mercredi 1 août 2018

Georges Sand Histoire de ma vie



« La chasteté l'exigerait aussi bien que la salubrité. La malpropreté est indécente, elle révèle dans les mœurs une absence de respect de soi-même, et dans l'esprit une habitude d'engourdissement honteux. Fi de la Châtre sous ce rapport ! Dans des recoins perdus et ignorés de la vallée noire, vous découvrez parfois sous les buissons une misérable chaumière construite en boue séchée au soleil, et soutenue de quelques vieux ais vermoulus. Si, par exception, la ménagère n'est qu'une coureuse fainéante , l'intérieur répondra à l'extérieur ; mais ce sera une exception , ne l'oubliez pas. Dix fois sur douze vous trouverez la maisonnette bien balayée, la vaisselle brillante sur le dressoir, le lit propre, l'âtre sans tâche, pas un grain de poussière sur les solives enfumées : une misère profonde , parfois déchirante à voir, toujours respectable et jamais repoussante. Oui, la propreté est la dignité du pauvre, c'est par elle qu'il se montre supérieur à sa destinée et plus digne de vivre dans les palais que les fainéants qui les possèdent. Je crois que j'ai dit cela souvent , je le répéterai sans me lasser. L'indigence qui s'abandonne avec nonchalance et découragement mérite de la pitié ; celle qui lutte contre son dénuement, qui lave ses haillons, qui assainit et purifie sa pauvre demeure, mérite du respect et de l'amitié. Mais la saleté gratuite et volontaire n'inspire que le dégoût. Elle n'est autre chose qu'une dépravation et une ignominie. »


« Chaque année, chaque séance des corps qui légifèrent les sociétés constitutionnelles voient abroger, modifier, exhumer ou créer des lois selon les besoins ou les craintes du moment. Ce principe est désormais indestructible. L'application en serait excellente si les sociétés avaient une représentation véritable.
Les religions n'ayant pas suivi cette doctrine, et ayant au contraire, proclamé le principe d'immobilité , qui entraîne celui d'intolérance, les nations logiques et sincères ont rejeté toute religion et se sont trouvées pour un instant plongées dans l'athéisme. Le scepticisme douloureux ou indifférent a succédé à cette protestation désespérée. La politique s'est avisée alors d'une distinction subtile, mais irrationnelle et illusoire, celle du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. »


« Bonaparte ne jugea pas les hommes dignes de le seconder, et ce mépris, si naturel chez ceux qui voient ramper autour d'eux, le porta à rétrécir le vaste cadre de ses conceptions. Le spectacle et le souvenir des assemblées tumultueuses et des vaines agitations parlementaires durent lui causer un profond dégoût »

Aucun commentaire: