Pour
satisfaire aux appétits du capitalisme national, on a divisé le
monde en contrées et on a établi entre elles des barrières que
l'on ne peut franchir que sous certaines conditions. Il est interdit
par la loi ou par certains décrets de transporter d'un pays à
l'autre ou d'une ville à l'autre des marchandises prohibées par les
règlements, non pas parce que ces marchandises sont impropres à la
consommation ou aux besoins de la population, mais parce que leur
importation nuirait aux intérêts d'une certaine catégorie de
commerçants ou d'industriels. Ainsi que nous l'avons démontré
lorsque nous avons traité de la concurrence (voir ce mot) la
douane n'a d'autres buts que de garantir les bénéfices des dits
commerçants et industriels et quiconque passe outre les règlements
et introduit en fraude les produits interdits, fait de la
contrebande.
Cependant,
malgré les rigueurs de la loi, la contrebande se fait sur une grande
échelle et ce qu'il y a de plus curieux, c'est que ce sont souvent
des capitalistes et non des moindres, qui se livrent à ce trafic.
La
bourgeoisie française ne se contente pas des bornes internationales,
elle en a dressé à l'intérieur même du pays. Au sein même de la
nation, toutes les villes ne sont pas régies par le même statut et
il est interdit de transporter de l'une à l'autre certaines
marchandises sans payer une redevance à la commune dans laquelle on
importe cette marchandise. L'argent récolté sert à équilibrer les
budgets communaux.
Il
n'est donc pas surprenant qu'il y ait des gens se livrant à la
contrebande. À côté de cette contrebande commerciale il y a ce que
l'on appelle la contrebande de guerre et en principe on considère
comme entrant dans cette catégorie de contrebande tous les objets
fabriqués à l'usage de la guerre : fusils, canons, munitions, et
même les vivres lorsqu'il s'agit d'une place investie.
La
contrebande entraîne la saisie des marchandises importées
frauduleusement et l'emprisonnement pour le contrebandier. Pourtant
les peines d'emprisonnement ne sont en réalité appliquées en
matière de contrebande de guerre que lorsque ce sont des
révolutionnaires qui cherchent à se procurer des moyens de défense
; lorsque ce sont les éléments bourgeois et réactionnaires qui
vont à l'étranger pour acheter des armes et les introduire dans le
pays dans le but de s'en servir contre la classa ouvrière, ils
bénéficient toujours de l'indulgence des tribunaux et de la
magistrature, Cela se comprend.
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