éludent la
question ; c'est une faute : il faut expliquer à l'enfant ce qu'il
est capable de comprendre et pour le reste lui dire sans détours : «
Tu ne pourrais me comprendre maintenant, je t'expliquerai cela quand
tu seras plus grand ». Il est enfin un cas extrêmement fréquent :
l'adulte est lui-même incapable de fournir une réponse, il n'est
pas assez instruit pour cela. Il aurait tort de vouloir cacher son
ignorance, il ne doit pas craindre de dire : « Je ne sais pas ». Il
vaut mieux que les enfants constatent que leurs parents ou leurs
éducateurs ne savent pas tout que de perdre confiance en eux.
L'enfant est observateur mais il ne l'est pas à la façon des
adultes et à son observation se mêle beaucoup d'imagination, il n'a
pas non plus de sens critique et, pour ces raisons, nous devons nous
défier des témoignages d'enfants. Tout d'abord l'enfant observe
mieux les différences que les ressemblances, il perçoit
fragmentairement les éléments d'un ensemble, il ne sait pas situer
les objets et les êtres dans l'espace, les classer par ordre de
valeur, en coordonner les éléments.
Pendant
la seconde enfance, il observe surtout ce qui agit ou ce qui lui
permet d'agir.
A
la fin de la seconde enfance et pendant la troisième enfance,
l'enfant devient capable d'observer les relations des objets ou êtres
entre eux ou de leurs éléments.
Enfin
plus tard l'enfant observe d'une façon objective et, grâce à
l'éducation, peut devenir capable de la véritable observation
scientifique. Il faut profiter de l'intérêt de l'enfant pour
l'observation et le rendre plus habile à se servir de ses sens.
C'est ainsi qu'on peut l'habituer à voir juste, en clouant des
laines, des étoffes, des feuilles d'après leur couleur ou en
comparant la longueur de quelques baguettes, lignes, etc... ; par
d'autres moyens présentés sous forme de jeux on peut aussi
l'exercer à voir vite et beaucoup. Des jeux et des chants peuvent
également servir à l'exercice de l'ouïe et du toucher
(Colin-maillard par exemple). Les autres sens eux-mêmes devront être
exercés autant qu'il sera possible, les enfants trouveront plaisir
par exemple à deviner le nom d'une fleur grâce à sa seule odeur.
Toutes ces observations sont favorables au développement
intellectuel et peuvent rendre des services dans la vie pratique.
L'imitation se manifeste dès les premiers mois de la vie et est
alors purement instinctive ; vers neuf ou dix mois l'enfant prend
conscience de son imitation mais c'est surtout vers deux ans que
l'enfant imite d'une façon intentionnelle. Plus tard vers six ans
l'enfant fait un choix dans les actes qu'il imite ; il n'imite plus
pour le plaisir d'imiter mais pour atteindre certains buts.
L'imitation permet à l'enfant d'acquérir plus vite, avec moins de
peine et plus sûrement certaines habiletés nécessaires à la vie
d'adulte ; elle permet aux générations nouvelles de profiter de
l'expérience des générations passées. Cependant l'hérédité et
l’imitation ne sauraient seules assurer le développement
harmonieux de l'individu qui n'acquiert une vraie personnalité qu'à
l'aide de ses propres expériences. Parents et éducateurs doivent
prendre conscience de l'existence et du rôle de l'imitation. Par
suite ils ne doivent fournir aux enfants que de bons exemples,
inviter ceux-ci à choisir dans les exemples pris autour d'eux,
favoriser l'évolution de l'imitation, c'est-à-dire le passage à
l'imitation réfléchie et enfin dès que possible stimuler l'enfant
aux expériences personnelles. Le jeu tient une large place dans le
développement de l'enfant. Il évolue avec les intérêts enfantins
: jeux sensoriels, moteurs d'imagination, intellectuels et enfin
sociaux. Il convient de favoriser l'activité ludique des enfants,
soit en leur fournissant, dans la mesure du possible, des jouets qui
répondent à leurs intérêts du moment, soit en leur enseignant des
jeux, qu'on ne doit d'ailleurs jamais leur imposer, soit même en
jouant avec eux. C'est un tort de croire qu'il faut acheter des jeux
chers et compliqués, aux petits enfants il faut surtout des jouets
simples, faciles à manier, à transformer et solides. L'imagination
de l'enfant fait une poupée d'un chiffon, un cheval d'un bâton,
etc...
