PlatonApologie
de Socrate.
« Considérations
sur la mort »
« Cependant leur intention
n'a pas été bienveillante quand ils m'ont condamné et accusé,
mais ils ont cru me faire du mal et, sous ce rapport, je pourrais me
plaindre. Mais voici une grâce que je leur demande : Athéniens,
quand mes fils seront grands, tourmentez-les, comme je vous ai
tourmenté vous-mêmes, si vous les voyez préférer les richesses ou
tout autre chose à la vertu ; et s'ils se croient quelque
chose, quoiqu'ils ne soient rien, reprochez leur, comme je vous l'ai
reproché, de négliger ce qui mérite tous leurs soins et de se
croire quelque chose quand ils ne sont rien. Si vous le faites, moi
et mes fils, nous n'aurons pas à nous plaindre de votre justice. »
Platon :
Le Banquet
« Celui que l'éducation
aura élevé jusqu'au point où nous sommes, après avoir contemplé
tour à tour et avec ordre tous les degrés du beau, parvenu enfin au
terme de l'initiation aux mystères de l'amour, apercevra tout à
coup une beauté merveilleuse, celle qui était jusque là le but de
toutes ses poursuites ; beauté éternelle, incréée et
impérissable, exempte d'accroissement et de diminution ; beauté
qui n'est point belle en telle partie et laide en telle autre ;,
belle sous un rapport et non sous tel autre, belle en tel lieu et
laide en telle autre, belle sous un rapport et non sous tel autre,
belle pour ceux-ci et laide pour ceux là. Et cette beauté n'a rien
de sensible comme un visage, ou des mains, ni rien de corporel ;
ce n'est pas non plus un discours ou une science ; elle ne
réside pas un être différent d'elle-même, dans un animal par
exemple, ou dans la terre, ou dans le ciel, ou dans quelque autre
chose ; mais elle existe éternellement et absolument par
elle-même et en elle-même ; c'est d'elle que participent
toutes les autres beautés, sans que leur naissance ou leur
destruction lui apporte la moindre diminution ou le moindre
accroissement.
Lors donc que des beautés
inférieures on s'est élevé avec ordre jusqu'à cette beauté
parfaite, et qu'on commence à l'entrevoir, on touche presque au
but : car le droit chemin de l'amour, qu'on le suive de soi-même
ou qu'on y soit guidé par un autre, c'est de commencer par les
beautés d'ici-bas et de s'élever toujours jusqu'à la beauté
suprême en passant, pour ainsi dire, par tous les degrés de
l'échelle d'un seul beau corps à deux, de deux à tous les autres,
des beaux corps aux belles occupations, des belles occupations aux
belles sciences, jusqu'à ce que de science en science on parvienne à
la science par excellence, qui n'est autre chose que celle du beau
lui-même, et qu'on finisse par le connaître tel qu'il est
réellement.
Si jamais la vie a son prix ;,
c'est en ce moment, alors que l'on contemple la beauté absolue. Que
penseriez-vous d'un mortel à qui il serait donné de contempler
ainsi la beauté pure, simple, sans mélange, non revêtue de chaire
et de couleur humaine, ou embarrassée de toutes les autres vanités
périssables, la beauté divine et immuable ? Croyez-vous que ce
serait une vie dénuée de prix que celle d'un homme qui aurait les
regards tournés de ce côté et qui jouirait de la contemplation et
du commerce d'un pareil objet ? Ne pensez-vous pas, au
contraire, que cet homme, étant le seul ici-bas qui perçoive le
beau par le sens qui est propre à cette perception, pourra seul
engendrer non pas des images de vertu, puisqu'il ne s'attache pas à
des images, mais des vertus véritables, puisque c'est à la vérité
qu'il s'attache ? Or c'est à celui qui enfante et qui nourrit
la véritable vertu qu'il appartient d’être chéri des dieux ;
et si quelque homme doit être immortel, n'est-ce pas surtout
celui-là ? »
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