dimanche 5 août 2018

CONSCIENCE (lat. conscientia) Encyclopedie Anarchiste de Sébastien Faure




Sentiment qu’un être a de son existence - sentiment du moi, ex : L’homme a conscience de sa liberté. Un profond sommeil lui a fait perdre la conscience. Sentiment intérieur par lequel l’homme juge du bien ou du mal de ses actions, ex : Suivre les inspirations de sa conscience ; parler contre sa conscience. Tout le monde attache au mot « Conscience » deux acceptions différentes. Certains dictionnaires donnent jusqu’à dix-sept définitions de ce mot. Cela provient de l’état actuel de la science, qui ne peut démontrer la réalité de la conscience en tant qu’être immatériel et qui est en conflit avec les religions, qui affirment que la conscience est une qualité de l’âme. D’autre part, la science matérialiste apporte un troisième point de vue :
La conscience, ou sensibilité, ou sentiment d’existence, est une fonction de la matière à un certain moment de son évolution. Philosophiquement, il est d’une grande importance de savoir ce qu’est la conscience. Descartes expose et défend ce point de vue : si l’âme, la conscience, la faculté de sentir, sont une fonction de la matière, la conscience, l’âme, la faculté de sentir, sont partout, à un degré différent. Il n’y a pas de différence essentielle entre l’homme et les animaux, les animaux et les choses... il n’y a pas, de ce fait, de Liberté ; l’homme est matière, essentiellement matériel ; il n’y a ni bien ni mal ; le seul bien est de satisfaire ses passions, et comme la conscience n’existe pas en réalité, il n’y a pas de mal à employer pour cela tous les moyens. Au contraire, si l’homme seul possède une âme immatérielle, une conscience réelle, les ordres de cette conscience doivent être écoutés et sont le bien, les interdictions le mal. Et plus tard, le socialiste belge Collins reprend le même raisonnement, quant aux conséquences de la négation d’une conscience - psychogène - réelle, immatérielle, chez l’homme. Il prétend couper en deux, la série continue des êtres et différencier essentiellement, l’homme des animaux. Sa démonstration est la suivante. Chez l’homme où il y a sentiment d’existence, il le traduit par le Verbe. Les animaux ne développent pas le Verbe. On ne sait donc pas, - « a priori », - s’ils sentent - quoi qu’ils en aient toutes les apparences. Or, trois choses sont nécessaires et suffisantes pour développer le Verbe : 1° Un organisme à mémoire centralisée, capable de mouvements multiples ; 2° Un état de société réelle ; 3° Le sentiment d’existence. Les animaux ne développent pas le Verbe, donc, il leur manque un des trois attributs. Lequel ? Ils ont le premier et le second. « A priori » on ne sait pas s’ils ont le troisième. Or, lorsque ces trois conditions se trouvent réunies chez un être, le Verbe naît. Donc, ils n’ont pas d’âme, pas de conscience. Le bien et le mal existent. Le bien est la direction des passions par la conscience, afin de les faire contribuer au bien-être individuel et social.
Le Dantec, dans son excellent ouvrage : « Science et Conscience », expose le mécanisme de la Conscience matérielle et nie le bien et le mal. En effet, lorsque dans l’Univers, tout est matière, force, il ne peut y avoir qu’un seul bien : être fort, et un seul mal : être faible.
Comment, dès lors, s’explique le phénomène de la Conscience, de l’Impératif de Kant. Toutes les sensations, tous les mouvements, sont transmis par le système nerveux, au centre : cerveau, sous forme de vibrations. Chaque vibration s’inscrit dans la matière cérébrale comme sur un disque de phonographe. La trace est plus ou moins marquée, selon la puissance et la durée des vibrations. Cette faculté qu’a la matière du cerveau de conserver les modifications qu’elle reçoit est la mémoire générique. Chaque sensation s’allie toujours à une modification bonne ou mauvaise, agréable ou désagréable. Quand la circonstance où s’est produite telle ou telle sensation, ou une approximative, est rappelée au cerveau, par des paroles, la vue d’un lieu ou d’un acte, un choc, etc..., mécaniquement, se réveille aussi la sensation agréable ou désagréable qui avait accompagné la première ou les premières modifications. Peu ou prou, cette tendance se transmet par hérédité. Mais le rythme créé en une matière cérébrale par diverses modifications peut être annihilé, voire même effacé, par des sensations nouvelles ; c’est pourquoi, l’éducation est capable de créer une conscience, ce qui explique, que Bien et Mal, n’aient pas la même signification pour des individus différents, et ce en suivant rigoureusement les commandements de leur conscience.

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