samedi 4 août 2018

Journal officiel de la Commune


On écrit de Kiew :

« Il a été défendu à tous les journaux russes, sous des peines sévères, de parler des faits et manifestations qui ont eu lieu dernièrement à Pétersbourg. Il ne sera donc pas sans intérêt pour tous d’apprendre qu’à l’occasion d’un banquet offert par les étudiants de Pétersbourg à ceux de Moscou, des toasts chaleureux furent portés avec enthousiasme à la République française et aux principes démocratiques. On termina par un toast à Gambetta, et on décida qu’on lui adresserait des voeux sympathiques à Bordeaux. Seulement, on eut la légèreté juvénile d’expédier tout simplement la dépêche par le bureau du télégraphe, lequel au lieu de
l’envoyer à Bordeaux, la remit au ministre de la police. « Le czar, qui a eu de violentes et fréquentes attaques de nerfs récemment, devint furieux en apprenant la nouvelle, et depuis on fait des arrestations nombreuses à Pétersbourg et dans les autres grandes villes de Russie. A Kiew également, on a arrêté une vingtaine de jeunes gans. La police prétend être sur les traces d’une conspiration démocratique ayant des ramifications dans tout l’empire, et dont le but serait le renversement de l’ordre actuel et l’établissement de la république en Russie. On croit que l’explosion démocratique à Pétersbourg n’a été que l’expression d’idées et d’opinions longuement préparées. « C’est pour cela qu’on traite avec une cruauté extrême les prisonniers qui n’avouent pas. Ils sont enfermés pendant de longues journées dans des trous sans feu, par une température de 25° de froid, sans nourriture et sans eau. Quelques-uns
d’entre eux préfèrent avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis, pour mettre un terme à leurs souffrances.
« Il y a aussi des femmes parmi les personnes arrêtées. La peine du fouet, abolie par un oukase impérial, vient d’être rétablie à leur égard. La police veut à tout prix des aveux pour donner cause à la fureur de czar. »

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