Depuis
un certain nombre d'années, des pédagogues se sont ingéniés à
créer des jeux éducatifs et par là il faut entendre un matériel
qui tout en amusant l'enfant lui permet de développer ses sens,
d'acquérir une plus grande habileté motrice et même d'apprendre à
lire, écrire, compter, etc... Le dessin, tout comme les autres
activités enfantines, est d'abord instinctif, il constitue pour
l'enfant un moyen de dépenser un surcroit d'énergie ; plus tard
l'enfant ayant constaté que certains de ses traits rappellent
certaine image s'essaie au dessin intentionnel et dessine pour
représenter quelque chose. Le dessin devient un langage, mais ce
langage n'est pas au début conforme à l'idée que nous nous faisons
du dessin, non seulement parce que l'enfant est plus maladroit que
nous mais encore parce qu'il ne voit pas les choses comme nous, qu'il
ne s'intéresse pas aux mêmes choses que nous et qu'il comprend,
tout d'abord, le dessin comme la représentation de ce qui est et non
de ce qu'il voit. Ainsi le dessin spontané évolue et la
connaissance de son modèle d'évolution est un moyen d'étudier et
d'apprécier l'intelligence d'un enfant. Les enfants de quatre ans
qui ne s'essaient pas à dessiner des bonshommes, ceux de cinq ans
qui font des hommes sans tronc, etc., sont généralement des enfants
retardés ou anormaux. Le dessin libre, spontané est aussi un bon
moyen de développer l’intelligence enfantine et on en fait de plus
en plus usage dans les écoles. Certaines fonctions psychiques
d'acquisition ont, lors de la deuxième enfance, une importance de
premier plan. « Ce sont : l'attention qui sert à suivre
l'expérience et à la fixer, la mémoire qui l'emmagasine et la
conserve, l'association enfin qui unit diverses expériences et en
prépare de nouvelles » (Dr Vermeylen). L'attention dépend de
l'état organique et plus particulièrement de l'état musculaire,
respiratoire et circulatoire. Les petits enfants ne peuvent être
très longtemps attentifs, parce qu'ils ont besoin de mouvement et
que l'attention nécessite un arrêt dans le mouvement puis une
transformation du mouvement. De plus l'attention nécessite chez
l'enfant une modification de rythme respiratoire – ce qui provoque
souvent des soupirs - qui ne peut être maintenue longtemps.
L'attention du petit enfant est purement passive, mais dès la fin de
la première année et surtout pendant la seconde enfance, l'enfant
devient capable d'une attention plus soutenue pour tout ce qui
l'intéresse. L'attention volontaire à des objets peut intéressants
par eux-mêmes et nécessitant un effort est une acquisition plus
tardive que prépare l'habitude de faire attention aux objets
vraiment intéressants. Il est par suite possible de favoriser le
développement de l'attention chez l'enfant en le faisant prendre
part à des activités intéressantes et d'assez longue durée :
jeux, observations d'Images, dessins, etc...Beaucoup d'adultes
croient que les enfants ont une meilleure mémoire que les adultes ;
ceci n'est exact qu'en ce qui concerne la mémoire brute, qui
emmagasine les souvenirs tels quels, mais ne l'est plus de la mémoire
organisée qui sélectionne et associe les souvenirs. Pour ne pas
donner au mot « enfant » une étude trop complète et trop savante,
nous devrons laisser de côté l'association des idées ainsi que
presque tout ce qui concerne le développement de la pensée. Ceux de
nos lecteurs qui s'intéressent à ces questions auront avantage à
se reporter à des ouvrages spéciaux et récents.
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