vendredi 17 août 2018

Zo d'Axa Les feuilles

"Pas plus groupé dans l'anarchie qu'embrigadé dans les socialismes. Etre l'homme affranchi, l'isolé chercheur d'au delà, mais non fasciné par un rêve. Avoir la fierté de s'affirmer, hors les écoles et les sectes: Endehors."

"Cadavres de petites gens, vous pesez peu dans la balance!
Une fille de joie, un homme du peuple...
Messieurs de la cour et du jury ne s'irritent contre l'inculpé que s'il eut l'audace de s'attaquer à la propriété bourgeoise - au coffre-fort ou au dogme. Les non-lieux dont il est question servaient, au contraire, avec zèle. Ils étaient les fidèles chiens de garde. 
Ils n'ont mordu que chair de gueux.
S'il lleur fut beaucoup pardonné, c'est qu'ils avaient beaucoup servi."

"J'avais toujours cru que l'abstention était le langage muet dont il convenait de se servir pour indiquer son mépris des lois et de leurs faiseurs.
Voter, me disais-je, c'est se rendre complice. On prend sa part des décisions. On les ratifie d'avance. On est de la bande et du troupeau. 
Comment refuser de s'incliner devant la chose légiférée si l'on accepte le principe de la loi brutale du nombre?
En ne votant pas, au contraire, il semble parfaitement logique de ne se soumettre jamais, de résister, de vivre en révolte.
On n'a pas signé au contrat.
En ne votant pas, on reste soi. On vit en homme que nul Tartempion ne doit se vanter de représenter.
On dédaigne Tartalacrème.
Alors seulement on est souverain, puisqu'on n'a pas biffé son droit, puisqu'on n'a pas délégué personne. On est maitre de sa pensée, conscient d'une action directe.
On peut faire des parlottes.
On évite cette  idiotie de s'affirmer contre le parlementarisme et d'élire, au même instant, les membres du parlement.
Je me garderai d'insister. Dans le peuple même on perd la foi: les derniers électeurs ricanent. 
Le paysan renonce à implorer. L'ouvrier songe à d'autres moyens...
Rien de bon n'est sorti de l'urne.
Jamais, pour cause de misère, il n'y eut autant de suicides. Qu'a-t-on fait contre le chômage? Que n'a-t-on pas fait contre la pensée? Lois d'exception, lois scélérates...
Bientôt, plus que le suffrage, le dégoût sera universel.
 Je tiens pour prudent de décréter vite le fameux vote obligatoire. Sans cela au vingtième siècle, je présume que les fonctionnaires seraient seuls en carte  d'électeur.
Voterait, par ordre, l'état major.
Voteraient aussi les magistrats, les recors et les gens de police.
L'Urne, dont rien n'est sorti de bon, serait la boîte à Pandore- le gendarme."

"On vous trompe, bons électeurs, on vous berne, on vous flagorne quand on vous dit que vous êtes beaux, que vous êtes la justice, le droit, la souveraineté nationale, le peuple-roi, des hommes libres. On cueille vos votes et c'est tout. Vous n'êtes que des fruits...des poires!
On vous trompe encore. On vous dit que la France est toujours la France. Ce n'est pas vrai.
La France perd, de jour en jour, toute signification dans le monde - toute signification libérale. Ce n'est plus le peuple hardi, coureur de risques, semeur d'idées, briseur de culte. C'est une Marianne agenouillée devant le trône des autocrates. C'est la caporalisme renaissant plus hypocrite qu'en Allemagne - une tonsure sous le képi.
On vous trompe, on vous trompe sans cesse. On vous parle de fraternité, et jamais la lutte pour le pain ne fût plus âpre et meurtrière.
On vous parle de probité; et ce sont des écumeurs de presse, des journalistes à tout faire, maîtres fourbes ou maîtres chanteurs, qui chantent l'honneur national.
Les tenants de la République, les petits bourgeois, les petits seigneurs sont plus durs aux gueux que les maitres des régimes anciens. On vit sous l’œil des contremaitres."

"D'autres invoquent la Révolution, et ceux là se trompent en vous trompant. Ce ne seront jaamais des électeurs qui feront la Révolution. Le suffrage universel est créé précisément pour empêcherl'action virile. Charlot s'amuse à voter..."

"L'électeur est un candidat raté."

"Donc, aujourd'hui, je récidive. On peut- être l'homme qui passe - et qui pense, mes bons messieurs. Et qui parle et qui agit - selon la vie, sans autres dogme. Nos adversaires riraient trop si, quand on leur chercher l'oreille, il leur suffirait de crier pour dénaturer notre geste: " Pardon, vous êtes anarchistes et vous voulez me faire sauter!""

"Elle leur permettrait, à bon compte, de faire étalage de charité. Et l'on sait que le peuple bonnasse bat encore et toujours des mains à ce sport de la bourgeoisie."



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