Action
de prendre, de gagner, d’acquérir, d’obtenir par la force ou par
la ruse, de capter une chose, un objet, une idée ; d’accaparer une
ville, une province, un pays ; en un mot, soumettre quelqu’un ou
quelque chose à sa domination. Les conquêtes peuvent se diviser en
deux catégories bien distinctes : 1° les conquêtes utiles et
bienfaisantes ; 2° les conquêtes nuisibles et criminelles. Les
premières sont .elles qui ne se réalisent pas au mépris de la
logique, de la vérité ou de la justice ; elles se caractérisent
par les victoires de la civilisation sur l’ignorance et la
bestialité humaines. Ce sont les conquêtes de la science, qui, loin
de servir aux appétits du capital et du militarisme, pénètrent au
plus profond des couches sociales et viennent jeter sur l’humanité
malheureuse une lueur l’espérance. Ce sont ces conquêtes qui,
acquises au prix de sacrifices sans nombre, ont fait germer dans le
cerveau des hommes, l’amour de la liberté et de la fraternité. Ce
sont les conquêtes de tous les savants, de tous les philosophes, de
tous les littérateurs, de tous 1es écrivains qui déchirent le
voile du passé et nous tracent la route de l’avenir.
Hélas,
ce ne sont pas les seules conquêtes qui illustrent l’histoire. «
II y a des crimes qui deviennent glorieux par leur éclat ; de là
vient que prendre des provinces injustement s’appelle faire des
conquêtes. » (La Rochefoucauld.) Les conquérants ont, depuis des
siècles et des siècles, ravagé le monde et de même que l’herbe
ne croissait plus partout où le cheval d’Attila avait passé, des
civilisations se sont écroulées et éteintes partout où l’esprit
de conquête à dominé. La terre fut le tout temps ensanglantée par
des conquérants avides, répandant l’effroi sur leur passage et
semant la haine, la misère et la mort. Les démocraties modernes
n’ont rien à reprocher aux anciennes autocraties, et les enquêtes
criminelles de nos sociétés modernes s’inscriront à l’encre
rouge sur les pages de l’histoire. « A l’égard du droit de
conquête, il n’y a d’autre fondement que celui du plus fort »,
nous enseigne J.-B. Rousseau, et il est vrai, hélas ! que « la
raison du plus fort est toujours la meilleure ». C’est pourquoi il
ne suffit pas aux opprimés de ce monde d’avoir raison, il faut
aussi qu’ils aient la force et la puissance de se faire craindre,
s’ils veulent partir à la conquête de la richesse sociale
accaparée de nos jours par une poignée de parasites
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