Tous
les jours, assemblée des membres de la Commune, à dix heures du
matin.
Les
membres de la Commune sont en permanence à l’Hôtel-de-Ville, dans
leurs commissions respectives.
Des
journaux qui, il y a quelques jours, semblaient assez franchement
ralliés à la cause de la Commune, s’empressent aujourd’hui d’en
annoncer la défaite avec ce ton de joie contenue qui rappelle les
hypocrisies du siège et les préparatifs de la capitulation.
Il
serait peut-être naïf de demander à ces journaux pourquoi la cause
de la Commune leur paraît aujourd’hui moins bonne qu’hier. Au
moins est-il permis de leur demander en quoi ils trouvent que la
situation a changé.
L’offensive
prise brusquement par le gouvernement de Versailles, alors que rien
ne la faisait prévoir si prochaine, a déterminé un mouvement en
avant de la garde nationale, mouvement audacieux, peu préparé,
presque spontané, qui n’a pas eu, on peut le reconnaître sans
honte après tant d’actes héroïques, le succès immédiat sur
lequel les chefs avaient en somme quelques raisons de compter.
Admettons
même qu’il y ait eu excès d’audace et de confiance chez les
vaillants citoyens, dont l’agression de la veille avait enflammé
l’ardeur. Il n’en restera pas moins évident que si une faute a
été commise, ou pour mieux dire n’a pu être évitée, cette
faute même, reconnue et préparée, est pour la cause de la Commune
le gage du futur triomphe.
Et
d’abord, nul n’oserait soutenir qu’au point de vue défensif la
situation de Paris ait empiré. Ce qui est certain, au contraire,
c’est que les mesures prises, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur, ont rendu Paris invincible. Les bataillons de marche
réformés ont aussi acquis la faculté de procéder rapidement, mais
avec méthode à leur réorganisation.
Enfin
le commandement supérieur a été placé entre les mains d’un
militaire éprouvé qui, considéré il y a quinze ans dans l’armée
française comme un officier du plus grand mérite, a depuis acquis,
dans la guerre de sécession américaine, l’expérience qui eût
pu, après le 4 septembre, nous assurer les revanches espérées. Ici
comme en Amérique, mais avec des éléments incomparablement
supérieurs, et dans des conditions bien plus favorables, le général
Cluseret aura à montrer comment les troupes nouvelles, n’ayant pas
fait campagne, peuvent triompher d’une armée régulière. Le
courage héroïque, indomptable de la garde nationale parisienne, sa
supériorité morale sur des troupes que ne soutient pas l’énergie
d’une conviction ni même le sentiment du devoir, rendront la tâche
du délégué à la guerre plus facile, et assureront le triomphe
définitif à Paris, c’est-à-dire à la cause de l’humanité, de
la justice, à la cause de la République.
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