vendredi 24 août 2018

Lignes N° 56

Relever Saint-Just avec Miguel Abensour, relever le défi révolutionnaire  par Sophie Wahnich


"Partout où des forces travaillent sciemment, ou de fait, à défaire la confiance, à rendre le lien social discontinu, frileux, voire redouté, les hommes, constate-t-il , se fuient et ne peuvent plus penser qu'ils sont libres parce qu'ils font lien. Ils finissent par croire que les autres sont toujours des obstacles à leur liberté. Alors règne cette guerre de tous contre tous, ou guerre civile généralisée, guerre civile en guérilla du quotidien, sans front et avec des armes sournoises. Cette guerre civile nouvelle accompagne la révolution comme une ombre portée contre-révolutionnaire."

"La mélancolie de Robespierre comme celle de Saint-Just viennent de ce rapport à l'impossible. La guerre de la liberté contre la tyrannie, est bien une guerre, et donc une guerre civile, puisqu'elle se fait entre membres d'un même peuple. Or chacun  qu'être en guerre civile ne permet pas de maintenir l’effervescence révolutionnaire , car la guerre civile dissout la société qu'elle voudrait fonder. C'est pourquoi, elle est redoutée, c'est pourquoi il faut sortir de la terreur. Mais reconnaissons que la guerre civile est bien antécédente à la terreur."

"L'attroupement doit selon lui ouvrir sur une délibération: " Lorsque les autorités publiques seront impuissantes contre l'attroupement et la violence du peuple, un drapeau déployé au milieu de la place publique imposera la paix et sera le signal que le peuple va délibérer. Le peuple s'assemblera paisiblement, et fera parvenir sa délibération aux autorités. Elle sera transmise au pouvoir législatif."  Je crois que l'on peut appeler ce souci un souci pour les libertés publiques. La délibération et l'échange réglé avec les pouvoirs constitués, ce n'est pas la nasse et les lacrymogènes d'aujourd'hui, c'est une pensée raffinée de la négociation."


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