On
écrit de Kiew :
«
Il a été défendu à tous les journaux russes, sous des peines
sévères, de parler des faits et manifestations qui ont eu lieu
dernièrement à Pétersbourg. Il ne sera donc pas sans intérêt
pour tous d’apprendre qu’à l’occasion d’un banquet offert
par les étudiants de Pétersbourg à ceux de Moscou, des toasts
chaleureux furent portés avec enthousiasme à la République
française et aux principes démocratiques. On termina par un toast à
Gambetta, et on décida qu’on lui adresserait des voeux
sympathiques à Bordeaux. Seulement, on eut la légèreté juvénile
d’expédier tout simplement la dépêche par le bureau du
télégraphe, lequel au lieu de
l’envoyer
à Bordeaux, la remit au ministre de la police. « Le czar, qui a eu
de violentes et fréquentes attaques de nerfs récemment, devint
furieux en apprenant la nouvelle, et depuis on fait des arrestations
nombreuses à Pétersbourg et dans les autres grandes villes de
Russie. A Kiew également, on a arrêté une vingtaine de jeunes
gans. La police prétend être sur les traces d’une conspiration
démocratique ayant des ramifications dans tout l’empire, et dont
le but serait le renversement de l’ordre actuel et l’établissement
de la république en Russie. On croit que l’explosion démocratique
à Pétersbourg n’a été que l’expression d’idées et
d’opinions longuement préparées. « C’est pour cela qu’on
traite avec une cruauté extrême les prisonniers qui n’avouent
pas. Ils sont enfermés pendant de longues journées dans des trous
sans feu, par une température de 25° de froid, sans nourriture et
sans eau. Quelques-uns
d’entre
eux préfèrent avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis, pour
mettre un terme à leurs souffrances.
«
Il y a aussi des femmes parmi les personnes arrêtées. La peine du
fouet, abolie par un oukase impérial, vient d’être rétablie à
leur égard. La police veut à tout prix des aveux pour donner cause
à la fureur de czar. »
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