RAPPORT
DU
DÉLÉGUÉ À LA GUERRE AUX MEMBRES DE LA COMMISSION EXÉCUTIVE
Citoyens,
Depuis
mon entrée en fonctions, j’ai cherché à me rendre un compte
exact de la situation militaire, tant au point de vue de ce qui
motive une agression que rien ne justifie qu’à celui de ses
résultats.
Le
motif paraît être, en première ligne, d’effrayer la population,
en second lieu nous faire dépenser en pure perte nos munitions,
enfin masquer un mouvement sur notre droite pour occuper les forts de
la rive droite.
Jusqu’à
ce jour, l’espoir coupable de l’ennemi a été frustré, ses
tentatives repoussées. La population est restée calme et digne, et
si nos munitions ont été gaspillées par des soldats trop jeunes,
ils acquièrent chaque jour, par la pratique du feu, le sang-froid
indispensable à la guerre.
Quant
au troisième point, il dépend plus des prussiens que de nous.
Néanmoins, nous veillons.
Au
point de vue de l’action, elle se résume ainsi : soldats
excellents, officiers mêlés, les uns très bons et les autres très
mauvais. Beaucoup d’élan, assez peu de fermeté. Quand les
compagnies de guerre seront formées et dégagées de l’élément
sédentaire, on aura une troupe d’élite dont l’effectif
dépassera 100 000 hommes.
Je
ne saurais trop recommander aux gardes de porter toute leur attention
sur le choix de leurs chefs.
Actuellement,
les positions respectives des deux troupes peuvent se résumer ainsi
: les Prussiens de Versailles occupent les positions de leurs
congénères d’outre-Rhin. Nous occupons les tranchées, les
Moulineaux, la gare de Clamart. En somme, notre position est celle de
gens qui, forts de leurs droits, attendent patiemment qu’on vienne
les attaquer, se contentant de se défendre. Des actes d’héroïsme
se sont accomplis. A ce sujet, je proposerai à la Commune de vouloir
bien faire don au 101e bataillon d’une mitrailleuse qu’il a
enlevée aux Prussiens de Versailles avec son caisson et deux autres
pièces d’artillerie.
Que
chaque bataillon tienne à l’honneur d’imiter le 101e, et bientôt
l’artillerie de la Commune de Paris sera une des plus belles et des
mieux servies.
Je
saisis cette occasion de rendre un public hommage à la justesse du
tir de nos artilleurs.
En
terminant, citoyens, je pense que si nos troupes conservent leur
sang-froid et ménagent leurs munitions, l’ennemi se fatiguera
avant nous. Il ne restera alors de sa folle et criminelle tentative
que les veuves et les orphelins, le souvenir et le mépris pour une
action atroce.
Le
délégué à la guerre,
Général
E. CLUSERET.,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire