vendredi 10 août 2018

Journal de la Commune


Nous recevons la communication suivante :

Paris, le 5 avril 1871.

Aux membres de la Commune de Paris,

J’arrive de Versailles encore ému, indigné des faits horribles que j’ai vus de mes propres yeux.
Les prisonniers sont reçus à Versailles d’une manière atroce. Ils sont frappés sans pitié. J’en ai vu sanglants, les oreilles arrachées, le visage et le cou déchirés comme par des griffes de bêtes féroces. J’ai vu le colonel Henry en cet état, et je dois ajouter à son honneur, à sa gloire, que, méprisant cette bande de barbares, il est passé fier, calme, marchant stoïquement à la mort.
Une cour prévôtale fonctionne sous les regards du gouvernement. C’est dire que la mort fauche nos concitoyens faits prisonniers. Les caves où on les jette sont d’affreux bouges, confiés aux bons soins des gendarmes.
J’ai cru de mon devoir de bon citoyen de vous faire part de ces cruautés, dont le souvenir seul provoquera encore longtemps mon indignation.

BARRÈRE.
Je certifie que la présente déclaration a été faite devant moi.
LEROUX,
Commandant au 84e bataillon de la garde nationale

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