mercredi 1 août 2018

Daniel Poncet: Réformisme deuxième gauche et lutte de classes


Dans le supplément « La bataille politique de 1978 » de l’HR n°794 –vendredi 23 décembre 1977-
« Un lecteur de Belgique nous rappelle une correspondance échangée au moment des élections législatives de 1973. Il s’interroge sur les raisons qui nous ont conduit à changer de tactique en décidant de présenter, cette fois des candidats. Il se demande s’ils ne seront pas amenés du fait de leur participation aux élections, à faire des concessions sur les principes. Voici quelques réponses à ces questions.
LES RAISONS DE NOTRE CHANGEMENT DE TACTIQUE
Les prochaines élections législatives font bien partie, notre lecteur a tout à fait raison de le souligner, du "jeu électoral bourgeois", au même titre que les législatives de 1973, et les élections présidentielles, cantonales et municipales qui ont eu lieu depuis. A chaque fois, il s'agit pour la bourgeoisie et les différents partis qui la représentent de développer le fondement du "jeu électoral bourgeois" qu'est l'électoralisme. Ils veulent faire croire qu'il est possible de supprimer l'exploitation en changeant simplement la majorité ou le gouvernement, les hommes et les partis au pouvoir.
NOTRE POSITION FONDAMENTALE RESTE INCHANGEE
Les candidats marxistes-léninistes dénonceront comme tous nos militants ces illusions électoralistes. Ils expliqueront que les élections législatives ne changeront rien au système capitaliste, que les partis bourgeois de "gauche" veulent simplement prendre le pouvoir d'Etat bourgeois par les élections pour gérer le capitalisme.
Ils ne se placeront donc pas dans le cadre du jeu électoral bourgeois puisqu'ils le dénonceront au contraire avec vigueur. Ils ne feront aucune concession à la constitution bourgeoise puisqu'ils appelleront au contraire les travailleurs à préparer la révolution prolétarienne qui la détruira, comme toute la machine d'Etat bourgeoise, pour instaurer à la place la dictature du prolétariat.
Ils expliqueront ainsi clairement que le choix ne se situe pas entre les partis bourgeois de droite ou de "gauche", mais entre la voie pacifique électoraliste et la voie révolutionnaire. Comme on le voit, il n'y aura aucune concession sur les principes et notre position antiélectoraliste fondamentale reste intégralement inchangée.
Il ne s'agit que d'un changement de tactique conforme aux enseignements de Lénine selon lesquels participer ou non aux élections est une question tactique qu'il convient de résoudre chaque fois en fonction des conditions concrètes du moment.
Voyons justement quelle est la situation actuelle. L'expérience a montré à plusieurs reprises que le mot d'ordre d'abstention tactique n'était pas le plus approprié dans la période actuelle, où les illusions électoralistes ont fortement prise sur le mouvement de masse. Bien des travailleurs, pourtant avancés du point de vue de la conscience révolutionnaire, se laissent encore abuser au moment des élections. Ils sont alors tentés du fait d'illusions persistantes et aussi par réaction contre la bourgeoisie au pouvoir, d'aller voter pour les partis "de gauche".
La position tactique d'abstention ne permet pas alors de se faire entendre comme il conviendrait par ces travailleurs. Seuls des candidats révolutionnaires prolétariens seront en mesure, en descendant combattre la bourgeoisie dans l'arène électorale, d'aller au-devant de ces travailleurs et d'empêcher les partis bourgeois de récupérer leur mécontentement.
Cela n’était guère possible jusqu’à présent étant donné la faiblesse et la fragilité relative des forces marxistesléninistes. Il était aléatoire de présenter quelques candidats sans qu'il y ait risque de confusion quant à notre orientation antiélectoraliste fondamentale. De ce point de vue, la situation a changé et le développement du Parti marxiste-léniniste permet d'ores et déjà de présenter plusieurs dizaines de candidats révolutionnaires prolétariens. Il s'agit pour la plupart, comme peuvent le constater nos lecteurs, d'ouvriers ou de paysans qui ont fait leurs preuves dans la lutte classe contre classe en même temps qu'ils développent la ligne des marxistes-léninistes en ce qui concerne la lutte contre les superpuissances et la nécessité d'édifier le parti révolutionnaire du prolétariat.
Ils jouissent de l'estime de nombreux travailleurs de leur circonscription auxquels ils viendront s'adresser lorsqu'ils leur expliqueront nos positions et les appelleront à refuser de voter pour les partis bourgeois de la majorité comme de l'Union de la gauche.
Cette bataille politique doit ainsi nous permettre d'amener en nombre bien plus grand les travailleurs à rejeter les illusions électoralistes et à rejoindre la voie révolutionnaire. » -pages 3 et 6-

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