lundi 20 août 2018

Alphonse Aulard Polémique et histoire

"Il ne faut pas s'étonner si de pauvres  gens, qui se sont voués à une existence contre nature, ont des pensées contre nature. Rendus malades par l'observation de leurs voeux, on leur voit une curiosité maladive, une imagination maladive."

"Mais cette démocratie, ils se bornèrent à la proclamer : ils n’osèrent pas, ils ne crurent pas pouvoir l’établir. Après avoir formulé leur idéal, ils eurent peur de faire table rase du passé ; ils entreprirent une oeuvre de transaction entre l’ancien régime et le nouveau, entre l’autorité divine et l’autorité de la raison, entre le roi, l’église et la nation. Le loi fut maintenu, et on le déclara roi par la grâce de Dieu en même temps que par la loi constitutionnelle de l’État, c’est-à-dire qu’on juxtaposa empiriquement les deux principes adverses, le principe théocratique et le principe rationnel, l’ancien régime et la Révolution. La Déclaration proclamait l’égalité des droits, et en effet on abolit les ordres, on supprima les classes existantes, Mais, et aussitôt, on divisa la nation en deux classes, les plus riches ou citoyens actifs, ayant tous les droits politiques, et les pauvres, ou citoyens passifs, n’ayant aucun droit politique."

"Ainsi se forma une classe nouvelle privilégiée, la bourgeoisie, qui gouverna la France et s’appuya sur le roi pour maintenir son privilège contre les revendications du reste du peuple."

"Le moyen de réaliser cet idéal parut être de transformer les royaumes et empires en nations émancipées, de briser partout les despotismes royaux et féodaux, de faire en sorte que nulle part un peuple ne fût contraint par force à entrer ou à rester dans un de ces groupements tyranniques imposés par la conquête, la violence, la perfidie."

"C’est que, dans ce cas, M. Cesbron eût heurté le vieil instinct, toujours irritable et irrité, qui considère comme plus respectable celui qui sert sa patrie par les armes que celui qui la sert par la parole ou par la pensée. Ce sentiment, ce préjugé qui veut que les citoyens militaires soient au-dessus des autres citoyens, à part, en dehors, en caste, avec un honneur spécial, avec des honneurs spéciaux ; l’idée que l’armée doit, en la personne de ses chefs, former un corps privilégié, qu’elle est la plus noble partie de la France, l’âme ou la tête de la France, qu’il y a des cas où les chefs militaires peuvent désobéir aux lois, qu’il y a des cas où l’armée a des intérêts distincts des intérêts du peuple : voilà la conception que nous appelons militariste, voilà le militarisme, et c’est en tant que nous combattons ces tendances que nous sommes antimilitaristes."

"Voulez-vous faire de bons soldats de la défense nationale ? Voulez-vous faire d’invincibles Français ? Faites des hommes libres, des citoyens, nourris de vérité, préférant la mort à l’esclavage, comme disaient les patriotes de 1793, préférant la mort à tous les esclavages, à l’esclavage de l’esprit comme à celui du corps. Robustes comme individus, robustes comme groupe national, fiers et solidaires, aimant les autres peuples, sans préjugés et sans haines, quel tyran pourrait les soumettre, ces soldats vraiment citoyens, ennemis de la guerre, mais d’autant plus décidés à faire la guerre à la guerre, à repousser par la force la barbarie tyrannique, si cette barbarie voulait détruire la France ? Voilà, messieurs les nationalistes, comment nous comprenons l’enseignement du patriotisme à l'école primaire."

"Le principe de la Révolution sur les questions de guerre, l’Assemblée constituante le proclama le 22 mai 1790, en déclarant que « la nation française renonçait à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes et qu’elle n’emploierait jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple ». Et cet article fut inséré dans la Constitution de 1791."

"Il y a longtemps que la réaction s’affuble d’un masque révolutionnaire. C’est un devoir fatigant d’avoir sans cesse à arracher ce mas-que, mais c’est un devoir dont on ne peut se dispenser, surtout quand ce sont des mains ingénieuses qui attachent les ficelles du masque et en colorent la figure 1."

"Ces conséquences, ces appréhensions, les délicats et raisonnables libres-penseurs italiens, en leur gazette de combat, les formulent moins eux-mêmes qu’ils ne laissent au peuple le soin de les formuler. Dans ce que j’ai lu de l’Asino, j’ai vu des violences contre l’Église – mais c’est que la vérité est violente, plus violente que la passion, plus violente que toute rhétorique – je n’ai point vu de mensonge, je n’ai point vu de haine contre les personnes, je n’ai point vu de fanatisme à rebours, mais la gaieté et l’espérance d’hommes qui crient à un haut idéal humain."

"Voilà l’illusion qui a inspiré aux gens d’Église ces manuels du confesseur, qu’ils appellent parfois Diaconales, où se trouve formulé, avec une ingéniosité fiévreuse, un questionnaire obscène, dont le seul détail monstrueux étonne et écoeure quiconque se sent bien portant et en règle avec la nature."

"Ainsi, dans l’ombre du huis clos, dans un tête-à-tête individuel sans cesse renouvelé, des milliers de prêtres travaillent chaque jour contre la santé publique, contre la morale, contre la nature."

"Ça nous est égal. Il nous suffit que vous soyez M. Charbonnel, directeur de la Raison : votre journal combat la religion, la famille et la propriété, ces colonnes de l’ordre social, sans quoi il n’y a plus rien."

Encyclique de PIE X "Motu Proprio" afin d'éviter toute volonté de socialisme dans une quelconque lecture des livres lithurgiques

"La première de ces règles est la condamnation de la doctrine française et satanique de l’égalité, et cela en ces termes : « La société humaine, telle que Dieu l’a établie, est composée d’éléments inégaux, comme sont inégaux les membres du corps humain : les rendre égaux est impossible, et il en résulterait la destruction de ladite société humaine. »

"Il est bien dans le plan de Dieu, assure le pape infaillible, « qu’il y ait dans la société humaine des princes et des pauvres, des savant et des ignorants, des nobles et des plébéiens, qui, tous unis par un lien d’amour, s’aident mutuellement à atteindre leur fin dernière dans le ciel, et ici, sur la terre leur bien-être matériel et moral »."

"Pour les ouvriers et prolétaires divers, c’est « d’exécuter complètement et fidèlement le travail convenu en toute liberté et équité ; de ne point faire tort aux biens des patrons ni d’offense à leurs personnes, et, en défendant ses propres droits, de s’abstenir d’actes violents et de mutineries »."

"Ainsi, dans la Vérité française, M. Arthur Loth, s’indignant de ces projets de « laïcisation de la mort », annonce avec ennui que, « dès que les gens n’auront plus affaire avec l’Église pour le règlement des inhumations, ils s’habitueront plus facilement ) se passer du prêtre et du culte aux funérailles ».
Et le pieux gazetier ajoute :
« Jusqu’ici la mort rendait à l’Église la plus grande partie de la clientèle que le baptême lui avait donnée et que trop souvent les mauvaises influences de la vie avaient éloigné d’elle. Les funérailles réglées avec l’administration ecclésiastique avaient pour préliminaire nature la réception des derniers sacrements. Le prêtre, à qui l’on devait s’adresser pour l’enterrement, se présentait naturellement au lit du moribond pour apporter les suprêmes secours de la religion, les grâces de la réconciliation avec Dieu. »"


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